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Éditorial

Centre Pompidou, feu vert pour l’externalisation

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 1 février 2024 - 431 mots

PARIS

Pour le rédacteur en chef du JdA, le Centre a maintenant les mains libres pour externaliser certains services à la réouverture en 2030.

Le Centre Pompidou - Photo Scarletgreen - CC BY 2.0 DEED
Le Centre Pompidou à Paris.

Conflit social. L’un des plus longs conflits sociaux est en train de se terminer au Centre Pompidou avec, comme toujours dans les sorties de crise, des concessions réciproques. Les syndicats ont obtenu des garanties d’emploi, de rémunération et d’acquis sociaux pour les agents pendant la fermeture des travaux (et c’est le « pendant » qui compte le plus pour eux), tandis que le Centre ne s’interdit pas la possibilité d’externaliser tout ou partie des activités d’accueil et de surveillance lors de la réouverture en 2030. À cette date en effet, la moitié des 1 010 agents du Centre auront près de 60 ans et, entre-temps, environ 250 seront partis à la retraite, sans compter ceux qui auront trouvé un autre employeur ou seront affectés au Centre Pompidou « francilien » à Massy qui devrait être inauguré en 2026.

Pour rouvrir en 2030, le Centre devra donc réembaucher massivement des agents d’accueil et de surveillance ou externaliser ces fonctions. On se doute bien que c’est la deuxième option qui va être activée. De nombreux musées privés ou même publics (par exemple, le Quai Branly) font appel à des sociétés extérieures sans que les visiteurs s’en plaignent. Délestée de cette charge managériale importante (avec à la clef des économies substantielles), la direction du Centre va pouvoir se concentrer sur la renaissance de l’établissement qui en aura bien besoin après une éclipse de cinq ans. Car c’est bien là l’enjeu essentiel. Le Centre va rester fermé pendant cinq ans, malgré les demandes de l’intersyndicale. Et ce n’est pas l’organisation d’expositions dans les anciennes galeries nationales du Grand Palais qui va compenser la perte de rayonnement et de création de valeur.

Cet accord est en tout cas un beau cadeau des deux syndicats signataires (FO et CFTD) à Rachida Dati qui s’est réjouie très vite d’avoir mis fin à cette grève quelques jours après son arrivée. Les trois autres syndicats sont furieux d’avoir été mis sur la touche, d’autant que, s’ils ne signent pas, ils ne pourront pas participer (du moins les deux syndicats représentatifs) au comité de suivi d’application du protocole d’accord qui doit se réunir trois fois par an « afin de faire le point sur l’avancée des travaux et les engagements pris ». À la lecture du protocole d’accord, on se demande vraiment pourquoi il n’a pas pu être signé avant cet interminable conflit social qui a fait perdre beaucoup d’argent au Centre c’est-à-dire in fine au contribuable qui finance déjà 70 % de son budget.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Centre Pompidou, revenons à l’essentiel

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