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« Restaurer le patrimoine, un éternel recommencement », par Fabien Simode sur TSF Jazz 

Par L'Œil · lejournaldesarts.fr

Le 25 avril 2019 - 485 mots

PARIS

Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 25 avril 2019, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur deux architectures étroitement liées à Victor Hugo : Notre-Dame de Paris et Hauteville House, la maison de son exil à Guernesey fraîchement restaurée. 

Le Lookout créé dans la Maison de Victor Hugo pendant son exil à Guernesey - Photo Rumburak3
Le Lookout dans lequel Victor Hugo aimait écrire lors de son exil à Guernesey
Photo Rumburak

Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :

On connaissait Victor Hugo romancier, poète, dessinateur, homme politique ; on le redécouvre aujourd’hui défenseur du patrimoine. L’incendie de Notre-Dame nous rappelle que c’est à lui, et au roman Notre-Dame de Paris, que la cathédrale doit son salut au XIXe siècle. Mais il y a un autre Victor Hugo, moins connu : le décorateur d’intérieur. L’écrivain a exercé ses talents à Guernesey, une petite île anglo-Normande, propriété de la Reine d’Angleterre située au large des côtes françaises, dans la Manche. L’écrivain s’y est installé durant son exil, contraint par Napoléon III de quitter la France pour avoir commis un pamphlet intitulé : « Napoléon le petit ». C’est là, à Guernesey, que l’auteur des Misérables a vécu près de quinze ans, de 1856 à 1870, et qu’il a acheté une grande maison bourgeoise qu’il a entièrement décorer à son goût : Hauteville House. 

La Maison de Victor Hugo pendant son exil à Guernesey - Photo GK Sens-Yonne
La Maison de Victor Hugo pendant son exil à Guernesey
Photo GK Sens-Yonne, 2017

Cette décoration est à l’image de l’œuvre de Victor Hugo : envahissante et inclassable. Les styles, les époques, tout est savamment mélangé : le gothique, avec des nattes japonaises et de la faïence de Delft au rez-de-chaussée ; des chinoiseries et des tapisseries du XVe à l’étage… Pour les meubles, Hugo les a fait fabriquer sur-mesure à partir de mobilier d’églises et de panneaux de coffres qu’il avait chiné dans les brocantes… Soyons francs, s’il ne s’agissait pas de Victor Hugo, nous parlerions de mauvais goût ; mais il s’agit de lui, alors on appelle cela une « maison poème », voire une « œuvre d’art totale ». Enfin, c’est à chacun de se faire sa propre opinion. Car vous pouvez de nouveau visiter Hauteville House qui vient d’être entièrement restaurée. La ville de Paris, son propriétaire, n’a pas décidé de lancer un concours d’architecture, mais, au contraire, de remettre la maison dans son jus, en retrouvant les papiers peints, les couleurs et les tissus d’origine à partir de documents d’époque. Si je vous parle de cela ce matin, c’est que la restauration s’est terminée quelques jours avant le dramatique incendie de Notre-Dame. Une restauration permise grâce à un mécénat de 3,5 millions d’euros de François Pinault, le même Pinault qui promet aujourd’hui d’offrir 100 millions pour la reconstruction de la cathédrale… Or, pour Hauteville Housse, les questions soulevées ont été les mêmes que celles qui se posent pour Notre-Dame : fallait-il la restaurer à l’identique ? Quelle part le financement privé devait-il prendre dans la restauration d’un monument public ? Et oui, le patrimoine c’est finalement comme l’histoire : un éternel recommencement. 

Fabien Simode

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