Plus de 220 millions d’euros cumulés à Paris par Christie’s, Sotheby’s, Artcurial et un Picasso à Drouot : un signal encourageant pour le marché

Alors que le climat géopolitique et économique reste incertain les ventes aux enchères qui se sont tenues durant la semaine dernière à Paris ont déjoué les pronostics. Soutenues par une forte présence internationale et une offre sélective, elles ont enregistré des adjudications vigoureuses. Ce regain d’activité fait écho à la reprise constatée la semaine précédente à Londres.
Faut-il y voir les premiers signes d’une reprise ? Après deux années de ralentissement, les ventes parisiennes de Christie’s et Sotheby’s totalisent 182,1 millions d’euros, contre 144,6 millions en 2024, soit une progression de 26 %. Un sursaut bienvenu après la parenthèse plus terne de 2023-2024, qui avait succédé à la flambée post-Covid de 2021-2022.
C’est un Picasso, Buste de femme au chapeau à fleurs, 1943, qui a donné le ton de la semaine. Mis en vente à Drouot le 24 octobre sans prix de réserve, le portrait de Dora Maar a suscité une vive bataille d’enchères avant d’être adjugé 27 millions d’euros au marteau (32 M€ avec les frais), soit la plus haute adjudication de l’année en France. Restée inédite sur le marché depuis plus de 80 ans, cette œuvre cubisante aux couleurs éclatantes appartient à la série consacrée à la compagne du peintre à la fin de leur relation. Selon plusieurs sources, l’acquéreur serait le marchand David Nahmad, présent à Paris pour Art Basel.
Avec 92,5 millions d’euros frais compris (74,1 M€ au marteau, dans la fourchette haute de son estimation) contre 82 millions l’an dernier, Christie’s Paris signe une progression moindre de 13 %, portée par la vente phare Avant-Garde including Thinking Italian (59 M€, 47,70 M€ hors frais), au-delà de son estimation haute. Sa plus haute enchère revient à Yves Klein, California (IKB 71), 1961, adjugée 18,4 millions d’euros, un record en France pour l’artiste et l’œuvre d’après-guerre la plus chère vendue cette année. Présentée pour le compte d’un collectionneur privé américain, la toile illustre « l’attractivité exceptionnelle dont jouit actuellement Paris sur la scène internationale », a souligné Paul Nyzam, directeur du département d’art contemporain. La vente Moderne(s), une collection particulière européenne (12,9 M€ frais compris) ressort sous son estimation basse, tandis que Art moderne (9,8 M€) s’est placée dans la fourchette des estimations, et Art contemporain (10,6 M€) a affiché une bonne performance.
Avec 89,6 millions d’euros au total (contre 62,6 M€ l’an passé), Sotheby’s Paris enregistre une hausse de 43 % avec seulement deux ventes au programme. Sa session phare Modernités a atteint 62,8 millions d’euros frais compris (51,8 M€ hors frais), au-delà de son estimation haute. Elle a été dominée par un record en France pour Modigliani, dont le portrait Elvire en buste s’est envolé à 27 millions d’euros (est. 5,5 à 7,5 M€), soit la plus haute adjudication jamais enregistrée par Sotheby’s Paris. Disputé entre sept enchérisseurs, le tableau n’avait pas été vu sur le marché depuis 1974. La vente Surrealism and its Legacy a totalisé 26,8 millions d’euros (21,6 M€ hors frais), proche du haut de sa fourchette d’estimation.

Les taux de vente élevés enregistrés chez Christie’s comme chez Sotheby’s, compris entre 82 et 94 % selon les vacations, traduisent un marché actif mais sélectif. Les deux maisons ont su calibrer leurs estimations, limitant le nombre d’invendus et confirmant la bonne tenue du segment supérieur. Si certains lots sont restés en deçà de leur estimation, cela relève davantage de prix de réserve ambitieux que d’un repli de la demande.
Tenue le 25 octobre, la vente Selected 20/21 d’Artcurial est venue clore la semaine parisienne. Sa seconde édition a rapporté 9,7 millions d’euros en 27 lots (un seul lot non vendu) - au-delà de son estimation haute - avec en pièce phare un ensemble de deux bronzes d’Alberto Giacometti (2,2 M€).
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Des ventes publiques parisiennes sous le signe de la reprise
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