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Les fusillés de la Grande Guerre entrent au Musée de l’Armée

Par Cléo Garcia · lejournaldesarts.fr

Le 10 novembre 2014 - 450 mots

PARIS

PARIS [10.11.14] – Le Musée de l’Armée intègre l’histoire des fusillés « pour l’exemple » à son exposition permanente, sur demande du président François Hollande qui se positionne ainsi dans le débat politique de la réhabilitation des fusillés de la Grande Guerre.

Il aura fallu près de cent ans pour que le Musée de l’Armée octroie une place aux soldats fusillés « pour l’exemple » lors de la Première Guerre mondiale. Depuis début novembre 2014, le parcours de l’exposition permanente aux Invalides intègre l’histoire de ces soldats dont la réhabilitation est l’objet d’un débat depuis plusieurs décennies.

Les questionnements autour du sort des fusillés après leur mort trouvent leurs origines dans la période de l’entre-deux-guerres, alors que diverses associations d’anciens combattants soulèvent ce problème. Ils remettent en cause les accusations de lâcheté et demandent des réexamens au cas par cas, explique le directeur adjoint du Musée de l’Armée David Guillet.

En 1998, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin était le premier dirigeant politique à prendre position pour la réhabilitation des soldats fusillés. Selon lui, les mutins devaient « réintégrer aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale ». Jacques Chirac, alors président de la République, qualifia cette initiative d’« inopportune », rejetant le projet de son Premier ministre.

Plusieurs déclarations du président Nicolas Sarkozy montraient à la fin des années 2000 une volonté de réintégrer les fusillés dans la mémoire nationale, comme lorsqu’il dit des Poilus de la Grande Guerre en 2011 que « tous furent des héros, même ceux qui, après avoir affronté avec un courage inouï, les plus terribles épreuves, refusèrent un jour d’avancer parce qu’ils n’en pouvaient plus ».

Lorsqu’en novembre 2013, François Hollande demande qu’une place soit accordée aux fusillés au Musée de l’Armée, cela marque un premier acte venant d’un Président de la Ve République engageant une réhabilitation de ces soldats.

« On a inscrit la question des fusillés dans la mémoire militaire, ce n’était pas forcément aussi simple », a déclaré Kader Arif, le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire lors de l’inauguration au musée. « Il était important d’ouvrir [cette question] au plus grand public. Chacun pourra se faire une opinion », explique-t-il.

Parallèlement à cela, le site Internet Mémoire des Hommes, qui met à disposition plus de 1,3 million de fiches de soldats « morts pour la France » a ajouté le 6 novembre 2014 les fiches de ces fusillés.

Durant la Première Guerre mondiale, 639 soldats furent condamnés pour « désobéissance » et fusillés « pour l’exemple », 1 008 pour espionnage, délits ou crime de droit commun. Au printemps 1917, plusieurs unités refusèrent de monter au front et 554 soldats furent condamnés à mort. 49 d’entre eux furent effectivement fusillés.

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Le Musée de l'armée, dans l'hôtel des Invalides, à Paris - © Photo BZ.TE.GA.ZII - 2006 - Licence CC BY-SA 3.0

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