Art non occidental

Les arts du Congo

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 22 mai 2018 - 735 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

Collectionner -  Depuis maintenant trente-cinq ans, le mois de juin dans le quartier du Sablon à Bruxelles est le théâtre de diverses manifestations artistiques.

Tout a commencé en 1983, lorsque Pierre Loos lance Bruneaf (Brussels Non European Art Fair), la première foire d’art tribal au monde. En 2003, elle est rejointe par BAAF (Brussels Ancient Art Fair) regroupant des marchands spécialisés en archéologie. Dix ans plus tard, la foire AAB (Asian Art in Brussels) rejoint le quartier. Pendant trois ans, ces foires se tiennent indépendamment les unes des autres au Sablon, puis, en 2016, elles décident d’unir leurs forces en se ralliant sous une même bannière. Ensemble, elles créent « Cultures », coordonnent leur date, leur communication et éditent un catalogue en commun. Dans cette synergie, Bruneaf conserve une place de choix : plus ancienne foire, elle est aussi la plus fournie avec trente-trois exposants, quand l’art ancien en comprend dix et l’art asiatique, neuf. Et, au sein même de cette discipline, l’art du Congo est prépondérant. « De par son histoire – le Congo est une ancienne colonie belge –, il y a toujours et encore un fonds important de collectionneurs d’art du Congo en Belgique depuis les années 1920-1930. C’est aussi ce que présentent en majorité les marchands à Bruxelles », commente Bernard de Grunne, marchand à Bruxelles et l’un des spécialistes mondiaux de l’art du Congo.

Deuxième pays le plus vaste d’Afrique, le Congo regroupe plusieurs centaines d’ethnies qui ont produit une grande diversité de masques, statuettes et autres objets. Les plus connues sont les Kongo, Lega, Luba, Hemba, Songyé, Tchokwé… avec des classiques comme les fétiches à clous Bakongo, les statuettes magiques Songyé ou la statuaire d’ancêtres Hemba. « C’est un secteur porteur du marché avec de très beaux prix dès qu’il y a un bel objet », souligne Bernard de Grunne. « C’est le pays qui offre la plus grande diversité stylistique. On y trouve les plus grands créateurs des arts d’Afrique avec une longue tradition artistique. Les œuvres qui allient ancienneté et qualité sont très recherchées », note Alexis Maggiar, spécialiste international en art d’Afrique et d’Océanie chez Sotheby’s.
 

« Cultures, The World Arts Fair »,
du 6 au 10 juin 2018. Parcours libre dans les galeries balisées du Sablon, Bruxelles.

 

85 000 €
Statuette Songyé.
Cette statuette magique appelée nkishi provient de la tribu des Songyé. Les statuettes de petite taille, utilisées pour l’usage personnel d’une famille ou d’une personne, sont le produit du talent de deux spécialistes distincts, le « prêtre » rituel, aux pouvoirs bénéfiques et thérapeutiques, et le sculpteur. Cette œuvre récoltée par M. Camille Biquet avant 1946 « fait partie d’un corpus restreint d’une demi-douzaine de statuettes de la même main avec une patine suintante et une élégante coiffure qui s’évase », rapporte le marchand.
Galerie Bernard de Grunne, Bruxelles.

7 500 €
Fétiche. 
Les fétiches sont emblématiques de l’art africain. Ils étaient considérés comme le support ou l’incarnation de puissances supra-humaines et, en tant que tels, doués de pouvoirs magiques. Ce fétiche archaïque mêle la délicatesse du style des Vili, notamment au niveau des très fines scarifications frontales, à l’autorité hiératique des fétiches Bwende traditionnellement bien campés sur leurs jambes. La patine d’usage laquée atteste du vécu rituel et magique de l’objet sur plusieurs générations.
Galerie Renaud Vanuxem, Paris.

3 675 000 €
Masque Lega. Ce masque est un record pour une œuvre Lega, ce peuple forestier d’Afrique centrale, établi principalement en République démocratique du Congo, à l’est du fleuve Congo. Issu de la collection Adolphe et Suzanne Stoclet (Bruxelles), il a fait partie de l’exposition mythique organisée au MoMA, à New York, « African Negro Art », en 1935. « Le peuple Lega, en dehors du Bénin et des Yoruba du Nigeria, est la seule ethnie qui a produit des masques en ivoire. Pourquoi ? Cela reste un mystère, même si la région comptait beaucoup d’éléphants », raconte Bernard de Grunne.
Sotheby’s Paris, 22 juin 2016.
35 000 €
Harpe Zande. Pour cette 3e édition, la Galerie Didier Claes propose une exposition de harpes aux formes élégantes et aux ornements finement sculptés. La plupart des cordophones sélectionnés pour cette présentation (une dizaine) proviennent d’Afrique centrale. Il est possible d’acquérir l’un de ces objets pour des prix allant de 12 000 à 40 000 euros. Cette harpe Zande est un bel exemple des instruments de musique qui ont séduit les premiers visiteurs occidentaux de l’Afrique centrale à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Galerie Didier Claes, Bruxelles.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Les arts du Congo

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