Allemagne - Cinéma

ARTS VISUELS

De la Berlinale à la Documenta

BERLIN / ALLEMAGNE

La 70e édition du festival de film de Berlin a confirmé sa veine politique et privilégié la relation entre cinéma et arts visuels, invitant entre autres les commissaires de la Documenta 2022, le collectif Ruangrupa.

Elio Germano a remporté l'ours d'argent du meilleur acteur pour son rôle dans le film Volevo nascondermi, réalisé par Giorgio Diritti. © Chico de Luigi.
Elio Germano a remporté l'ours d'argent du meilleur acteur pour son rôle dans le film Volevo nascondermi, réalisé par Giorgio Diritti.
© Chico de Luigi.

Sans surprise, le jury de la Berlinale, mené cette année par Jeremy Irons, a attribué l’Ours d’or à There Is No Evil de Mohammad Rasoulof, un film iranien sur la peine de mort, confirmant ainsi la tendance politique du festival. La nouvelle direction bicéphale du festival – le directeur artistique Carlo Chatrian et la directrice générale Mariette Rissenbeek – a eu cette année la double tâche d’incarner le renouveau, tout en célébrant le passé.

Si l’orientation politique a ainsi été confirmée, une autre tendance a été particulièrement renforcée : la place de l’art dans la Berlinale. D’abord dans la compétition avec Volevo nascondermi, un biopic sur l’artiste naïf italien Antonio Ligabue, qui a valu l’Ours d’argent du meilleur acteur à son interprète Elio Germano. Puis, par les passerelles entre le septième art et les arts visuels voulues par les directeurs du festivals. Le duo a ainsi choisi de remettre la Caméra de la Berlinale à l’artiste et cinéaste allemande Ulrike Ottinger – l’an passé, cette récompense honorifique avait été décernée à Agnès Varda. « Nous croyons que la relation entre l’art et l’art de la réalisation cinématographique est très forte », a précisé Carlo Chatrian lors de la cérémonie. « Les films d’Ulrike Ottinger sont comme des peintures qui montrent la complexité du monde », a ajouté Mariette Rissenbeek. Dans son dernier film documentaire, intitulé Paris Calligrammes, Ulrike Ottinger revient sur sa vie d’artiste allemande à Paris, dans les années 1960, où elle côtoyait artistes et intellectuels de Saint-Germain-des-Prés.

Mais c’est surtout dans la section parallèle « Berlinale talents » que les amateurs d’art ont pu trouver matière à réflexion. Cette plateforme de réseautage s’adresse aux professionnels du monde du cinéma en début de carrière. Elle invite chaque année des artistes visuels à exposer leurs travaux et projets. Cette année, Mirwan Andan est venu présenter son collectif d’artistes indonésiens Ruangrupa, installé à Jakarta. Le collectif touche à toutes les formes d’art, mais son activité repose essentiellement sur le networking, la création de réseaux artistiques et la collaboration avec des institutions à l’intérieur et en dehors du monde de l’art. Expositions d’art, street art, écoles d’art, festivals de musique, de cinéma et vidéo d’art, rien ne semble lui échapper.

Ruangrupa, collectif d’artistes indonésiens tourné vers le développement durable

Ruangrupa, qui comporte dix membres, sera le commissaire de la prochaine Documenta en 2022, à Cassel. Ne s’étant jamais rendu à cette manifestation – à l’exception d’un seul de ses membres –, le collectif entend apporter un regard neuf dans l’élaboration de cette grande exposition d’art contemporain.

En tant qu’artistes, Ruangrupa y présente un projet autour du concept du « lumbung », qui peut être traduit par « fonds collectifs » ou « grange à riz », où les ressources sont mises en commun pour des temps plus difficiles. « Cela va dans deux directions, explique Mirwan Andan, la première est le développement institutionnel, la seconde une exposition d’art. Pour le développement institutionnel, nous allons travailler avec plusieurs collectifs d’artistes en lien avec le développement durable économique, la technologie et l’environnement. Et ceci sera montré dans l’exposition. » Le partenariat avec les institutions est aussi important que le résultat lui-même.

Lors de la précédente édition, l’événement avait été éclaté entre Cassel et Athènes pour les lieux d’exposition, ce qui avait provoqué un tollé, aggravé par des accusations de malversations financières entraînant la chute de la directrice de la Documenta. « Cassel restera le principal endroit de la Documenta », s’empresse de rassurer Mirwan Andan.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°541 du 13 mars 2020, avec le titre suivant : De la Berlinale à la Documenta

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