Foire & Salon

ANTIQUITÉS

Les antiquités en mode majeur

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2017 - 888 mots

Le mobilier et les objets d’art ancien représentent de loin le secteur le plus fourni de la Biennale Paris en comparaison des arts du XXe mal représentés cette année, et redonnent au salon sa patine d’autrefois.

Paris. Si la Biennale 2016 s’était ouverte davantage à l’art moderne et contemporain avec la présence des galeries Daniel Templon ou Landau, il n’en est rien cette année. Retour aux sources en quelque sorte, puisqu’à l’origine il s’agissait d’un salon d’antiquaires au sens strict du terme. Dans cette nouvelle édition, les arts décoratifs anciens dominent. Ils sont une quarantaine de participants à défendre ce pan du marché, soit 43 %, quand les arts du XXe et le design représentent environ 30 %.

En matière de mobilier, la section est stable. Ce domaine, qui n’a pas été épargné l’an dernier à la suite des affaires des faux meubles de Versailles, avait vu les galeries Kraemer et Aaron, partie prenantes, s’abstenir et venir grossir la liste des « déserteurs » après les galeries Kugel, Aveline ou Anne-Marie Monin. Cette année, ils sont onze exposants contre huit l’an passé. Tandis que Sylvie Lhermite-King n’est pas revenue ni la galerie Chadelaud, les galeries Berger, Costermans (Bruxelles) et Linossier font leur entrée. « Je souhaite toucher une autre clientèle grâce à cette première participation. Si le marché du mobilier XVIIIe a été pénalisé l’an dernier, il est reparti depuis six mois pour les meubles de collection. Aussi, nous avons davantage de clients pour des pièces à 200 000 euros que 10 000 euros », indique Gilles Linossier qui est venu avec un bureau dos d’âne d’époque Louis XV de Péridiez (40 000 à 60 000 €) et une petite table de RVLC. Petite surprise, Philippe Perrin effectue son retour, « par fidélité envers [ses] amis qui ont œuvré pour cette édition », explique-t-il. Il montre ainsi un bureau plat « à la grecque » de Simon Oeben, vers 1770 (entre 500 000 et 1 M€). La galerie Berger (Beaune) revient après plus de vingt ans d’absence avec une commode de BVRB, époque Louis XV, qui fait partie du corpus de meubles livrés à la résidence de Munich, Palais du prince électeur de Bavière (90 000 €). D’autres œuvres sont à découvrir comme un ensemble de cinq chaises de salle à manger en acajou attribuées à Jacob, fin XVIIIe, au-dessus de 150 000 euros (galerie Léage) ou bien une paire de fauteuils du même auteur, livrés en 1781 au Comte de Provence pour le château de Brunoy, présentés par la galerie Pellat de Villedon (50 000 à 70 000 €). Le mobilier Haute époque, se réduit, lui, comme peau de chagrin, car seule l’enseigne londonienne Mullany le représente, Gabrielle Laroche ayant déclaré forfait.

Des tapisseries du XIIe siècle

Concernant les objets d’art, une dizaine de galeries – en plus de celles énoncées ci-dessus – en exposent, alors même que certaines enseignes ont disparu de la liste comme Brun Fine art, Bernard De Leye, Dragesco-Cramoisan ou encore Alberto di Castro. Il ne faut pas manquer d’admirer une paire de torchères à douze lumières en bronze doré et patiné, par Thomire, provenant de la collection Demidoff au Palais de San Donato à Florence (Steinitz) ; un objet votif en ivoire de Goa du XVIIe finement sculpté représentant l’Enfant Jésus au Bon Pasteur présenté par une nouvelle recrue, la galerie São Roque de Lisbonne (625 000 €) ; une importante garniture de cheminée en bronze doré par Barry pour Isaac Pereire (Univers du bronze) ou encore un ensemble de quatre tapisseries présenté par la galerie Chevalier et tissé pour Colbert – une réédition de la Manufacture des Gobelins entre 1665 et 1673 de la fameuse Tenture des Chasses de Maximilien (tissée à Bruxelles et conservée au Musée du Louvre). Cet ensemble a également appartenu à Bill Gates (et vaut plusieurs millions d’euros). L’archéologie, elle, compte cinq enseignes contre quatre l’an passé sans toutefois les galeries Chenel et Harmakhis. Pour sa première participation, la galerie Eberwein dévoile un masque de momie avec polychromie d’origine, Égypte, époque Ptolémaïque, IIIe-IIe siècle av. J.-C. (entre 150 000 et 200 000 €), tandis que la galerie Kevorkian montre une ­statue de guerrier en terre cuite, ­civilisation de Marlik (Iran), fin du IIe millénaire av. J.-C. (entre 500 000 et 900 000 €).

Tout aussi fournie, la section des sculptures européennes, même si elle souffre de l’absence des Anglais Tomasso Brothers ou de la galerie Malaquais, donne à voir un saint Paul en marbre, Ferrare ou Venise, fin XIIIe-début XIVe chez Sismann (85 000 €) ou Le Roi de Rome en saint Jean-Baptiste, un marbre d’Antonio Canova (1757-1822) à la galerie Trebosc & Van Lelyveld.

L’art tribal toujours présent

La Biennale accueille aussi plusieurs galeries spécialisées en arts extra-européens. L’art tribal est à découvrir sur quatre stands (Yann Ferrandin, Jean-Baptiste Bacquart, Mermoz et Meyer). Anthony Meyer centre son exposition autour d’un ensemble de sculptures provenant des grottes de la rivière Korewori en Nouvelle-Guinée, alors que Yann Ferrandin expose le masque Kifwebe, culture Luba-Songye (RDC), de l’ancienne collection Lefebvre-Foinet. Quant aux arts d’Asie, le secteur a dû faire face à plusieurs défections de taille, dont Jean-Christophe Charbonnier, Gisèle Cröes ou Antoine Barrère. Éric Pouillot qui n’était pas revenu depuis 2014 présente un cheval en terre cuite, dynastie Wei du Nord (386-535) tandis que Christophe Hioco expose un Bodhisattva Maitreya en schiste, Gandhara, IIe-IIIe siècle (environ 80 000 €).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : Les antiquités en mode majeur

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