Musée

Fotografiska s’exporte à New York

Par Alexis Buisson, correspondant à New York · Le Journal des Arts

Le 13 janvier 2020 - 632 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Prenant pied à Manhattan, le musée privé suédois veut bousculer la manière dont la photo est « vue et consommée » à New York.

Le bâtiment accueillant Fotografiska New York. © Photo Adrian Gaut
Le bâtiment accueillant Fotografiska New York.
© Photo Adrian Gaut

New York. Tous les New-Yorkais connaissent l’impressionnant bâtiment qui se dresse sur Park Avenue South et la 22e rue, dans le cœur de Manhattan (voir ill.). C’est dans cette majestueuse bâtisse classée de cinq étages, construite en 1894 pour abriter un service de l’Église épiscopale, que Fotografiska a ouvert son antenne new-yorkaise, en décembre, après plusieurs années de recherche et de travaux.

C’est le premier emplacement américain du temple suédois de la photographie, déjà présent à Tallinn (Estonie), Stockholm et bientôt Londres. « New York était l’endroit aux États-Unis qui avait le plus de sens pour étendre la marque. Cela va changer la manière dont la photographie est vue et consommée dans la ville », veut croire Daniel Sanchez-Torres, un ancien de l’agence Magnum, chargé de la coordination des expositions à Fotografiska New York.

Cette dernière a fait une entrée remarquée dans une ville où les espaces entièrement consacrés à la photographie se résument à quelques galeries et à une institution certes d’envergure, l’ICP (International Center of Photography), spécialisée dans la photographie documentaire.

Un concept qui a fait ses preuves

Pour son musée américain, Fotografiska n’a pas changé la formule qui a fait son succès depuis sa création en 2010 par les frères Per et Jan Broman. Entièrement financé par des fonds privés (le musée ne veut pas donner de chiffres), il ne possède pas de collection permanente, ce qui lui donne de la flexibilité dans sa programmation. Et aucune œuvre exposée n’est à vendre. Depuis sa fondation, il a organisé plus de deux cents expositions d’artistes reconnus (Helmut Newton, David LaChapelle, Annie Leibovitz…) et émergents. Elles ont été vues par 3,5 millions de visiteurs, selon l’établissement.

Avec quatre niveaux prévus pour les expositions, l’adresse new-yorkaise, qui veut attirer 500 000 personnes par an, entend « explorer différents types de photographies, de l’avant-garde à la mode, en passant par la pop culture, poursuit Daniel Sanchez-Torres. New York est pleine de talents, qu’ils soient installés ici ou simplement de passage.»

Les expositions inaugurales font la part belle à la diversité, conformément à la mission du musée. Sur les cinq photographes exposés – « tous vivants et actifs », précise le coordinateur –, quatre sont des femmes. Parmi elles, la photographe de mode allemande Ellen von Unwerth. Dans « Devotion » au 4e étage, Fotografiska passe en revue trente années de ses fameux clichés de mannequins pris dans des poses amusantes, surprenantes et sexuelles. Aux étages inférieurs, le visiteur découvre, en partenariat avec le magazine Time, les travaux de la photographe anglo-suédoise Anastasia Taylor-Lind sur les nounous et autres personnels de garde, souvent immigrés, qui s’occupent des enfants new-yorkais, parfois au prix du temps passé avec leurs propres enfants. À un autre étage encore, les portraits colorés de jeunes Afro-Américains de l’Américaine Tawny Chatmon côtoient les paysages naturels de la Suédoise Helene Schmitz.

Fidèle à son ADN à la croisée du musée, de l’éducation et de la gastronomie, Fotografiska dispose aussi d’un espace consacré aux conférences et aux événements, ainsi que d’un restaurant très attendu, signé Stephen Starr, restaurateur américain connu à qui l’on doit Chez La Vieille, à Paris. Le restaurant, appelé Veronika, a ouvert fin décembre. Un lounge à cocktails prendra aussi ses quartiers dans l’aile d’une église voisine, acquise aussi par le musée.

Fotografiska espère ainsi créer une « communauté » autour de la photographie. « Nous avons la chance d’avoir un bâtiment très visible, qui nous donne la possibilité d’attirer un large public et d’organiser des échanges importants, résume Daniel Sanchez-Torres. Avec les réseaux sociaux, Internet et les nouvelles technologies, la photographie est devenue plus accessible. Il y a moins de barrières à l’entrée pour pénétrer dans cet univers. Nous voulons donner plus d’accès pour explorer ce medium. »

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°536 du 3 janvier 2020, avec le titre suivant : Fotografiska s’exporte à New York

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque