Les commissaires-priseurs éjectent les grandes maisons du Conseil

Henri Paul, le président de ce qui va devenir à l’automne le Conseil des maisons de ventes, s’interrogeait publiquement dans Le Journal des Arts il y a un peu plus d’un an sur les conséquences de l’élection des représentants des commissaires-priseurs au Conseil : « Ce mode de désignation ne risque-t-il pas d’exclure la présence des grandes maisons anglo-saxonnes ? »

Sa prophétie en forme de question s’est réalisée puisque aucun candidat de Christie’s ou Sotheby’s n’a été élu jeudi 29 juin 2023, alors que dans le précédent Conseil figurait Cécile Verdier de Christie’s. Même le candidat d’Artcurial a été battu. Seul rescapé du Top 10 des opérateurs : David Nordmann (Ader) qui faisait binôme avec Violette Stcherbatcheff de l’étude Giquello. Les commissaires-priseurs se sont fortement mobilisés pour cette élection en ligne avec un taux de participation de 67 %.

La loi de février 2022, complétée par le décret de février 2023 a en effet institué un nouveau mode de désignation des membres du Collège. Alors qu’auparavant ils étaient tous désignés, le Collège comporte deux sous-groupes : 6 commissaires-priseurs dorénavant élus et 5 personnalités qualifiées qui elles restent désignées par les pouvoirs publics.

Par ailleurs, la loi a modifié le poids des commissaires-priseurs qui sont aujourd’hui majoritaires, ce qui fait craindre à certains que le Conseil devienne une instance de lobbying s’écartant de sa mission d’autorité de régulation.

On relève à cet égard plusieurs revendications dans les professions de foi des commissaires-priseurs élus. Ces derniers veulent revoir les accords avec l’ADAGP, développer un partenariat avec l’Office centrale de lutte contre le trafic de biens culturels, instaurer des rapports apaisés avec le Symev le syndicat des maisons de ventes, redimensionner le budget du Conseil (comprendre diminuer les cotisations), alléger le système de plaintes des usagers…