Musée

Le Centre Pompidou meuble l’attente

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 27 février 2024 - 554 mots

PARIS

Collections et conservateurs du Musée national d’art moderne vont être très sollicités en France et à l’international pendant les cinq ans à venir.

Paris. Maintenant que la grève est terminée, le Centre Pompidou peut enfin communiquer sur ses expositions et partenariats organisés hors les murs pendant les cinq années que va durer la fermeture de Beaubourg pour travaux. Les grandes lignes étaient connues, mais le Centre a à cœur de présenter tout son programme afin de montrer qu’il ne restera pas inactif. Ainsi on savait déjà qu’il allait occuper pendant quatre ans les galeries du Grand Palais situées côté Champs-Élysées, mais on a appris qu’il allait aussi investir les 900 mètres carrés des nouvelles galeries, côté Seine. Pour faire oublier qu’il y a déjà eu une rétrospective Niki de Saint Phalle dans le même lieu il y a dix ans, l’exposition inaugurale en juin 2025 associera son compagnon Jean Tinguely, tandis que la galerie côté Seine sera consacrée à l’art brut. Ce ne sera pas la seule incursion rive droite puisque le Musée national d’art moderne prêtera à plusieurs reprises ses œuvres au Louvre, qui les accrochera dans ses salles « en dialogue » avec ses propres collections. Rive droite toujours mais pas très loin du Centre, le Studio 13/16 dévolu au public adolescent a trouvé un point de chute à la Gaîté-Lyrique.

En régions et ailleurs

Les conservateurs du musée seront par ailleurs sollicités pour monter des expositions dans plusieurs lieux en régions : au LaM de Villeneuve-d’Ascq (Nord), au Musée de Grenoble, au Tripostal à Lille et même dans les espaces vides du Musée Guimet de Lyon, qui trouve ainsi un nouveau souffle, ou à l’Hôtel des arts à Toulon (Var). Ce programme s’accompagne d’une augmentation du nombre de prêts, accordés en particulier à plusieurs sites du Centre des monuments nationaux.

L’ouverture des nouvelles réserves à Massy (Essonne) à l’été 2026 tombera à pic pour gérer l’accroissement des mouvements d’œuvres. Le Centre Pompidou francilien ne veut pas être uniquement un centre de conservation et de restauration (il accueillera également les collections du Musée Picasso), il ambitionne d’y organiser des expositions et des animations et d’ouvrir en partie ses réserves au public – ce qui dans la pratique n’a encore fait ses preuves nulle part.

Les régisseurs ne vont pas chômer, car outre le renouvellement des partenariats internationaux avec Málaga en Espagne et Shanghaï, trois nouveaux lieux vont ouvrir d’ici à 2027 pour lesquels le Centre produit des expositions à partir de ses collections : Bruxelles et Séoul en 2025, et Jersey City à côté de New York en 2027. Sans compter les musées auxquels il continue à prêter des œuvres comme le Museum of Fine Arts de San Francisco. Le partenariat avec la Commission royale pour Al-Ula en Arabie saoudite, qui n’est pas sans irriter en interne, ne relève pas de la production d’expositions (du moins à ce stade), mais de la vente de l’expertise muséale du Centre pour la création d’un musée d’art contemporain.

Cette suractivité ne vise pas seulement à faire exister le Centre pendant les cinq années de sa fermeture, elle a aussi pour objectif de financer son programme culturel à la réouverture. Car si l’État a accepté de payer pour les travaux du bâti, il revient à son président de trouver les 180 millions d’euros que va coûter ce programme.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°627 du 16 février 2024, avec le titre suivant : Le Centre Pompidou meuble l’attente

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