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Les musées parisiens retrouvent le sourire

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 2018 - 830 mots

PARIS

Avec le retour des touristes, la fréquentation des principaux musées parisiens a augmenté en 2017, sans retrouver le record des années antérieures aux attentats.

Le Petit Palais lors de l'exposition "Anders Zorn", du 15 septembre au 17 décembre 2017
Le Petit Palais lors de l'exposition "Anders Zorn", du 15 septembre au 17 décembre 2017
Photo B. Fougeirol

Paris. Après deux années noires consécutives aux attentats de 2015 à Paris, les visiteurs sont venus plus nombreux dans les principaux musées parisiens en 2017 (+ 6,43 %). Cette hausse était attendue après la publication des - bons - chiffres du tourisme parisien pour le premier semestre 2017 (les chiffres du second semestre ne sont pas encore connus). Selon le Comité régional du tourisme d’Ile-de-France, les six premiers mois de 2017 ont même été exceptionnels avec une hausse de 10 % de la fréquentation, et le nombre le plus élevé de touristes depuis dix ans.

Le Louvre est naturellement le premier bénéficiaire du retour des touristes, qui constituent près de 70 % de ses visiteurs. Il affiche une croissance à deux chiffres (près de 11 %). Mais il n’y a pas que les touristes à avoir dopé la fréquentation du Louvre, les expositions « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre » et « Valentin de Boulogne, réinventer Caravage » ont fait revenir en nombre les Parisiens. Le Musée d’Orsay, qui fait aussi partie du circuit obligé des étrangers, voit sa fréquentation augmenter de 6 %. A contrario, le Centre Pompidou (qui comptabilise les visites et non les visiteurs), dont les touristes représentent moins de 45 % de son public, a moins profité de ce flux : sa fréquentation est stable par rapport à 2016, une contre-performance pour un lieu qui fêtait pourtant son quarantième anniversaire et a réussi à attirer 620 000 visiteurs lors de l’exposition « David Hockney ».

Le Petit Palais fait le plein
Le phénomène vient des musées de la Ville de Paris, lesquels, malgré la fermeture de plusieurs de leurs établissements, enregistrent une hausse de près de 5 %. Ce succès vient en grande partie du Petit Palais qui a reçu 1,17 million de visiteurs, « sa deuxième meilleure fréquentation annuelle depuis sa création », comme aime à le rappeler son directeur, Christophe Leribault. Le plus encourageant pour le Musée des beaux-arts de la Ville de Paris est que ce bon chiffre n’est pas gonflé par une exposition « blockbuster », mais est dû à un ensemble de manifestations solides sans être spectaculaires et à une politique d’ouverture - par exemple au moment de la Fiac (Foire internationale d’art contemporain) - qui accroît sa notoriété.

À 2 000 visiteurs près, le Petit Palais aurait pu détrôner le Quai Branly de sa quatrième place. Avec une - petite - hausse de 2 %, le Musée de Jacques Chirac peine à retrouver sa fréquentation record de 2011 ; il accuse toujours une baisse de près de 20 %, quand les principaux musées parisiens sont en retrait de 12,5 % par rapport à leur record. Car si 2017 affiche une embellie, ce n’est pas encore le retour aux années fastes. Mais il n’y a rien de structurel dans ce phénomène qui relève de l’addition de plusieurs facteurs conjoncturels. Les visites de scolaires reprennent progressivement, du fait de l’inertie habituelle de l’Éducation nationale ; de nouveaux lieux se sont installés avec force dans le paysage (la Fondation Louis Vuitton a attiré 1,2 million de visiteurs à son exposition « Icônes de l’art moderne. La collection Chtchoukine »), faisant concurrence aux lieux historiques ; la campagne électorale de la présidentielle et ses multiples rebondissements ont pu distraire les Parisiens de leur visite au musée ; quoique en légère baisse, les entrées dans les salles de cinéma restent à un niveau élevé (le 3e plus haut niveau en cinquante ans selon le Centre national du cinéma et de l’image animée)…

Des signaux positifs
D’autres facteurs sont réconfortants. Ainsi, l’attaque terroriste de février 2017 au Carrousel du Louvre n’a pas eu de conséquences sur la fréquentation du Louvre, dont on a vu qu’elle était bonne. Les Français semblent avoir intégré cette menace dans leur vie quotidienne. Des sujets grand public sont capables d’attirer les foules à l’exemple de l’exposition « Christian Dior, couturier du rêve » au Musée des arts décoratifs, ses 708 000 personnes accueillies propulsant le musée dans le haut du tableau (920 000 visiteurs). Plus inattendu, « Les chefs-d’œuvre de la collection du Bridgestone Museum of Arts de Tokyo », sans propos scientifique si ce n’est celui de la qualité des œuvres, a permis au Musée de l’Orangerie d’établir son record de visiteurs (940 000). C’est là un argument supplémentaire en faveur de l’installation de la structure temporaire du Grand Palais sur la place de la Concorde, à proximité de l’Orangerie et du Jeu de paume comme cela est envisagé. Dans le Grand Paris, le château de Fontainebleau est à deux doigts de retrouver son record de 2014.

Autant de chiffres positifs donc, mais qui ne disent cependant rien de la composition sociologique des visiteurs qui reste le véritable enjeu de société. Si le retour des touristes au Louvre ne peut qu’aider les finances du musée (15 € par entrée adulte), il serait aussi utile de recenser les visiteurs issus des catégories socioprofessionnelles d’ouvriers et employés. Mais on craint que ce nombre-ci n’ait pas augmenté.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°493 du 19 janvier 2018, avec le titre suivant : Les musées parisiens retrouvent le sourire

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