Des chercheurs ont analysé les émotions dans les représentations picturales sur 6 siècles afin d’en déduire des informations sur le contexte économique.

Jusqu’à quel point les représentations picturales peuvent donner des informations sur leur contexte de réalisation ? C’est en voulant avoir une réponse à cette question que des économistes venant d’université du monde entier ont développé un algorithme capable de détecter les émotions véhiculées par des peintures, afin d’en tirer des indices sur le contexte socio-économique de leur époque. L’étude s’appuie sur un corpus de 630 846 œuvres européennes réalisées par plus de 29 000 artistes entre le XVe et le XXe siècle. Ces émotions contiennent, selon les auteurs, « des informations subtiles mais significatives sur les conditions de vie, l’incertitude ou les inégalités caractérisant le contexte de production des œuvres ».
Les variations d’émotions relevées dans les tableaux sont mises en relation avec des indicateurs tels que le PIB par habitant, l’espérance de vie, la concentration des richesses ou encore l’adoption de nouvelles technologies. L’objectif est d’éclairer les perceptions collectives des grandes transformations socio-économiques, des guerres aux crises climatiques, mais aussi la mondialisation et l’essor des universités.
La méthodologie repose sur un modèle qui attribue à chaque peinture un vecteur d’émotions (peur, tristesse, colère, amusement, contentement, etc.). L’algorithme a été calibré grâce à un processus d’annotation manuel, destiné à atténuer les biais individuels liés à la culture ou à la subjectivité. Les résultats ont été validés en les confrontant aux déclarations d’artistes concernant une sélection de leurs œuvres, montrant une forte cohérence entre intentions et prédictions.
Les résultats révèlent, selon les auteurs, des corrélations marquées entre émotions picturales et événements historiques. Par exemple, l’adoption de la navigation à vapeur au XIXe siècle est associée à une hausse des représentations d’admiration, tandis que la diffusion de la radio au XXe siècle s’accompagne d’une augmentation des émotions extrêmes, notamment la colère. La montée de la pensée scientifique en Europe entre 1500 et 1800 coïncide avec une baisse des expressions de peur et de tristesse mais aussi avec une hausse des représentations joyeuses.
Pour intéressantes qu’elles soient, ces conclusions ne vont cependant pas bouleverser l’histoire économique.
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Quand la peinture devient une archive économique
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