Antiquaire - Foire & Salon

Métamorphose

La mue de la Biennale des antiquaires

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 2015 - 719 mots

PARIS

Les changements annoncés pour la nouvelle « Biennale » des antiquaires marquent une rupture radicale avec la précédente édition. Bob Vallois ne veut plus y participer.

PARIS - Depuis son élection à la présidence du Syndicat national des antiquaires (SNA) en octobre dernier, Dominique Chevalier a lancé plusieurs projets pour redynamiser la Biennale. Le premier a été la nomination mi-mai d’Henri Loyrette, ancien directeur du Musée du Louvre, en tant que président dès 2016. Sa mission ? Présider la commission de sélection. « Ce ne sera plus le président du SNA qui décidera de qui vient ou ne vient pas exposer », souligne Dominique Chevalier. Plus de fait du prince. Sa connaissance du terrain et des marchands internationaux doit également accentuer le rayonnement international de l’événement.

S’aligner sur Londres et Maastricht
Le deuxième acte fort a été le vote fin juin de l’annualité de la Biennale, une décision qui divise. « Une biennale est un modèle dépassé ! », critiquait Santo Micali (galerie Mermoz, Paris). « Cette nouvelle périodicité, effective en 2017, va permettre d’être au même niveau que Tefaf de Maastricht, Frieze Masters et Masterpiece de Londres », explique Dominique Chevalier. L’organisation d’une manifestation annuelle, comme le font les autres pays, permet en outre d’éluder la question des stocks. Le galeriste Franck Prazan commente de son côté : « J’étais favorable à une biennale qui faisait de l’événement une chose un peu exceptionnelle, se démarquant des foires concurrentes. Maintenant que l’annualité a été votée, il va falloir voir comment ce salon annuel va exister, en l’absence du mot “Biennale”, qui fonctionnait comme une marque. » La manifestation va également être écourtée, de douze à neuf jours, pour dynamiser l’événement.

Baisse des coûts, mais pas de la qualité
Grâce à l’annualisation, les coûts devraient baisser (avant, il fallait engranger suffisamment d’argent nécessaire à la vie du syndicat pendant deux ans), d’autant plus que le salon Paris Beaux-Arts lancé en avril dernier est suspendu. « Cette non-répétition annuelle occasionnait des frais importants. Par exemple, les stands pourront être conservés d’une année sur l’autre alors qu’une année sur deux, ce n’est pas envisageable », indique Dominique Chevalier. De même, le prix du mètre carré sera revu à la baisse, de 1 200 à 900 euros, un tarif encore deux fois plus cher que Tefaf. Cette baisse des tarifs permettra par ailleurs d’accueillir plus d’exposants, moins rebutés par les prix. L’édition 2014 n’avait réuni que 64 antiquaires, trop peu pour attirer des visiteurs étrangers. Aussi, la manifestation comptera dorénavant entre 100 et 120 antiquaires. « Le niveau des exposants est la seule question qui importe ! », rappelle Franck Prazan. Libérer de la place nécessitera de revoir le plan au sol mais une diminution du nombre des joailliers devrait y aider. Trop nombreux lors de l’édition 2014 (14), brouillant l’image de la foire, « ils seront certainement sept à huit tout au plus », précise Dominique Chevalier. Un des points de friction important touchait à l’organisation de la Biennale : devait-elle être confiée à un organisateur extérieur ? Le SNA a tranché et a choisi Reed Expositions, leader mondial, qui organise déjà la Fiac ou Paris Photo. Cette vision neutre va permettre d’éviter l’entre-soi, lors de l’allocation des stands notamment. « Une biennale coûte des fortunes mais rapporte aussi des fortunes ! J’ai le sentiment que la Biennale a été vendue à un organisateur qui va faire des économies sur tout. Adieu le luxe. Tout le métier est tiré vers le bas », lance le galeriste Robert Vallois.
Les autres réformes restent à l’état de souhaits, notamment l’accueil de marchands étrangers plus nombreux (dix-neuf en 2014). « Nous voudrions qu’il y en ait au moins 40 % », précise Dominique Chevalier. Certaines spécialités, comme la Haute Époque, devraient également venir, ou être renforcées, comme le mobilier XVIIIe et les tableaux anciens. Ces mesures divisent. Ainsi, Robert Vallois, un des exposants phare de la Biennale, annonce qu’il ne souhaite plus y participer. « 120 exposants au Grand Palais, cela va perdre tout son charme. À Maastricht, ils sont 260 alors il n’y a pas que de la qualité. Et si l’événement est raccourci, le prestige de la Biennale va en pâtir. Elle sera du niveau du marché aux puces ! »

Le SNA a un an pour tout mettre en place. Pas simple.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°440 du 4 septembre 2015, avec le titre suivant : La mue de la Biennale des antiquaires

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