Ventes aux enchères

L’art chinois fait moins recette en Chine et ailleurs

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 7 décembre 2020 - 671 mots

MONDE

Les ventes aux enchères mondiales d’art chinois ont baissé de 10 % en 2019, atteignant leur plus bas niveau depuis 2010.

Sanyu, Five Nudes, années 1950, huile sur masonite, 120 x 172 cm. Il s'agit de l'oeuvre la plus chère vendue en Asie en 2019. © Christie's Images Ltd 2020
Sanyu, Five Nudes, années 1950, huile sur masonite, 120 x 172 cm. Il s'agit de l'œuvre la plus chère vendue en Asie en 2019.
© Christie's Images Ltd 2020

Monde. Artnet, la plateforme en ligne dévolue au marché de l’art, vient de publier en collaboration avec China Association of Auctioneers (CAA) – la seule association nationale consacrée aux ventes aux enchères en Chine – un rapport détaillé sur le marché global des ventes aux enchères d’art et antiquités chinois pour l’année 2019. Selon ce rapport, les ventes aux enchères d’art chinois dans le monde ont totalisé 5,7 milliards de dollars (soit 4,8 Md€) en 2019 contre 6,4 milliards (soit 5,4 Md€) en 2018, soit une baisse de 10 %. Il s’agit là du plus bas total depuis 2010 (6,2 M$). « Cette contraction du marché est due à plusieurs facteurs : les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, un ralentissement continu de la croissance du PIB en Chine et la crise politique qui a secoué Hongkong », analysent les auteurs du rapport.

Les ventes aux enchères en Chine continentale ont également diminué de 10 % pour atteindre 3,7 milliards de dollars (3,1 Md€), soit leur niveau le plus bas depuis 2010. « Les tendances observées en Chine continentale reflètent le comportement du marché mondial des beaux-arts dans son ensemble », indique le rapport. Les ventes totales d’art aux États-Unis et au Royaume-Uni ont effectivement chuté respectivement de 15 % et 16 % de 2018 à 2019. En revanche, « la France a enregistré de très bons résultats, avec une croissance de 49 % en un an, un changement attribué par certains aux conséquences du Brexit ». Quant au reste du continent asiatique, il a aussi subi une baisse de 11 %.

Le rapport s’est également penché sur les différences significatives existant entre les régions du monde en matière de lots offerts et de lots vendus dans la catégorie. Selon lui, la part du marché européen a progressé de 18 à 29 %, avec un fort taux de vente (61 %). Côté américain, les ventes d’art et d’antiquités chinoises ont diminué de 6 % – la part des États-Unis ayant chuté de 41 à 32 % en 2019. En cause notamment, la guerre commerciale menée par l’administration de Donald Trump contre Pékin. En Asie, la part de marché qui représentait près de 50 % à son apogée en 2014 est tombée à 39 % l’an dernier, sous l’influence du fléchissement de la croissance économique de la Chine et de l’évolution du paysage géopolitique. « La combinaison de ces ralentissements a entraîné un affaiblissement de la confiance des collectionneurs et une attitude plus prudente des acheteurs désireux d’investir dans l’art en 2019 », ont observé les auteurs du rapport.

Peinture traditionnelle et calligraphie en chute

Malgré tout, le volume des transactions en matière d’art moderne et contemporain chinois dans le monde a connu une forte croissance en 2019, atteignant son plus haut point depuis 2011, grâce à « l’enthousiasme indéfectible d’une jeune génération de collectionneurs chinois », selon le rapport. Le prix moyen pour les œuvres de cette catégorie a également bénéficié d’une hausse de l’ordre de 23 %. En revanche, le marché de la peinture chinoise traditionnelle et de la calligraphie a continué de régresser, atteignant son plus bas niveau depuis 2013. Le nombre de lots vendus pour cette catégorie a baissé de 10 % par rapport à 2018, tandis que la valeur totale des ventes a diminué de 12 %.

Par ailleurs, le marché ultra haut de gamme, soit les lots vendus à 100 millions de yuans et plus (14,4 M$) a diminué de près d’un tiers, notamment en raison d’une contraction de l’offre.

Pour finir, le rapport a publié un Top 50 des maisons de ventes proposant de l’art et des antiquités chinoises. Poly International et China Guardian continuent d’occuper les deux premières places du podium, totalisant 1,61 milliard de dollars (soit 1,3 Md€, +3 %). Quant à Christie’s Hong Kong et Sotheby’s Hong Kong, elles ont enregistré une contraction de leurs ventes de 11 %. C’est pourtant Christie’s Hong Kong qui a vendu l’œuvre la plus chère en Asie en 2019, Five Nudes, de Sanyu [voir ill.], pour 38,8 millions dollars (32,6 Md€).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°556 du 27 novembre 2020, avec le titre suivant : L’art chinois fait moins recette en Chine et ailleurs

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