Escapades provençales

DU PAYS D’AIX AUX COLLINES DE MARSEILLE

Les énergies animales de Niki de Saint Phalle
Si ce sont ses célèbres « Nanas » qui l’ont fait connaître dans le monde entier, Niki de Saint Phalle (1930-2002) a, tout au long de sa carrière, peuplé son œuvre d’un bestiaire d’animaux et de créatures imaginaires, un univers où se mêlent symboles, mythes et récits autobiographiques, et héritage du surréalisme. C’est le prisme inédit choisi pour cette exposition rétrospective conçue comme un conte de fées initiatique invitant à déambuler parmi les monstres colorés de l’artiste franco-américaine. Nourri par son histoire comme par de fortes poussées créatives, les œuvres prennent également des dimensions monumentales destinées à l’espace public, comme des fontaines et des aires de jeux. « Niki de Saint Phalle. Le bestiaire magique »,
Caumont – Centre d’art, 3, rue Joseph-Cabassol, Aix-en-Provence (13),
jusqu’au 5 octobre, www.caumont-centredart.com

Les natures rêvées de Claude Como
Claude Como (née en 1964) déploie une œuvre prolifique, entre portraits monumentaux et installations florales fantasmées, baptisées Supernature. Depuis 2019, elle explore le tufting, technique artisanale de tapis, donnant vie à des paysages et des visages oniriques, riches en textures et couleurs. Son univers mêle exubérance et contemplation, nourri par la lumière méditerranéenne depuis son installation à Marseille. Entre références à l’histoire de l’art et formes libres, elle compose un monde immersif peuplé de mille fleurs, feuilles et figures, où chaque forme semble en appeler une autre, jusqu’à la perte de repères.
« Claude Como : grandeur nature », Gallifet – Centre d’art, 52, rue Cardinale, Aix-en-Provence (13), jusqu’au 15 juin, www.hoteldegallifet.com

D’AVIGNON AU LUBERON

Jean-Michel Othoniel, pape en Avignon
Ce ne sont pas moins de dix expositions qui seront consacrées à Jean-Michel Othoniel (né en 1964). 240 œuvres, dont 160 nouvelles créées spécialement pour l’occasion, investissent aussi bien des lieux fermés que des espaces publics : la place du Palais, le Musée du Petit-Palais-Louvre en Avignon, le pont d’Avignon, le Musée Calvet, le Musée Requien, le couvent Sainte-Claire, le Musée des bains Pommer et la Collection Lambert. Le palais des Papes sera l’épicentre de cette constellation, dont le fil conducteur est le Canzoniere de Pétrarque (qui vécut à Avignon), monument de la littérature mondiale, sentimental, poétique et lyrique, dédié à un amour perdu. L’exposition est conçue comme une procession urbaine et imaginaire, un pèlerinage amoureux, une carte de navigation avec des croix et ses étoiles, sous les voûtes des statues géantes en perles de verre.
« Othoniel Cosmos ou les fantômes de l’amour »,
Palais des Papes, place du palais des Papes, Avignon (84), du 28 juin au 4 janvier 2026, www.palais-des-papes.com

L’art du portrait à L’Inguimbertine
L’écrin somptueux de la bibliothèque-musée Inguimbertine, installée depuis avril 2024 à l’hôtel-Dieu de Carpentras mérite à lui seul une visite. Double récompense, car il propose également une exposition consacrée à Joseph-Siffred Duplessis (1725-1802), l’un des portraitistes les plus remarquables du XVIIIe siècle, dont on célèbre le tricentenaire de la naissance. Soixante tableaux permettent de découvrir ou redécouvrir la virtuosité – notamment dans la reproduction des carnations des visages et des matières des habits – de celui qui fut le portraitiste officiel de Louis XVI.
« Duplessis (1725-1802). L’art de peindre la vie », L’Inguimbertine, 180, place Aristide-Briand, Carpentras (84), du 14 juin au 28 septembre, www.inguimbertine.carpentras.fr
 

D’ARLES À LA CAMARGUE

Sigmar Polke, humour, critique et expérimentation
Intitulée en clin d’œil au slogan de Mai 68 et au motif fétiche de la pomme de terre, cette exposition rend hommage à Sigmar Polke (1941-2010), figure majeure de l’art contemporain. Héritier de Van Gogh, il revisite ce symbole populaire pour questionner le réel et les normes sociales. Observateur attentif depuis l’Allemagne de l’Ouest, Polke mêle humour, provocation et expérimentation dans une œuvre qui croise peinture, photographie et film. Dès les années 1970, il manipule les matériaux comme un alchimiste, transformant chaque support en terrain d’expérience. À contre-courant de la reproduction mécanique, il peint à la main des images issues de la culture de masse, explorant la matière et la perception. Derrière l’ironie, son travail révèle une foi profonde en l’art comme espace de révélation du refoulé et de la poésie. Cette rétrospective, la première en France depuis 2014, réunit plus de 60 œuvres, dont certaines sont inédites.
« Sigmar Polke. Sous les pavés, la terre », Fondation Vincent-Van-Gogh, 35 ter, rue du Docteur Fanton, Arles (13), jusqu’au 26 octobre, www.fondation-vincentvangogh-arles.org

Les mythes et les rêves de Cocteau
Le Musée Yves-Brayer et la Mairie des Baux-de-Provence rendent hommage à Jean Cocteau (1889-1963), écrivain, poète, dramaturge, cinéaste et dessinateur. Plus de 100 œuvres, photos et affiches explorent ses univers oniriques à travers trois thèmes : les orages, les enchantements et la traversée du miroir. L’exposition inclut des clichés rares du photographe arlésien Lucien Clergue (1934-2014) sur le tournage du Testament d’Orphée. Les collections permanentes sont également revisitées, mettant en dialogue les dessins de Cocteau avec ceux du peintre Yves Brayer (1907-1990).
« Jean Cocteau, l’enchanteur », Musée Yves-Brayer, place François-de-Hérain, Les Baux-de-Provence (13), jusqu’au 11 novembre, www.yvesbrayer.com