Paris

L’Iran financé au Louvre

Pour promouvoir la culture iranienne, le fondateur d’eBay abonde le fonds de dotation du musée

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 7 juin 2011 - 484 mots

PARIS - La coopération culturelle avec les autorités iraniennes est devenue impossible ? Qu’à cela ne tienne. L’un des riches membres de la diaspora iranienne, né en France mais installé de longue date aux États-Unis, vient de faire un don significatif au Musée du Louvre, à Paris.

Le 24 mai, l’établissement a annoncé qu’il allait recevoir 3 millions de dollars (2,1 millions d’euros) de la part de Pierre Omidyar. Ce dernier n’est autre que le fondateur du site d’enchères en ligne eBay. En 2010, sa fortune a été estimée par le magazine Forbes à 5,5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros). De nationalité américaine, Pierre Omidyar est engagé depuis plusieurs années, avec son épouse, dans une philanthropie à la Bill Gates, l’emblématique patron de Microsoft. Sa fondation, Omidyar Network, œuvre notamment dans le domaine de l’humanitaire mais aussi de l’entreprenariat social et du microcrédit. Le milliardaire s’est aussi illustré par ses dons importants alloués à des institutions d’outre-Atlantique, dont – tradition locale oblige – l’université dans laquelle il a étudié, la Tufts University (Massachusetts). Tout comme une quarantaine d’autres riches américains, le quadragénaire a également été enrôlé dans le « Giving Pledge », projet lancé par l’homme d’affaires Warren Buffet et Bill Gates pour convaincre les milliardaires de consacrer la moitié de leur fortune à la philanthropie.

Une dotation fléchée
« Que le Louvre parvienne à attirer Pierre Omidyar, très sollicité par tous les grands organismes internationaux de collecte de fonds, de surcroît dans un domaine pour lequel il n’était jamais intervenu auparavant, est le signe du très haut niveau de professionnalisme atteint en la matière par le Louvre », estime Jérôme Kohler, conseiller en mécénat et philanthropie. Pierre Omidyar ne donne toutefois pas au hasard. La somme, collectée via les American Friends of the Louvre, transitera par le Roshan Cultural Heritage Institute, fondation américaine créée par sa mère et destinée à soutenir des projets d’étude sur la culture iranienne. Cette donation permettra donc de mettre en place une structure autonome, le fonds Elahe Mir-Djalali Omidyar, au sein du fonds de dotation du Louvre.

Elle constitue aussi une première depuis la création, en 2009, du fonds de dotation du musée, destiné à accueillir la manne du Louvre-Abou Dhabi, soit 120 millions d’euros, et dont la vocation initiale est de soutenir le financement du Centre de recherche et de conservation du patrimoine, la rénovation du jardin des Tuileries, le réaménagement des salles des antiquités étrusques et romaines, mais aussi des projets de recherche, des publications scientifiques ou des programmes éducatifs. Inspiré du modèle américain des endowment funds, le fonds de dotation permet de n’utiliser que le produit d’un placement financier pour des actions de mécénat. Mais il séduit encore peu de donateurs français, plus attirés par un mécénat de projet, de court terme, mais aux retombées plus immédiates en matière de communication. Soit une culture du don encore bien différente de la philanthropie à l’américaine.

Légende photo

Pierre Omidyar - © photo OnInnovation - 2008 - Licence CC BY-SA 2.0

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : L’Iran financé au Louvre

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque