Un immeuble majeur d’André Jacqmain a été classé à Louvain-la-Neuve. Nombre d’autres édifices nécessiteraient d’être protégés.

Louvain-la-Neuve (Belgique). La ville de Louvain-la-Neuve est sortie de terre dans le Brabant wallon au début des années 1970 pour accueillir l’université francophone après la scission, pour des raisons linguistiques, de l’université catholique (UC) de Louvain, jusque-là bilingue. Pour donner corps à cette ville nouvelle, les autorités ont fait appel à différents architectes visionnaires parmi lesquels André Jacqmain (1921-2014), à qui carte blanche a été donnée pour concevoir l’ensemble de la place des Sciences, première place de la ville. Le bâtiment le plus imposant était la bibliothèque des Sciences et technologies de l’UCLouvain. Comme toutes les constructions de la place, il a été entièrement réalisé en béton armé coulé sur site. Une technique qui a permis une grande liberté dans la création de volumes et de courbes. Sa façade avec ses terrasses en escalier portées par des pilastres en forme d’équerre, sa toiture en un versant à angle aigu et son volume monumental en font une œuvre singulière, non assignée à un style et résolument novatrice pour son époque. Pour l’intérieur, Jacqmain a fait appel au designer Jules Wabbes qui a dessiné des rampes et des caches métalliques, des clenches et des poignées.
Changeant de destination en 2015, le bâtiment est occupé depuis 2017 par le Musée L, après une restauration scrupuleuse menée par les architectes de l’UCLouvain. Dernière étape dans sa préservation à long terme, l’ancienne bibliothèque des Sciences vient de bénéficier d’un classement, intérieur comme extérieur, par les autorités wallones du patrimoine, ce qui en fait le premier édifice de Louvain-la-Neuve à recevoir une telle mesure de protection.
Acteur majeur de l’architecture d’après-guerre en Belgique, André Jacqmain a connu plusieurs périodes qui le feront évoluer du modernisme au fonctionnalisme et au brutalisme. De la première, on retiendra la villa Urvater à Rhode-Saint-Genèse. À partir de 1960, il participe également au développement du campus du Sart-Tilman avec la faculté de droit, le grand restaurant et les résidences pour étudiants, de style brutaliste. En 1967, il fonde l’Atelier d’architecture de Genval au sein duquel il concevra la place des Sciences à Louvain-la-Neuve, mais aussi le pavillon belge à l’Exposition universelle d’Osaka en 1970.
Par manque de recul historique, sans doute, le patrimoine de la deuxième moitié du XXe siècle bénéficie encore rarement d’un classement complet. Longtemps dévalorisée, mal aimée du public, l’architecture brutaliste suscite un nouvel intérêt et commence à faire l’objet d’une documentation et d’une valorisation, comme en témoigne l’ouvrage Brutalism in Belgium (Prisme Éditions, 2024). Beaucoup de ces bâtiments se dégradent car leurs structures où le béton prédomine ne répondent plus aux normes contemporaines, notamment en matière énergétique, ce qui pose de nombreux défis pour leur rénovation. Si quelques rares édifices brutalistes ont pu faire l’objet de rénovation, à la suite d’initiatives privées, d’autres sont actuellement menacés de démolition, de transformation ou laissés à l’abandon, soulignant l’urgence d’agir pour préserver ce patrimoine.
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La Belgique et son architecture brutaliste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°663 du 17 octobre 2025, avec le titre suivant : La Belgique et son architecture brutaliste








