Menacé d’expulsion par l’université Complutense, le Musée de Madrid et ses figures de cire du XIXe siècle se retrouvent sans toit ni perspective claire.
Madrid. Le Musée Olavide, dédié à l’histoire de la dermatologie, est en passe d’être évacué. Installée depuis 2016 dans les sous-sols de la faculté de médecine de l’université Complutense, la collection doit être retirée dans un délai de deux mois pour des raisons économiques et organisationnelles avancées par l’établissement.
Composée de près de 700 figures en cire réalisées à la fin du XIXe siècle à partir de cas réels observés à l’hôpital San Juan de Dios, la collection témoigne d’un patrimoine médical, scientifique et artistique d’une grande rareté. L’hôpital soignait des personnes pauvres atteintes de maladies de peau, en grande majorité des prostituées victimes d’affections sexuellement transmissibles comme la syphilis.
Le musée, resté longtemps dans des conditions précaires, avait été restauré à partir des années 2000, avant de rouvrir au public en 2016. Depuis quelque temps, seuls deux employés, arrivés en tant que bénévoles, il y a une vingtaine d’années, s’assuraient du bon fonctionnement de la collection. Leur travail, applaudi par toute la communauté scientifique, ne permet pas de garantir l’avenir de l’institution.
Plusieurs sociétés savantes, dont la Société espagnole d’histoire de la médecine, la Société européenne d’histoire de la dermatologie et l’Académie européenne d’histoire de la médecine ont alerté les autorités régionales sur le risque de destruction ou de dispersion de cet ensemble. Elles rappellent que la collection relève de la compétence de la Communauté de Madrid, en tant qu’héritière juridique de l’ancien hôpital provincial.
Malgré les offres d’accueil par d’autres institutions comme la Real Academia Nacional de Medicina, le futur de l’établissement reste incertain. À ce jour, le gouvernement régional n’a pas communiqué sur une éventuelle solution d’avenir.
Le cas du Musée Olavide s’inscrit dans un contexte plus large de fragilité des institutions consacrées à l’histoire des sciences en Espagne. Plusieurs projets portés par des acteurs du secteur médical et universitaire peinent à se concrétiser, faute de moyens ou de volonté politique. Le plus emblématique reste celui du Musée Cajal, annoncé à plusieurs reprises depuis plus de dix ans pour rendre hommage au neurobiologiste Santiago Ramón y Cajal, prix Nobel de médecine en 1906.
Initialement prévue avant mai 2025, son ouverture a été reportée sine die. Aucune localisation définitive n’a encore été retenue, bien que l’ancienne faculté de médecine de San Carlos, dans la rue d’Atocha à Madrid, soit régulièrement évoquée comme candidate idéale.
Dans ce bâtiment d’État se trouve encore intact l’amphithéâtre dans lequel Cajal enseignait, mais le manque de coordination entre les institutions bloque, pour le moment, toute avancée.
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Le Musée Olavide face à un avenir incertain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°658 du 20 juin 2025, avec le titre suivant : Le Musée Olavide face à un avenir incertain









