Foire & Salon

PARCOURS EN EXTÉRIEUR

Fiac 2018 : Hors les murs fait son show

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2018 - 928 mots

PARIS

Ce sont des œuvres à la mesure du prestige des sites qui les accueillent dans la capitale qui dessinent le parcours en marge du Grand Palais voulu comme une invitation au dialogue avec le patrimoine parisien.

La grande innovation cette année de la programmation de la « Fiac Hors les Murs » est indéniablement l’occupation d’un site inédit : la place de la Concorde, tout du moins une partie, celle qui se trouve en prolongement direct du jardin des Tuileries, le site historique du parcours Hors les murs de la Fiac lancé en 2006 à l’occasion du retour de la foire au Grand Palais, après son purgatoire à la porte de Versailles. À l’emplacement où se dressait encore récemment la grande roue est ainsi présenté un parcours d’architecture, « un village éphémère de structures architecturales », selon les termes mêmes de Jennifer Flay (la directrice de la foire) et de Blanche de Lestrange (directrice adjointe en charge de la programmation artistique). Ce n’est pas la première fois que la foire s’intéresse à cette discipline, dont elle a déjà montré ponctuellement des exemples depuis 2010 dans les allées du jardin. Mais elle n’avait encore jamais réuni un ensemble aussi important et significatif, composé de cinq constructions éphémères, dont deux écoles de Jean Prouvé, l’une (l’Institut Fénelon) présentée par François Laffanour de la galerie Downtown et l’autre (l’école de Villejuif) par Patrick Seguin, qu’accompagnent une maison-bulle des années 1960 de Jean Maneval (Jousse Entreprise), et deux installations de Kengo Kuma (illustration ci-dessus) et Claude Parent (proposées par Philippe Gravier).

Pour la septième année consécutive, la place Vendôme constitue un autre point fort du parcours. Après Jaume Plensa, Tadashi Kawamata, Paul McCarthy (dont le « plug anal » avait fait scandale), Dan Graham, Ugo Rondinone et Oscar Tuazon, la place accueille le duo d’artistes (danois et norvégien, installés à Berlin) Elmgreen & Dragset. Ce sont eux qui, le temps d’une soirée, il y a deux ans, peu avant la foire, avaient reconstitué le stand de leur galeriste Emmanuel Perrotin, à l’identique et à sa place habituelle au beau milieu d’un Grand Palais entièrement vide. Intitulée To Whom It May Concern, l’installation qu’ils présentent ici (déjà acquise par la collection Dragonfly, au Domaine des Étangs à Massignac, en Charente) se compose de cent étoiles de mer en bronze patiné en rouge, disséminées, comme échouées sur toute la place, en signe du réchauffement climatique et de la disparition des espèces.
 

Le jardin des Tuileries, théâtre des nouveautés

Comme chaque année, les nouveautés sont également à chercher du côté des artistes et des œuvres exposés au sein même du jardin des Tuileries. Parmi les vingt-deux sélectionnés pour ce cru 2018, citons la grande installation de Pablo Reinoso (galerie Waddington Custot, Londres) spécialement produite pour l’occasion et composée de huit sièges en acier (de huit mètres de haut), à l’assise impossible, puisqu’ils sont disposés au beau milieu du bassin octogonal – l’artiste a réalisé une autre sculpture, une arche où les gens sont invités à venir s’embrasser, devant le Petit Palais, dans le cadre de Fiac Projects. De son côté, Olivier Mosset (galerie Torri, Paris) présente cinq motos qu’il a repeintes, des Harley Davidson de sa fameuse collection. Une importante sculpture, Dorit (6 mètres de hauteur) de Franz West (galerie Venus Over Manhattan, New York, Los angeles), composée de boules roses, est érigée à l’entrée des jardins côté place Concorde, en parallèle à la rétrospective que lui consacre le Centre Pompidou. Un immense (de 7,72 mètres de hauteur et 7,62 mètres de circonférence) stabile-mobile de Calder (galerie Van de Weghe, New York), le premier qu’il a réalisé, est également de sortie. Il restera même à son emplacement pendant un an. Un peu plus loin, on retrouve Richard Long (galerie Tucci Russo, Turin), qui était déjà présent pour la première édition aux ­Tuileries en 2006, mais cette fois avec une installation qui mêle deux couleurs de pierre, l’une dessinant une forme dans l’autre. Une nouvelle œuvre de Thomas Schütte (galerie Pietro Sparta, Chagny, illustration p. 20) est également dévoilée. L’œuvre performative et déambulatoire de Paulo Nazareth (galerie Mendes Wood DM, São Paulo, Bruxelles et New York), quant à elle, ne sera visible que le mardi 16 octobre, lors de l’après-midi d’inauguration, puisqu’elle consiste en une procession de cinq heures, composée par une quinzaine de migrants d’origine africaine en train de moudre du café. Dans un autre quartier, rue de Fürstenberg dans le 6e arrondissement, le Musée national Eugène Delacroix qui participe au parcours pour la quatrième année, en collaboration avec le Musée du Louvre, accueille deux sculptures – une dans le jardin, l’autre dans l’atelier – de l’artiste anglaise Rebecca Warren (galerie Max ­Hetzler).

Comme chaque année la Fiac présente aussi des œuvres « plus immatérielles », comme le souligne Blanche de Lestrange, avec les performances du programme « Parades for Fiac » qui s’intéresse aussi à la danse contemporaine et propose diverses conférences, chaque soir pendant la durée de la foire au Palais de la Découverte, au Grand Palais, au Petit Palais, au Musée de l’orangerie et au Centre Pompidou. Sans oublier non plus la 9e édition du Cinéphémère qui, en collaboration avec la Fondation d’Entreprise Ricard, présente en accès libre et gratuit dans un conteneur installé le long du Grand Palais, avenue Winston Churchill, une trentaine de films d’artistes sélectionnés par la commissaire Natasa Petresin-Bachelez. Enfin, juste à côté, sur la façade du Grand Palais, seront pour la première fois projetées tous les soirs, de 19h à 1h du matin, des mapping vidéos (fresque lumineuse) de Will Benedict, Claude Closky, Isabelle Cornaro… On l’aura compris, ce n’est plus un parcours, mais un marathon.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°508 du 5 octobre 2018, avec le titre suivant : Fiac 2018 : Hors les murs fait son show

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