Le château Howard inaugure son projet de restauration en réintégrant plusieurs salles longtemps fermées au public.

Angleterre. Depuis fin avril, le château Howard (nord de l’Angleterre) a ouvert au public son projet « Renaissance du XXIe siècle », lancé en 2019. Cette demeure seigneuriale du XVIIIe siècle est connue des Britanniques pour ses apparitions dans Barry Lyndon (1975), Retour à Brideshead (1981), Bridgerton (2020). Pour Nicholas et Victoria Howard, propriétaires résidents du château, il s’agissait d’y imprimer leur patte esthétique mais aussi de montrer ce lieu comme une maison familiale vivante, ce qu’attestent les feux dans l’âtre des cheminées. Et plutôt que de recréer les salles à l’identique, le couple a souhaité respecter l’esprit du château tout en laissant libres les artisans. « Chacune des neuf générations qui a vécu au château Howard a apprécié jouer avec son esthétique particulière et nous ne faisons pas exception, souligne Nicholas Howard. La recréation de la salle des Tapisseries est au centre de notre évolution contemporaine. »
Cette salle, comme plus de 20 pièces du château, avait été détruite lors d’un incendie en 1940. Les tapisseries, tissées en 1706 par John Vanderbank et représentant les quatre saisons, étaient alors tendues dans d’autres pièces du château et avaient été préservées. « Ma mission a consisté à me mettre dans les pas de John Vanbrugh, le dramaturge qui a conceptualisé la maison avec l’aide de l’architecte Nicholas Hawksmoor, indique Francis Terry, l’architecte du projet. C’était une commande étonnante parce que totalement créative. Il ne s’agissait pas d’essayer servilement de copier le passé. » Il explique par exemple avoir conservé le profil de la corniche originelle, de style classique, mais en lui donnant un style plus baroque.
Cette tendance se retrouve dans les chambres qui ont été repensées et tapissées de taffetas de soie. « Nous avons voulu produire un résultat toujours approprié, mais sans appartenir à une période particulière, confirme le décorateur d’intérieur Remy Renzullo. Même si les tentures de lit sont basées sur la mode de 1770, elles n’y ressemblent pas forcément. » Ces chambres peuvent également être louées de façon exceptionnelle.
Créée dans les années 1870, la salle du grand escalier a aussi été transformée pour illustrer l’évolution du château au fil des siècles. « Des bas-reliefs en plâtre ornent désormais ces murs, ce qui s’inscrit dans notre volonté de présenter le château comme une demeure du Grand Tour, explique Dr Christopher Ridgway, le conservateur en chef. L’inspiration même de la maison vient du voyage en Europe du troisième comte, à la fin du XVIIe siècle. Ainsi, l’Italie imprègne tout le bâtiment. Les collections de cette galerie ont été constituées lors des voyages en Europe continentale des quatrième et cinquième comtes. » La même intention se retrouve désormais dans la Grande Galerie, conçue en 1811. « Nous avons raccroché les tableaux d’une manière à les mettre en valeur et à redonner à l’espace sa véritable fonction de galerie. » Elle contient entre autres des caprices romains de Panini.
Géré comme une entreprise familiale, le château emploie 120 personnes sur l’ensemble de ses activités (tourisme, foresterie, agriculture…). Ce projet a été lancé dans le cadre d’un plan de restauration de l’ensemble du domaine sur quinze ans et estimé à 50 millions de livres (58,66 millions d’euros).
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°656 du 23 mai 2025, avec le titre suivant : Castle Howard dévoile ses espaces restaurés









