Foire & Salon

A chaud

Lancement réussi pour la nouvelle Biennale

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 12 septembre 2016 - 936 mots

PARIS

PARIS [12.09.16] - Dans un contexte marqué par les affaires et la volonté de se réinventer, la foire d’antiquaires –qui devient annuelle- a réussi son examen de passage, malgré un nombre limité de pièces d’exception.

L’ouverture de la Biennale s’est déroulée en tenue de gala avec le dîner préparé par Guy Savoy le jeudi 8 septembre, marquant le début de 9 jours d’exposition. Sous la coupole du Grand Palais savamment éclairée, les convives ont pris place aux tables disposées devant chaque stand. « J’étais un peu angoissé juste avant l’arrivée des invités mais quand j’ai vu les gens s’extasier, j’ai tout de suite été rassuré », confiait Dominique Chevalier, président du Syndicat national des antiquaires, organisateur de l’événement.

La scénographie signée Nathalie Crinière a été unanimement appréciée. « Epurée », « élégante », « très contemporaine », « sobre », « discrète », ces adjectifs qui qualifient désormais le répertoire décoratif des foires d’art à l’image de la Tefaf de Maastricht, fusaient de toutes parts. « Ce décor, universel, permet précisément aux visiteurs de l’oublier et de se concentrer sur le contenu », commentait Guillaume Léage. Particulièrement remarqués, les jeux de reflets des miroirs posés de biais au centre de la rotonde qui réfléchissent la magnifique coupole centrale de la verrière. Le plan au sol a été redéfini, permettant une plus grande égalité entre les stands et la circulation s’organise de façon plus fluide.

Et puis sans les grands joailliers qui occupaient des espaces démesurés dans les Biennales précédentes, les antiquaires reprennent la main. En contrepartie, le dîner de gala comptait moins de personnes qu’il y a deux ans (environ 1050 personnes) puisque ces joailliers amenaient une armada de gros clients internationaux. On parlait donc surtout français mais aussi italien et un peu américain dans les allées. Quelques asiatiques et russes déambulaient également entre les stands.

Le salon d’honneur à l’étage, reste cependant toujours à l’écart. « Je suis un peu déçu d’être en haut mais ça va. Le souci c’est que depuis le rez-de-chaussée, aucune indication n’informe que l’exposition se poursuit à l’étage », se désole Charly Bailly, d’autant plus que l’escalier est caché par le décor. « Cela devrait être amélioré », a indiqué Dominique Chevalier. Puisque le décor ou une partie de celui-ci devrait être réutilisé l’année prochaine – la manifestation devant annuelle - il faudra également revoir la vue d’ensemble depuis la balustrade du salon d’honneur. Il faut noter un soin particulier apporté à la décoration de ce premier étage qui accueille notamment l’exposition de 34 pièces exceptionnelles du XVIIIe siècle issues du Musée de l’Ermitage, tel le brûle-parfum en argent, de Pierre Filacier.

En écho à cette scénographie habilement orchestrée, de nombreux marchands ont soigné leur décoration. La galerie Delalande imite ainsi l’intérieur d’un navire, tandis que les boiseries de style pompéien dans la première pièce de la galerie Léage sont une merveille comme celles de la galerie Steinitz, ou le plafond du stand de la galerie Röbbig à l’imitation de celui du Panthéon à Rome ou encore le stand d’Antoine Barrère, mis en musique par François-Joseph Graf représentant pour moitié un temple asiatique et pour l’autre une rue commerçante et ses lampions.

Mise à part quelques galeries de faible niveau, venues compléter les espaces vacants, les objets exposés sont de qualité, même s’il n’y a pas profusion de chefs-d’œuvre. Parmi les pièces remarquables, on note une guanyin délicatement sculptée en marbre blanc dans son jus à plus d’un million d’euros présentée par Antoine Barrère ; Cité fantoche, de Dubuffet, 1963 (13,4 millions d’euros) est à acquérir chez Landau ; une commode de Pierre Macret en laque de Chine, XVIIIe, proposée à 800 000 euros chez Röbbig, un vase monumental de Denière chez Steinitz, une statue d’Empereur romain en marbre, Ie-IIe siècle (affichée à 850 000 euros) sur le stand de la galerie Chenel. La galerie Léage montre une commode du début du XVIIIe en bois de placage, dont la construction a probablement été commencée par Joseph Poitou et terminée par Charles Cressent qui a repris son atelier à sa mort (entre 600 et 800 000 euros) ; le célèbre lampadaire « Religieuse » de Pierre Chareau exécutée en 1927 pour le Grand Hôtel de Tour ou encore des tables gigogne de Dunand laquées et recouvertes de coquille d’œuf (autour de 500 000 euros) sont à voir chez Marcilhac. Gabrielle Laroche, revenue à la Biennale présente un cabinet de boiserie du Val d’Aoste, fin XVe, qui a conservé sa polychromie d’origine (110 000 euros), tandis que le nouveau venu Daniel Templon expose une sculpture d’Yves Klein (en vente à 1,1 million d’euros), et que la galerie de la Béraudière met en vente pour 7,5 millions d’euros une Jeune fille à la frange, 1917, de Modigliani. François Laffanour montre, lui, une bibliothèque murale de Jean Prouvé, vers 1935, une pièce unique (400 000 euros).

Dès l’ouverture, les exposants ont vendu quelques pièces, à l’instar de Franck Prazan avec une composition de Nicolas de Staël ; Gisèle Croes a cédé une pierre monumentale de lettré, dont on ignore l’époque (50 000 euros) et une hache cérémonielle en bronze avec traces de polychromie du XIVe siècle av JC (400 00 euros). « Nous avons très bien vendu et avons beaucoup de touches, dont un musée français qui a repéré plusieurs objets », annonçait fièrement Jean-Pierre Montesino (galerie Cybèle), qui a cédé un masque de momie d’époque gréco-romaine (autour de 50 000 euros) et une Maternité en terre cuite, Nouvel Empire, XVIIIe dynastie, 1 500 av J.-C., achetée par un grand collectionneur suisse (aux alentours de 75 000 euros). La manifestation se poursuit jusqu’au 18 septembre.

Légendes photos

Jeu de miroirs et allée dans la nef du Grand Palais lors de la Biennale des Antiquaires 2016 © photos LeJournaldes Arts.fr

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