Disparition - Musée

La disparition brutale de Sylvain Amic

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 1 septembre 2025 - 580 mots

Le président d’Orsay et de l’Orangerie est décédé brusquement hier dimanche à l’âge de 58 ans, un peu plus d’un an après sa nomination.

Sylvain Amic.  © RMN-GP (Musée d'Orsay) / Allison Bellido
Sylvain Amic.
© RMN-GP / Musée d'Orsay / Allison Bellido

L’information a frappé le monde muséal avec stupeur quand elle est tombée dimanche soir : Sylvain Amic, président de l’Établissement public des Musées d’Orsay et de l’Orangerie depuis avril 2024, est décédé brutalement d’un malaise, dimanche 31 août 2025 à l’âge de 58 ans. Rachida Dati, ministre de la Culture, a salué un « esprit ouvert et créatif », tandis qu’Emmanuel Macron a rappelé sur X que « Sa disparition est un choc. Sylvain Amic œuvrait pour que chacun puisse accéder aux merveilles de l’art, de Soulages à Manet ».

Tous ceux qui le connaissaient savaient combien Sylvain Amic était une personnalité attachante, avec une gentillesse qu’il portait sur son visage et une humanité inhabituelle dans le milieu, qui puisait sa source dans un parcours tout aussi inhabituel.

Né à Dakar en 1967 dans une famille d’enseignants, il avait en effet d’abord emprunté une voie éloignée des musées. Après des études scientifiques, il enseigne à l’école primaire dans la région de Nice, puis en Gambie. Parallèlement, il entreprend une licence d’histoire de l’art et réussit en 1997 le concours de l’Institut national du patrimoine, débutant une carrière de conservateur atypique.

Au Musée Fabre de Montpellier, où il est recruté en 2000, il s’occupe des collections du XIXe siècle, d’art moderne et contemporain. Il y contribue activement au vaste chantier de rénovation du lieu, qui rouvre en 2007. Fidèle au musée et à la région, il y reste une décennie. C’est pourquoi le maire de Montpellier Michaël Delafosse a tenu à manifester son émotion dès dimanche soir : « En ces instants de tristesse absolue, nous pensons très fort à sa famille, ses proches, et sa compagne, Florence. Et nous pensons à Sylvain Amic, dont l’extrême élégance, la bienveillance, la très grande culture, impressionnaient tous ceux qui le rencontraient. »

En 2011, la Ville de Rouen l’appelle à diriger ses musées municipaux, puis l’ensemble des onze musées de la métropole. Il y engage une politique volontariste : gratuité d’accès aux collections permanentes, mise en valeur des fonds par le cycle Le Temps des collections, étude de restructuration du site de Beauvoisine. Il y instaure aussi une charte pour la parité entre hommes et femmes.

En parallèle de ces fonctions locales, il est sollicité à plusieurs reprises par le ministère de la Culture. En 2018, Françoise Nyssen lui confie une mission de circulation des œuvres nationales en régions. En 2022, il rejoint le cabinet de Rima Abdul Malak comme conseiller chargé des musées, des métiers d’art, du design et de la mode, travaillant sur un plan pour les métiers d’art et sur des projets de loi de restitution.

En avril 2024, après avoir déjà été candidat malheureux en 2017 face à Laurence des Cars, il est nommé par Emmanuel Macron à la tête de l’établissement regroupant Orsay et l’Orangerie. Successeur de Christophe Leribault, il hérite d’institutions parmi les plus fréquentées de France : près de cinq millions de visiteurs en 2024. Dans ce cadre, il s’intéresse autant à la gestion des flux qu’à des projets d’ampleur.

Spécialiste de l’art moderne et contemporain, commissaire d’expositions au Grand Palais - notamment sur Emil Nolde en 2008 et Bohèmes en 2012 - il alliait une carrière scientifique à un engagement marqué pour l’accessibilité de la culture. Sa mort met un terme brutal à une présidence commencée à peine plus d’un an plus tôt, et laisse en suspens plusieurs chantiers pour Orsay et l’Orangerie.

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