On trouve tout aux puces

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 10 octobre 2012 - 886 mots

Toute l’année, le week-end, les célèbres puces de Paris accueillent les chineurs aguerris ou débutants dans un esprit inimitable.

Situées à Saint-Ouen, les puces de Paris n’ont rien perdu de leur cachet. Le plus grand marché d’antiquités du monde, avec ses quinze marchés indépendants couverts ou à ciel ouvert (sans oublier les rues pucières) s’étendant sur 7 ha, attire plus de 4 millions de visiteurs par an. Soit 150 000 personnes chaque week-end. Chez 1 300 antiquaires et brocanteurs, on apprécie la grande variété d’objets – souvent dans leur jus, parfois restaurés –, l’ambiance décontractée et les bonnes affaires à tous les prix, avec la promesse de nouveautés toutes les semaines.

Au marché Malassis, nombre de boutiques thématiques offrent par exemple des pièces d’art de la table, des meubles de bistrot, des objets de marine, des jouets et jeux anciens ou encore des passementeries et broderies. Au premier étage du marché Dauphine, le « Carré des libraires » est un espace entièrement dédié aux livres anciens, gravures, affiches, estampes et photographies. Plus récent, le « Carré des disquaires » réunit les marchands de matériel hi-fi vintage et de vinyles. Au marché de l’Entrepôt, les pièces volumineuses ont trouvé leur place : escaliers monumentaux, bibliothèques et boiseries de grandes demeures, kiosques de jardin, grilles de châteaux... « Il y a beaucoup de sang neuf aux puces, de jeunes marchands qui s’installent dans tous les domaines, et plus particulièrement en mobilier et art du XXe siècle », constate Serge Malik, président de l’association Marché aux puces.

Parmi les marchands parisiens ayant fait leurs armes aux puces, certains ont souhaité y garder un pied, comme Laurence Vauclair, antiquaire spécialisée dans les barbotines et meubles en rotin de la fin du XIXe siècle. Au marché Paul-Bert, elle a des céramiques à partir de 500 euros (vases et vide-poches), « toujours des objets de qualité par des grands noms : Milton, Massier et les suiveurs de Palissy ». Il y a vingt ans, les touristes américains adoraient faire leur shopping aux puces. Aujourd’hui, les acheteurs russes et chinois ont pris le relais.

La fréquentation régulière des people est aussi une carte de visite pour les puces. En 2012, on pouvait par exemple croiser George Lucas, Pierce Brosnan, Madonna, Woody Allen, qui y avait précédemment tourné des scènes de son film Midnight in Paris, Catherine Deneuve, Bruno Racine, le président de la Bibliothèque nationale de France, ou encore le designer Philippe Starck. Ce dernier a d’ailleurs ouvert, début octobre, le restaurant-cantine de deux cent cinquante couverts Ma Cocotte, dans un loft d’esprit industriel augmenté de deux terrasses situées sur les marchés Paul-Bert et Serpette. Voilà qui devrait faire venir encore davantage de monde.

Au marché Jules-Vallès
L’esprit authentique brocante domine dans ce marché pittoresque quasi centenaire où sont réunis cent vingts stands bruts de décoffrage, dans le genre fonds de grenier. Alain Maignan dit « Tic-Tac » (stand 13) propose des pendules de toutes les époques. Les affiches de cinéma sont à chiner chez Stéphane Aunon (stand 106). Samuel Collin (stand 20-21) s’est spécialisé dans les arts populaires, soit « tout objet sur lequel il y a une expression artistique réalisée par quelqu’un qui n’a pas de formation théorique », explique le marchand. Pour quelques dizaines d’euros, on peut emporter une poterie régionale ou un tire-bouchon joliment sculpté. Très collectionnés, les grès de la famille Talbot en Puisaye et certaines céramiques du Cotentin peuvent cependant atteindre plusieurs milliers d’euros.

Au marché Serpette
Certainement le plus « select » des marchés aux puces de Paris, Serpette est une référence internationale en matière d’antiquités haut de gamme pour une clientèle assez huppée. Les arts décoratifs des XVIIIe, XIXe et jusqu’aux années 1970 y sont bien représentés et sans cesse renouvelés. Les décorateurs et antiquaires français et étrangers, mais également des acteurs américains de passage dans la capitale, aiment y faire leurs emplettes. Le Monde du Voyage d’Alain Zisul (allée 3, stand 15) est une adresse incontournable pour la bagagerie vintage : sacs Hermès, malles Vuitton et Goyard.

Au marché Paul-Bert
Très hétéroclite, le marché Paul-Bert compte plus de 220 stands répartis en 7 allées. Lyon’s Company (allée 6, stand 89) offre du design américain. Chez ABCD (allée 6, stand 226), on trouve des lithographies et sérigraphies de street artists, mais aussi des art toys et des lampes de chirurgien. Les designers viennent à Paul-Bert chercher l’inspiration et les stars adorent y flâner. De jeunes marchands s’installent régulièrement, lançant de nouvelles tendances, tel Archibald (24 ans) au « 7 Paul-Bert » (allée 7), un stand de 120 m2 ouvert mi-septembre, financé par Francis Holder, fondateur des boulangeries Paul, et par François Laffanour (Galerie Downtown), qui a démarré aux puces.

Au marché Vernaison
Avec ses 9 000 m2 et plus de 300 stands, Vernaison, né en 1920, est l’un des marchés historiques des puces. On y trouve un petit pôle de marchands d’arts premiers, notamment Odilon Audouin (allée 6, stand 95), spécialisé dans les appuis-nuque, et Lucas Ratton (allée 1, stand 47), installé depuis 2006. Ce dernier présente des œuvres africaines de grande taille et des objets ethnographiques comme des tabourets, massues, masques, armes, boucliers et instruments de musique. Tous authentiques, c’est-à-dire ayant servi lors de cérémonies rituelles, et dans une fourchette de prix allant de 100 à 15 000 euros. À Paris, il a ouvert en septembre 2012 une boutique (29, rue de Seine), où il expose des pièces plus importantes pour initiés.

Marché aux puces de Paris

Rue des Rosiers, rue Jules-Vallès, rue Lécuyer, 93400 Saint-Ouen, tél. 01 40 11 77 36
www.marcheauxpuces-saintouen.com

Ouvert toute l’année. Le vendredi de 8 h à 12 h, réservé aux professionnels.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°651 du 1 novembre 2012, avec le titre suivant : On trouve tout aux puces

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