En marge d’Art Basel Paris, des ventes publiques mesurées

Paris. Comme à l’accoutumée, les maisons de ventes programment des vacations en marge d’Art Basel Paris. L’afflux de collectionneurs et de professionnels internationaux dans la capitale constitue en effet une fenêtre stratégique, permettant d’inscrire leurs catalogues dans le calendrier du marché.

Pour cette session de ventes, Sotheby’s et Christie’s attendent un résultat global de plus de 120 millions d’euros. L’an passé, elles en avaient engrangé 144,6 millions.

Christie’s organise quatre ventes, comprenant environ 300 lots en tout, pour une estimation de plus de 71 millions d’euros. En 2024, elle avait récolté 82 millions d’euros. Le 23 octobre, elle disperse une collection particulière européenne réunissant une quarantaine d’œuvres modernes et contemporaines. Rendant hommage aux avant-gardes européennes, cette collection comporte, entre autres, La Passerelle Debilly, 1903, une huile sur toile de Paul Signac (estimation 4 à 6 M€). Le même jour est organisée la vente « Avant-Garde(s) including Thinking Italian », dans laquelle figure California (IKB 71), d’Yves Klein, un monumental monochrome de l’artiste encore en mains privées, jamais proposé aux enchères jusqu’à présent (estimation au-delà de 16 M€). Mais aussi Femme debout, d’Alberto Giacometti, une redécouverte issue d’une collection particulière parisienne où le bronze a été précieusement conservé pendant plus de cinquante ans (estimation 5 à 7 M€). Le lendemain sont orchestrées les ventes d’art moderne, avec Chagall, Renoir, Manet, Cézanne, Matisse…, et d’art contemporain (Simon Hantaï, Victor Vasarely, Georges Mathieu, Jean Dubuffet, Jean Paul Riopelle, Hans Hartung…).

Sotheby’s présente deux ventes, ses traditionnelles vacations intitulées « Modernités » et « Surrealism and its legacy » (« le surréalisme et son héritage »). Elle en attend un total de 50 millions d’euros environ (estimation basse), pour une cinquantaine de lots. La première vente renferme le Portrait de Raymond Radiguet par Amedeo Modigliani, une œuvre importante jamais apparue aux enchères et restée loin des regards dans la même collection pendant soixante-dix ans. Présenté un siècle après qu’il a été dévoilé pour la première fois au public en 1925 dans la revue L’Amour de l’art, le tableau est estimé 5,5 à 7,5 millions d’euros.

Dans son autre vente, consacrée cette fois au surréalisme, Christie’s met en avant La Magie noire (1934), de Magritte, acquis directement auprès de l’artiste en 1935 par la famille des propriétaires actuels, les Lorge-Spaak, qui furent parmi ses plus fervents soutiens. Pour cette toute première version de la célèbre série du peintre belge, Sotheby’s a fixé une estimation entre 5 et 7 millions d’euros.

Artcurial lance de son côté la seconde édition de sa vente d’art moderne et contemporain intitulée « Selected 20/21 », qui se tient le 25 octobre (28 lots, est. 6,5-9 M€). Parmi les œuvres qu’elle présente figure une Maternité sur fond bleu (1976), de Chagall (est. 460 000 à 560 000 €), un bronze à patine doré de Pierre Soulages (Bronze no 2, 1976, est. 300 000 à 500 000 €) ou encore, sur une même estimation, une tôle peinte intitulée Cock’s comb (maquette, 1961) et signée Calder.

À Drouot, si aucune vente n’est consacrée à l’art moderne et contemporain en parallèle de la foire, une toile de Picasso, Buste de femme au chapeau à fleurs (Dora Maar), peinte en 1943 et restée invisible depuis, est dévoilée le 24 octobre par la maison Lucien. Témoignage de la passion et du tourment de l’artiste sous l’Occupation, ce portrait de guerre est estimé 8 millions d’euros.