Droit de réponse de James Palmer, fondateur de Mondex Corporation

Par James Palmer · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2016 - 1090 mots

Mon nom est James Palmer et je suis le fondateur de Mondex Corporation. J’ai lu le récent article concernant Mondex, rédigé par Mme Bories et M. Rozin et publié le 16 septembre sur votre site Internet et dans Le Journal des Arts no 463, portant sur l’important travail réalisé par l’entreprise que j’ai créée (sans ma femme que je n’ai rencontrée qu’en 2004 et non en 1993, contrairement à ce qui est avancé dans cet article) et par moi-même, notamment afin d’aider notre client à obtenir la restitution du tableau Homme assis (appuyé sur canne) d’Amadeo Modigliani détenu par David Nahmad.

Premièrement, j’estime que cet article aurait été moins partial si des recherches supplémentaires avaient été entreprises avant sa publication. Les informations sur cette affaire sont disponibles sur le site Internet de la Cour Suprême de New York (http://nycourts.gov/courts/1jd/supctmanh/). J’estime qu’il serait réellement utile pour vos lecteurs intéressés par cette affaire de lire les soumissions de chacune des parties afin d’en tirer leurs propres conclusions en pleine connaissance de cause.
Ceci étant dit, j’aimerais faire les présentes observations : Vous suggérez que je harcèle nos clients, les bénéficiaires, et que j’exercerais des pressions sur eux. Cependant, ces allégations sont à la fois fausses et illogiques. Cela n’aurait aucun sens pour une entreprise de harceler ses clients et cela n’aurait aucun intérêt pour l’entreprise ou ses clients à court ou à long terme. Par ailleurs, comme vous le savez, faire pression sur un client est une cause de nullité du contrat si ce contrat est conclu sous la contrainte. Exercer des pressions sur un client après la signature d’un contrat n’aurait pas plus de sens puisque cela ne serait ni dans l’intérêt du client ni dans celui du prestataire. Vous avez notamment indiqué que « lors d’un entretien téléphonique, sa femme [Mme Maestracci] exprimait son exaspération devant les pressions incessantes dont sa famille faisait à présent l’objet ». Mais vous n’avez cependant pas précisé que les pressions dont elle se dit victime proviennent des médias et non de moi. Cette affirmation est manifestement fallacieuse.

Vous avez par ailleurs insinué que mon travail et en particulier les poursuites judiciaires engagées contre M. Nahmad reposeraient sur une forme de chantage, ce qui est faux et non pertinent puisque le chantage n’a rien à avoir avec la demande déposée par notre client au sujet de la peinture de Modigliani dont sa famille a été spoliée pendant la guerre.

En outre, vous avez laissé entendre que tant M. Nahmad que moi-même n’avons pas hésité à utiliser notre confession judaïque afin de prouver notre sincérité et que cette affaire serait entre de mauvaises mains. Cette affaire n’a strictement rien à avoir avec nos croyances religieuses et le fait que vous vous y référiez est inapproprié. C’est à la suite de nos recherches approfondies que nous avons découvert que cette peinture a été spoliée pendant la guerre à M. Oscar Stettiner et vendue à une enchère nazie par la famille Vanderklip, une famille reconnue coupable à plusieurs reprises pour son rôle dans la commercialisation d’œuvres d’art spoliées. Malheureusement, M. Nahmad a acheté la peinture en 1996 alors qu’elle était consignée par un membre de la famille Vanderklip à Christie’s pour être vendue aux enchères. La provenance, au moment de la vente, indiquait clairement que le propriétaire de la peinture était inconnu pendant les années de guerre. Ainsi, M. Nahmad aurait pu avoir la sagesse d’éviter d’en faire l’acquisition, le tableau étant manifestement entaché par ce passé. Néanmoins, il semble que M. Nahmad ait choisi d’en prendre le risque et ait acheté la peinture et par la suite, une plainte a été déposée par un héritier de M. Stettiner pouvant légitimement prétendre à la restitution de ce tableau. Tout ceci n’est qu’une question de faits et de preuves.

En ce qui concerne les preuves, vous indiquez que la connaissance de certaines archives peut favoriser une partie par rapport à l’autre. N’importe quel bon chercheur sait que toutes les archives pertinentes doivent être consultées et tous les indices pertinents pris en considération. Seulement après est-il possible de différencier les faits de la fiction. Toutefois, certains faits ne peuvent être niés. C’est le cas, par exemple, du dos de la peinture. Bien que peu de personnes aient obtenu un reçu de vente lorsqu’elles fuyaient une France déchirée par la guerre afin de sauver leur vie (preuve que M. Nahmad requiert), le dos de la peinture ne ment pas. Naturellement si le dos du tableau, qui est maintenant en la possession de David Nahmad, comporte le nom et l’adresse d’Oscar Stettiner, cela constituerait le « reçu de vente » que M. Nahmad recherche.
Vous vous référez à l’inconfort de certains archivistes qui auraient dû réaliser des recherches en lien avec cette affaire. Il est certain que cet inconfort fait pâle figure à côté des vols, des incarcérations et des meurtres que tant de familles, à l’image de celle d’Oscar Stettiner, ont subis lors de la Seconde Guerre mondiale.

De plus, vous suggérez que les institutions ont peur du développement d’un marché reposant sur des enquêtes liées à des spoliations. Pourquoi de telles institutions auraient-elles peur, à moins qu’elles ne possèdent des œuvres d’art qu’elles savent provenir de spoliations et qu’elles savent devoir restituer ? Dès lors, il est logique d’en conclure qu’il existe des raisons significatives justifiant que des entreprises telles que Mondex satisfassent à un tel besoin.
Enfin, vous suggérez que nos efforts afin d’obtenir la restitution des œuvres d’art spoliées sont ternis par les bénéfices financiers tirés des restitutions obtenues avec succès et vous questionnez la légitimité de notre entreprise. La réalité est que notre approche élimine tout risque pour les bénéficiaires puisque c’est Mondex qui supporte souvent le coût du temps et des efforts consacrés par les chercheurs professionnels et par les avocats impliqués, et ce au bénéfice des clients de Mondex. Les revenus provenant des restitutions fructueuses couvrent ces coûts ainsi que les coûts occasionnés par les restitutions qui n’ont pu aboutir.

Mes collègues et moi-même sommes très fiers d’avoir pu aider des milliers de personnes à recouvrir des biens qui leur avaient été illégalement enlevés. Nos clients comptent sur nous pour leur fournir les recherches et l’aide juridique internationale qu’ils attendent, mais aussi la persévérance que nécessitent de telles affaires. Pour beaucoup de nos clients, notre aide contribue soit à améliorer leur vie, en récupérant les biens qui leur ont été volés, soit à leur offrir la tranquillité d’esprit et la possibilité de tourner la page comme seule la justice le permet.
 

James Palmer

 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016, avec le titre suivant : Droit de réponse de James Palmer, fondateur de Mondex Corporation

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