Égypte - Archéologie

D’imposants vestiges du phare d’Alexandrie remontés à la surface

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 9 juillet 2025 - 497 mots

Des blocs monumentaux ont été extraits du port d’Alexandrie par des organismes français en vue de constituer un jumeau numérique du phare.

22 blocs du Phare d’Alexandrie ont été extraits de la mer en Egypte. © GEDEON Programmes CEAlex (2)
22 blocs du Phare d’Alexandrie ont été extraits de la mer en Egypte.
© GEDEON Programmes CEAlex

La sortie de l’eau de vestiges du phare d’Alexandrie marque une étape dans la connaissance de ce monument antique. En juillet 2025, une opération dirigée par Isabelle Hairy, architecte-archéologue au Centre National de la recherche scientifique (CNRS), en collaboration avec le Centre d’Études Alexandrines (CEAlex) a permis de remonter à la surface 22 blocs architecturaux colossaux, issus des profondeurs du port oriental d’Alexandrie. Ces éléments, pesant chacun entre 70 et 80 tonnes, comprennent des linteaux et jambages de portes monumentales, des seuils, des dalles de fondation associées à des éléments monumentaux jusqu’alors inconnus. Leur extraction s’inscrit dans le projet PHAROS, qui vise à reconstituer numériquement la structure du phare, disparu au XVe siècle.

Les travaux en cours s’appuient sur une méthodologie combinant fouilles sous-marines, levage mécanique, documentation architecturale et numérisation 3D. Chaque bloc est soigneusement arrimé, hissé puis scanné afin d’être intégré dans une modélisation numérique complète. Cette démarche permet d’analyser la morphologie des éléments, leur position d’origine et leur place dans la structure, tout en préservant numériquement les données pour les études futures.

Reconstitution du phare d'Alexandrie en images de synthèse. © Victor Shenouda, 2013
Reconstitution du phare d'Alexandrie en images de synthèse.
© Victor Shenouda, 2013

L’objectif principal de ces recherches est la création d’un jumeau numérique du phare d’Alexandrie. Ce modèle virtuel doit permettre de tester les hypothèses de restitution, d’étudier les techniques de construction antiques et de proposer une reconstitution scientifique accessible à la communauté internationale. Les blocs remontés serviront également à des analyses matérielles et à des expositions, contribuant à la valorisation du patrimoine alexandrin. Un documentaire est en préparation pour accompagner cette opération.

Les recherches sur le phare d’Alexandrie ont débuté dans les années 1960, avec les premières explorations sous-marines de Kamel Abul Saadat. En 1968, l’archéologue Honor Frost, mandatée par l’UNESCO, a établi le premier plan scientifique du site. En 1994, sous l’impulsion de Jean-Yves Empereur et du CEAlex, des fouilles systématiques ont permis d’inventorier plus de 3 000 blocs architecturaux, statues colossales, sphinx et obélisques situés entre 2,60 m et 9 m. Plusieurs éléments ont été exposés au musée de plein air de Kom el-Dikka et à la Bibliotheca Alexandrina.

Le phare d’Alexandrie, érigé au IIIe siècle av. J.-C. sous Ptolémée Ier et achevé par Ptolémée II, fut l’une des Sept Merveilles du monde antique. Haut de 100 à 130 mètres, il servait de guide maritime grâce à un système d’éclairage innovant utilisant des miroirs et des feux. Sa construction, achevée en quinze ans, mobilisa des ressources considérables et symbolisa la puissance de la dynastie ptolémaïque. Il fut endommagé par des séismes successifs entre le IVe et le XIVe siècle, puis ses vestiges intégrés à la citadelle de Qaitbay en 1477. Sa renommée et son influence sur l’architecture maritime restent majeures.

22 blocs du Phare d’Alexandrie ont été extraits de la mer en Egypte. © GEDEON Programmes CEAlex
22 blocs du Phare d’Alexandrie ont été extraits de la mer en Egypte.
© GEDEON Programmes CEAlex

Le gisement archéologique du phare s’étend sur environ 1,6 hectare. Les fragments architecturaux, statues colossales, sphinx et obélisques témoignent de la richesse du site. Trente-six pièces extraites dans les années 1990 sont exposées à Alexandrie, tandis que les éléments récemment remontés enrichissent considérablement la documentation scientifique et patrimoniale.

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