Livre

Lectures croisées

Monet intime, pour le meilleur et pour le pire

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 26 juin 2017 - 326 mots

Que n’a-t-on pas déjà écrit sur Claude Monet ? Artiste plébiscité par les organisateurs d’expositions et les éditeurs, le pape de l’impressionnisme a été ausculté à peu près sous toutes les coutures, ce qui ne l'empêche pas de générer quantité d’événements et de publications.

Cet été, pour renouveler le sujet, deux ouvrages s’attellent à aborder ce sommet par le versant alternatif et intimiste. La série Un jour avec a ainsi jeté son dévolu sur la vie du peintre dans son antre de Giverny [Adrien Goetz, Un jour avec Claude Monet à Giverny, Flammarion, 224 p, 29,90 €]. Ce bel ouvrage a été confié à un duo efficace composé du photographe Francis Hammond et d’Adrien Goetz, historien de l’art et romancier que l’on ne présente plus. Ce dernier joue d’ailleurs parfaitement sur les deux tableaux en mêlant rigueur scientifique, talent de conteur et plaisir de l’anecdote. Le livre, scandé de photographies anciennes, de détails d’œuvres sensuels et de clichés contemporains, est une véritable ode à la beauté et une invitation à faire le pèlerinage dans le sillage du maître en Normandie. Difficile d’imaginer ouvrage plus antithétique à celui-là que Monet, nomade de la lumière [Le Lombard, 112 p., 17,95 €] qui surfe sur la vague des vies d’artistes en BD. Ici, la légèreté n’est hélas pas que dans le ton, car on n’y apprend pas grand-chose quand on ne s’agace pas des nombreuses approximations. Sans être renversants, les dessins d'Efa se révèlent plutôt convaincants et dans un style idoine à évoquer la manière du père des Nymphéas. En revanche, le récit imaginé par Salva Rubio est navrant. Pour brosser l’épopée de ce révolutionnaire de la peinture, le scénariste recourt à des ficelles grossières. Les personnages sont globalement tous caricaturaux : Monet tourmenté et obstiné, Renoir le farceur invétéré, Pissarro l’anar et Bazille la bonne poire. Quant à la perspective historique, elle est d’un simplisme qui laisse pantois tant elle exploite l’air pourtant déjà éculé des misérables impressionnistes.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°703 du 1 juillet 2017, avec le titre suivant : Monet intime, pour le meilleur et pour le pire

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