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Le Musée d’art moderne de Troyes n’ouvrira qu’en 2022

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2020 - 971 mots

TROYES

Une série d’imprévus reporte de deux ans l’inauguration du musée qui bénéficie d’importants travaux de modernisation.

Le musée d'art moderne de Troyes. © Carole Bell/Ville de Troyes
Le musée d'art moderne de Troyes.
© Carole Bell /Ville de Troyes

Troyes. Depuis 2019, c’est une transhumance d’œuvres qui s’opère de part et d’autre de la cathédrale de Troyes. Des tableaux d’André Derain, Ernst Marx, Robert Delaunay traversent le parvis, quittant le Musée d’art moderne (MAM) en travaux, pour rejoindre cent mètres plus loin les galeries du Musée Saint-Loup, le musée des beaux-arts de la ville de Troyes. Cet accrochage tournant intitulé « Translation : collections du Musée d’art moderne (4) » évite aux œuvres de la collection Pierre et Denise Lévy une relégation dans l’obscurité des réserves du MAM pendant la durée du chantier. Le Musée Saint-Loup devra encore faire un peu de place aux œuvres de son voisin pour quelques mois encore : un nouveau diagnostic sur le bâtiment du MAM repousse encore l’échéance de la réouverture, initialement prévue en 2020.

Première phase de la rénovation du pôle muséal troyen, le chantier du MAM doit être suivi de celui – plus important encore – du Musée des beaux-arts. Un retard d’un côté de la cathédrale se répercute donc de l’autre : « Il faudra ensuite qu’on accélère le chantier pour le Musée Saint-Loup », explique Marc Sebeyran, premier adjoint au maire de Troyes, délégué à la culture et au patrimoine. « Et l’on veut également accélérer le Centre européen maille mode marques », ajoute l’élu. Autre volet de la restructuration du pôle muséal, ce centre consacré à l’industrie et au savoir-faire de la maille occupera bientôt une usine textile désaffectée. À terme, le lieu devrait également abriter les collections du Museum d’histoire naturelle, dernière pièce du puzzle muséal, aujourd’hui présentées sous le même toit que les collections des Beaux-Arts.

Des travaux imprévus

Toutes ces projections restent donc suspendues à l’état des charpentes et des planchers du bâtiment classé du MAM. Réhabilité à la création du musée en 1982, l’ancien palais épiscopal réservait quelques mauvaises surprises pour la municipalité maîtresse d’ouvrage. L’étude menée sur le bâti en 2011 est ainsi passée à côté de désordres importants sur les 400 mètres carrés sous charpentes – auparavant bureaux administratifs – qui s’ajoutent désormais au parcours d’exposition. « Nous étions pourtant confiants, car l’agence d’architecture était la même qu’en 1982 », s’étonne Marc Sebeyran.

Une série d’appel d’offres infructueux repousse ensuite la livraison du chantier, dont la durée s’allonge, « Nous avons refusé des offres bien supérieures aux estimations, précise l’adjoint au maire, qui venaient d’entreprises inquiètes d’intervenir sur un bâtiment classé ». Le coût devrait être d’environ 4 millions d’euros, soit 1 million de plus que le budget initial. Le musée troyen bénéficiera également du plan de relance des monuments historiques, qui lui permet de financer quelques travaux non prévus. Dans son ensemble, la restructuration du pôle muséal était chiffrée à 17 millions en 2018.

Un calendrier prudent prévoit la livraison des travaux à la fin de l’année 2021, pour une ouverture en 2022. Les planchers sur lesquels déambuleront les visiteurs restent encore à consolider, mais le parcours qu’ils suivront est quant à lui déjà bien défini. Le MAM s’organisera de haut en bas, en offrant des volumes plus aérés, invitant à un « dialogue beaucoup plus souple entre les différentes sections, qui se succéderont tout en s’entremêlant », explique Éric Blanchegorge, directeur des musées troyens. Jusqu’alors présentés par peuples, les arts extra-européens seront mis en regard avec les avant-gardes européennes.

Un parcours entièrement repensé

Le lumineux espace sous-pente de 400 m2 du second étage marquera le début du parcours, et sera consacré aux pièces maîtresses de la collection : Henri Matisse, André Derain, Maurice Marinot. Les étages inférieurs présenteront les pièces d’artistes plus « jeunes » de la collection Lévy, comme Nicolas de Staël, et les acquisitions récentes du musée, comme les œuvres d’Ousmane Sow. « L’ossature du musée demeure la collection Lévy, explique Éric Blanchegorge, ce qui change, c’est la manière de la présenter au public. » Autre grand changement pour le MAM : la présence d’un espace de 400 m2 d’expositions temporaires, au premier étage, distinct du parcours permanent.

Une exposition sera ouverte à la visite avant la livraison des travaux : les jardins du palais épiscopal, dont la programmation de sculptures s’enrichit grâce au concours du Centre national des arts plastiques (Cnap). Le jardin qui était réservé aux visiteurs du musée s’ouvrira désormais sur la ville, avec un accès libre et gratuit, tout en gardant la possibilité de fermeture nocturne, ce qui permet le dépôt de statues sans crainte de dégradations. Un grand pot rouge de Jean-Pierre Raynaud, un chat d’Alain Séchas et un promeneur d’Augustin Cardenas s’installent sous les fenêtres du musée, parmi les bronzes de Germaine Richier ou Robert Couturier issus de la collection Lévy. Pour admirer les autres œuvres de la collection, il faudra, pour encore quelque temps, traverser le parvis de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes.

vers l’externalisation des réserves muséales

Réserves. Le Louvre, le Musée Sainte-Croix de Poitiers, les musées strasbourgeois et nancéiens, et tout récemment le Frac Île-de-France : ces institutions ont fait le choix de réserves externalisées. Une décision qui s’est également imposée à Troyes, où les études pour de nouvelles réserves situées dans la proche banlieue de la ville sont lancées. Une « grande nouvelle » pour Marc Sebeyran : « Ces nouveaux espaces vont nous permettre de résoudre de nombreux problèmes de stockage et nous aider pour les dons. » Le premier adjoint au maire pense notamment aux dons de volumineux métiers à tisser, à destination du futur centre européen de la maille. Les collections troyennes comptent 500 000 pièces, selon le dernier récolement, et une diversité d’objets allant du lapidaire aux tissus, en passant par les collections d’histoire naturelle. Pour chaque type d’objets, il faudra un espace de stockage spécifique : c’est le sens des études de programmation en cours, à l’issue desquelles la mairie pourra chiffrer l’investissement nécessaire à ce nouvel équipement. Le lieu a, lui, déjà été trouvé.

 

Sindbad Hammache

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°554 du 30 octobre 2020, avec le titre suivant : Le Musée d’art moderne de Troyes n’ouvrira qu’en 2022

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