Fréquentation - Monument - Musée

Éditorial

Patrimoine : une fréquentation en trompe-l’œil

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 25 mai 2025 - 390 mots

49 % des Français disent avoir visité un monument en 2024. Mais sur le temps long, la fréquentation patrimoniale est en baisse depuis 2013.

Le château de Chambord à l'automne. © Léonard de Serres
Le château de Chambord à l'automne.
© Léonard de Serres

Démocratisation culturelle. Un sondage récent réalisé par l’institut d’études Gece-Test révèle que 49 % des Français interrogés ont visité un monument au cours des douze derniers mois et que 36 % sont allés dans un musée ou ont visité une exposition. C’est une progression de 4 points pour les monuments et de 6 points pour les musées par rapport à l’an dernier. Des chiffres encourageants en apparence pour la démocratisation culturelle. Mais une analyse sur le temps long inverse la tendance. En 2013, selon le Crédoc, qui réalise régulièrement ce type d’enquête, plus de 57 % des Français avaient visité un monument au cours de l’année passée et 35 % un musée. En dépit des écarts de méthode entre les deux enquêtes, le constat est clair : depuis douze ans, les Français fréquentent moins les lieux patrimoniaux, ou à peine autant.

La pandémie a joué un rôle, mais elle n’explique pas tout. Le Gece-Test a demandé aux non-visiteurs pourquoi ils s’étaient abstenus. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le manque d’offre patrimoniale locale n’arrive qu’en troisième position, cité par 20 % des sondés. La principale explication, et de loin (42 %), est désarmante de simplicité : « Cela ne nous intéresse pas vraiment. » Un tel désintérêt trouve souvent ses racines dans le capital culturel acquis dans le cadre familial et scolaire. Des leviers existent : accompagner ces publics, au sens propre, vers un site patrimonial capable d’éveiller leur curiosité, à condition qu’un médiateur les guide. De nombreux lieux – musées d’histoire locale ou d’art et traditions populaires, plus accessibles que les musées de beaux-arts – peuvent établir ce premier contact.

Le deuxième frein, mentionné par 29 % des répondants, est économique : « Les prix nous paraissent trop élevés ». Au-delà de la perception parfois erronée du coût réel des visites – il existe en effet de nombreuses réductions et gratuités – la question mérite d’être prise au sérieux. Selon le sondage, 69 % des visiteurs actuels changeraient leurs habitudes si des tarifs flexibles étaient proposés. Or, en France, rares sont les sites patrimoniaux qui proposent un tarif réduit en fin de journée.

La bonne nouvelle, c’est que des solutions existent pour élargir les publics ; la mauvaise, c’est qu’elles ont un coût.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°656 du 23 mai 2025, avec le titre suivant : Patrimoine : une fréquentation en trompe-l’œil

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