Le château est exposé aux intempéries, le chantier de restauration ayant été stoppé faute de financements.

Les travaux de restauration du château d’Al Qahira, à Ta’izz (Yémen), entamés en décembre 2024, sont à l’arrêt depuis février 2025 en raison de la suspension des financements américains du Fonds des ambassadeurs pour la préservation culturelle. L’équipe de 26 archéologues, ingénieurs et ouvriers alerte sur un risque accru de dégradation en l’absence de protection des structures mises à nu.
En janvier 2020, le gouverneur de Ta’izz avait commandé une étude technique de stabilité. Ses conclusions alarmantes ont conduit, en mars 2024, l’Autorité générale des Antiquités et des Musées à solliciter un financement d’urgence auprès de partenaires internationaux. Les États Unis, l’ONG espagnole Heritage for Peace, Waeey pour le patrimoine et le développement, ainsi que l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine en zones de conflit (ALIPH), y ont répondu positivement en novembre 2024.
Dès décembre 2024, le chantier a démarré : évaluation des dommages, nettoyage, cartographie, fouille, réparations structurelles et conservation préventive. En trois mois, l’équipe a rassemblé et traité les matériaux, restauré la façade ouest et partiellement celle du mur sud, tandis que d’autres murs ont été mis au jour pour inspection.
Les éléments encore à restaurer sont l’entrée principale, le mur nord ouest, le musée du site et les réservoirs d’eau. Mais la coupure des subventions les rend vulnérables aux intempéries. « Les sections exposées que nous avons dégagées sont désormais vulnérables à la pluie et au vent, menaçant leur structure », avertit Bilal Shaif, ingénieur superviseur. Selon Ramzi al Damini, directeur du Musée national de Ta’izz, « l’arrêt du projet risque d’entraîner l’effondrement du bâtiment », d’autant que l’État n’a pas prévu de mesures faute de moyens. Le site, construit en partie sur un versant, menace également les habitants situés en contrebas. Heritage for Peace s’est toutefois engagé à rediriger des fonds d’ici à la fin du mois pour relancer le chantier.
Le château d’Al Qahira, perché à 1 500 mètres d’altitude sur le mont Sabr, témoigne d’une histoire complexe. Les premières traces datent de l’ère pré islamique. Sous les Qatabans c’est une place forte ; au XIIe siècle, les Ayyoubides en font une forteresse militaire stratégique protégeant les caravanes. Sous les Rassoulides, il devient un palais princier : extensions, quatre palais – dont le palais de l’émirat et celui de la littérature – et réservoirs d’eau sont construits, faisant de l’édifice un centre culturel et de gouvernance. Cette stratification historique complique considérablement sa restauration.
En guerre civile depuis plus de dix ans, le Yémen est en crise humanitaire et économique. L’Autorité générale des Antiquités et des Musées est exsangue, le pays dépendant des financements étrangers, souvent soumis à des aléas politiques – en particulier depuis l’administration Trump en 2025. De plus, les Houthis (milices liées au Hezbollah) entreposaient des armes dans la forteresse qui fut bombardée en 2015 par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

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Al Qahira au Yémen menacé après la suspension des fonds américains
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