Un fonds d’investissement britannique vient d’acquérir Artnet, révélant au passage avoir aussi acheté récemment Artsy.

Alors que le marché mondial des ventes d’art en ligne a chuté de 11 % en 2024, selon le rapport de Clare McAndrew, des fusions-acquisitions entre plateformes - déjà à la peine - étaient attendues. Beowolff Capital vient ainsi d’annoncer le rachat d’Artnet, le leader du secteur. Cette opération, valorisant l’entreprise allemande à 61,8 millions d’euros, intervient après plusieurs années noires pour l’entreprise qui a encore perdu plus de 800 000 € au cours du premier semestre 2024.
Spécialisé dans trois segments – Marketplace (ventes aux enchères), Data (base de prix de référence) et Media (actualité artistique) –, Artnet peine à convertir son audience de 67 millions d’utilisateurs annuels en profits. Malgré un positionnement historique de pionnier (elle a organisé en 2008 ses premières enchères en ligne), la plateforme subit une concurrence accrue, l’érosion des budgets publicitaires et la baisse du marché de l’art.
Beowolff Capital, un fonds d’investissement britannique quasi inconnu dirigé par Andrew Evan Wolf, a acquis 65 % du capital d’Artnet à 11,25 € par action (soit une hausse de 97 % par rapport au cours de mars 2025) et a annoncé son intention de retirer Artnet de la bourse de Francfort où elle est cotée. Ce retrait de la cote (l’action Artnet a été divisée par deux depuis son introduction en janvier 2000) va lui permettre d’échapper à l’obligation de transparence trimestrielle et lui donner les mains libres pour réorganiser ses activités.
La transaction inclut le rachat par Beowolff des 29,99 % d’actions Artnet détenues par Weng Fine Art AG (WFA), mettant fin au long conflit opposant Weng Fine Art à Hans Neuendorf, le fondateur d’Artnet. WFA reprochait au fondateur une perte cumulée de 53 millions de dollars et une gouvernance trop familiale.
On a appris par la même occasion que Beowolff avait aussi acquis récemment Artsy, un autre acteur majeur américain du secteur avec 2,2 millions de visiteurs mensuels et 3 200 galeries partenaires. Fondée en 2009 par Carter Cleveland et soutenue par des investisseurs comme Larry Gagosian, Artsy reste pourtant opaque sur ses résultats financiers, malgré des levées de fonds cumulées dépassant 100 millions de dollars.
En France, les plateformes locales s’adressent plutôt au grand public. La plus connue – Artsper, créée en 2012 – a déclaré un CA de 2 millions d’euros en 2023 pour un résultat légèrement positif. Plus récente (2017), la galerie d’art en ligne Singulart a levé plus de 62 millions d’euros entre 2017 et 2021 mais ne communique aucun résultat depuis 2020 année où l’entreprise affichait un déficit de 3,7 millions d’euros pour un CA de 8,8 M€. Yourart, créée en 2023 par Maurice Lévy, tente difficilement de trouver sa place après avoir acquis Artmajeur. Très volubile lors de l’annonce de sa levée de fonds de 5 millions d’euros, Docent (créée en juin 2023) est depuis plus discrète. Mais ils ne sont pas les seuls, Artfloor, Carré d’artistes (qui dispose d’un large réseau de magasins, comme Yellow Korner un autre acteur de poids), Le Réservoir… tous espèrent se faire une place dans un marché indéterminé qui plus est concurrencé par les acteurs étrangers (Artfinder, Ocula et même Amazon). Des regroupements sont inévitables.
Mais les rapprochements ne finissent cependant pas toujours bien, comme en témoigne la fusion en 2016 d’Auctionata et Paddle8 suivi du dépôt de bilan quelques mois plus tard. Auctionata comptait pourtant des actionnaires prestigieux tels que Bernard Arnault.
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Premier regroupement majeur d’acteurs dans les ventes d’art en ligne
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