Foire & Salon

Les foires off montent en gamme

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2019 - 721 mots

PARIS

En lisière de la Fiac, trois foires comparables par leur taille et leur professionnalisme ont su se distinguer.

Alors qu’Art Élysées, la doyenne des satellites de la Fiac et la plus proche géographiquement, faisait pour sa 13e édition davantage de place à l’art contemporain, et que de son côté Outsider Art Fair, la « foire différente », s’ouvrait timidement à la photo, des foires off plus récentes ont su créer l’événement, tant par leur format que par leur niveau de prestation.

Asia Now

Asia Now (avenue Hoche) joue depuis ses débuts, en 2015, la carte d’un certain raffinement asiatique. Orchidées en pot à chaque palier, paniers vapeur au menu du traiteur installé dans la jolie cour intérieure, partenariat avec une marque de champagne… Incontestablement, il s’agit de la plus luxueuse des foires off parisiennes. Sa programmation multipliait par ailleurs les « plus » : plateforme curatoriale agrémentée de nombreux gadgets high-tech (tel cet « environnement immersif détectant l’activité neurologique des spectateurs »), série de performances, conversations d’experts… Côté galeries, les enseignes européennes constituaient près de la moitié d’une sélection qui en réunissait en tout cinquante, dont trois galeries chinoises, trois japonaises, six coréennes et trois nouvelles participantes venues de Hong-Kong, de Taipei et du Kazakhstan. Malgré ce spectre géographique assez large, c’est dans l’ensemble le conformisme des propositions qui l’emportait, nombre de galeries n’évitant pas l’écueil du kitsch, du néo-pop ou du « à la manière de », tel cet artiste sous influence de Robert Combas présenté par la galerie Le Réservoir (Sète). On s’est cependant arrêté sur le stand de Gingko Space (Pékin), de retour sur la foire avec entre autres Chen Ruo Bing, reconnaissable à ses grilles géométriques colorées, et Dong Dawei. Station prolongée également sur l’espace de la galerie parisienne de Pierre-Yves Caër (Paris), qui confirmait son tropisme japonais avec un stand dédié au peintre Joji Nakamura. Héritier à sa façon du mouvement Gutai, ce plasticien travaille vite et à mains nues une peinture matiériste qui n’autorise aucun repentir. Ses toiles, à peine sèches, se vendent autour de 7 000 euros.

Paris Internationale

À cinq minutes à pied, Paris Internationale (rue Alfred-de-Vigny) affichait son partenariat avec une griffe de maroquinerie de luxe et une clientèle branchée venue aussi bien du monde de l’art que de celui de la mode. C’est ici que l’on a le plus de chance de repérer, ou de revoir, quelques-uns des jeunes artistes les plus intéressants de leur génération. On retiendra le trouble et l’ambivalence qui se dégageaient aussi bien des dessins au feutre sur impression PVC de Catherine Biocca chez Greengrassi (Londres) que des peintures aux larges aplats de couleur de Prudence Flint chez Mother’s Tankstation (Londres), ou encore des sculptures associant l’acrylique et le cuivre d’Aleksandra Domanovic sur le stand de Tanya Leighton (Berlin). Même tension dans les étranges découpages à base de motifs animaliers de Robert Brambora promu par la galerie Sans titre (Paris), qui venait juste d’ouvrir son adresse rive droite. Jouant sur les relations étroites qu’entretiennent l’artisanat et l’art, Julien Monnerie était présent avec, entre autres, des sculptures bijoux en laiton et cuivre aux finitions brutes qui accrochaient le regard sur le carrelage immaculé dans la salle de bain occupée par Shivers Only, projet curatorial nomade fondé par l’artiste Hubert Marot.

Galeristes

Sous la houlette de Stéphane Corréard, cette manifestation a trouvé sa place au Carreau du Temple pendant la semaine de la Fiac en doublant sa fréquentation par rapport à ses trois éditions précédentes. Métallique et « durable », la très belle scénographie de l’architecte Dominique Perrault privilégiait pour plus de fluidité l’absence de démarcation entre les stands, un parti-pris de la foire, au risque d’une certaine confusion. Grande nouveauté cette année, le parcours dédié à seize artistes de la scène française à travers des « micro-Solo Shows » ceignant sur des cimaises blanches le secteur principal. Cette façon de mettre en exergue quelques références majeures (Gilles Aillaud, Pierre Bioulès, Pierrette Bloch, François Morellet, Vera Molnár, Nathalie du Pasquier…) ou d’autres plus confidentielles (Pierre Célice, Ghérasim Luca…) autorisait un va-et-vient stimulant du regard du centre vers la périphérie, tout en atténuant les propositions plus faibles de la foire. Accessoirement, Galeristes a permis cette année de découvrir Homaar, une nouvelle maison d’édition créée par Jeremy Planchon, qui commercialisait pour son premier projet des tirages en 100 exemplaires de photographies inédites signées Mohamed Bourouissa, ainsi que des t-shirts sérigraphiés, certifiés et numérotés.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°532 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Les foires off montent en gamme

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