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Des représentants du monde de l’art condamnent le départ annoncé de la directrice du CAPC

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 12 mars 2018 - 482 mots

BORDEAUX

Une lettre ouverte publiée par Libération, interpelle la ministre de la Culture sur la mise à l’écart de Maria Inés Rodriguez.

Mari­a Inés Rodri­guez Fernández - Photo Thomas Sanson
Mari­a Inés Rodri­guez Fernández, directrice de CAPC
Photo Thomas Sanson
Courtesy Mairie de Bordeaux

Libération a publié vendredi 9 mars 2018 une tribune, signée par cinquante noms de la scène internationale de l’art contemporain, critiquant le licenciement annoncé de Maria Inés Rodriguez à la tête du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux. Directrice du lieu depuis 2014, succédant à Charlotte Laubard, elle avait été reconduite en février 2017. 

Début mars 2018, elle a été convoquée pour un entretien par la mairie. Les raisons évoquées sont des problèmes de management, et une fréquentation trop faible. Situé dans l’entrepôt Lainé depuis 1973, le CAPC emploie 50 personnes et bénéficie d’un budget de 3.5 millions d’euros. En 2017, 90 000 visiteurs ont franchi les portes du musée soit 18% de plus qu’en 2016. 

La lettre ouverte, dénonce l’intention de la ville de vouloir transformer le CAPC en vitrine publicitaire. « Nous sommes révolté-e-s de voir qu’au fil des ans, d’un directeur·ice du CAPC à l’autre, les mêmes problèmes se retrouvent : pressions continues sur la direction du musée prise dans le corset de la régie municipale, manque de soutien institutionnel, affaiblissement des moyens financiers. Le CAPC est riche d’une histoire prestigieuse qui compte dans le paysage international de l’art. Il serait dramatique d’y mettre fin par des intentions politiciennes à courte vue. »  La lettre se termine par  « nous nous permettons d’interpeller la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, sur l’important enjeu pour l’art contemporain qui se joue ces jours-ci à Bordeaux. »

Puis vient la liste des cinquantes signataires, parmi eux des personnalités connues, à l’instar de Catherine Grenier directrice de la Fondation Giacometti,  des artistes Dominique Gonzalez-Foerster ou Christian Boltanski, des personnalités institutionnelles comme la directrice du Jeu de Paume à Paris Marta Gili, la directrice de Kunsthalle de Bâle Elena Filipovic, le directeur de la Serpentine Gallery de Londres Hans-Ulrich Obrist ou encore la directrice de la Tate Modern de Londres Frances Morris. 

La Ville de Bordeaux ne souhaite pas s’exprimer pour le moment et se contente d’indiquer que María Inés Rodríguez « fait face à des difficultés managériales » tout en réaffirmant son engagement dans l’art contemporain. 

Le  bilan de Maria Inés Rodriguez semble pourtant positif, avec à son actif des expositions consacrées à des artistes importants sur la scène contemporaine tels que, Franz Erhard Walther lauréat du lion d’or de Venise en 2016 ; Judy Chicago, figure majeure du féminisme ; ou encore la première exposition de cette envergure en Europe pour l’artiste colombienne Beatriz Gonzalez. Elle a valorisé le lieu avec l’installation de la collection permanente au deuxième étage et la mise en place d’un centre de recherche sur la restauration de l’art contemporain. Elle a également développé le mécénat au sein de l'institution, et créé des partenariats prestigieux, notamment avec le musée Reina Sofia de Madrid pour la rétrospective de Beatriz Gonzalez. 
 

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