Foire & Salon

SALON DE DESSIN CONTEMPORAIN

Drawing Now revient au Carreau du Temple

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2022 - 850 mots

PARIS

Après une annulation en 2020 suivie d’une édition 2021 en format réduit, Drawing Now Art Fair revient à son gabarit de 2019 et réunit 72 galeries dont une bonne partie de nouveaux participants.

Vue de l'édition 2019 de Drawing Now au Carreau du Temple. © Emmanuel Nguyen Ngoc
Vue de l'édition 2019 de Drawing Now au Carreau du Temple.
© Emmanuel Nguyen Ngoc

Paris. Outre un renouvellement de ses exposants pour près de la moitié d’entre eux (41 %), Drawing Now Art Fair renoue avec une dimension internationale, puisqu’un tiers des galeries sont cette année originaires de pays étrangers : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Japon, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse. On retrouve sur cette 15e édition une offre répartie entre un secteur principal et deux sous-sections, « Process » et « Insight », censées proposer un regard plus prospectif. Une exposition thématique qui n’a pas de vocation commerciale, intitulée « Hyperdrawing », complète ce dispositif consacré à la valorisation d’un médium, le dessin, dans son actualité et sa pluralité.

Le secteur général se déploie au rez-de-chaussée sous la verrière du Carreau du Temple, rassemblant une cinquantaine de galeries invitées à réserver une partie de leur stand à un seul artiste. Ces derniers sont parfois très reconnus, à l’instar de Gilles Barbier dont la remarquable versatilité est saluée par la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois (Paris), ou Jean-Luc Verna, auquel Air de Paris (Romainville) consacre un focus. D’autres noms sont apparus plus récemment : Éric Mouchet (Paris) met ainsi en avant les gouaches de Kubra Khademi. Les compositions sur papier de Claire Trotignon, nommée pour le prix Drawing Now 2022, sont à découvrir sur le stand de la Galerie 8+4 (Paris). Depuis les crayonnés au feutre d’André Robillard, icône de l’art brut, exposés par la galerie Polysémie (Marseille), jusqu’aux grands dessins minimalistes de Christiane Löhr chez Werner Klein (Cologne), en passant par l’œuvre graphique de Daniel Johnston (1961-2019) chanteur, compositeur, musicien et artiste américain célébré par la galerie Loevenbruck (Paris), le spectre de l’offre est large. Et permet de constater que le dessin se cantonne moins que jamais à l’acception étroite d’une œuvre tracée à la mine ou au fusain dans les limites intimistes de la feuille.

Au-delà du dessin

Cette édition pose ainsi explicitement la question des limites du médium. Que celui-ci se situe à la frontière de la pratique picturale, comme avec la série des « Terribles jardins », acrylique sur papier marouflé d’Armelle de Sainte Marie, témoignant des talents de coloriste de cette artiste représentée par Jean Fournier (Paris). Ou qu’il flirte avec l’inframince, telles ces sculptures en métal de Mara Fortunatovic évoquant des rouleaux de papier entreposés dans un atelier, sur le stand d’Archiraar Gallery (Bruxelles). La dimension spatiale fait l’objet de plusieurs expérimentations, comme le montrent aussi les plis et déplis d’Aristide Bianchi, un jeune artiste procédant par décollement et arrachement, « qui engage, dans la lignée de [Simon] Hantaï et [Michel] Parmentier, la matérialité du support », explique son galeriste Bernard Jordan (Paris). Ou encore que l’artiste brouille volontairement les lignes entre les genres, comme Nicolas Dhervillers, dont la dernière série « Crossfade », chez Dilecta (Paris), mélange pastel sec et impression photographique, tout en puisant ses références dans la peinture du XIXe siècle, de Turner à Constable.

Le stand à Drawing Now de la galerie Christian Berst avec des oeuvres de Misleidys Castillo Pedroso et d'Anton Hirschfeld © Photo Clotilde Bednarek pour LeJournaldesArts.fr, 2022
Le stand à Drawing Now de la galerie Christian Berst avec des œuvres de Misleidys Castillo Pedroso et d'Anton Hirschfeld
© Photo Clotilde Bednarek pour LeJournaldesArts.fr, le 18 mai 2022

On note par ailleurs sur cette édition la récurrence de l’aquarelle, procédé qui ne se démode pas. Gérard Traquandi, convié par la galerie Catherine Issert (Saint-Paul-de Vence) à présenter sa production récente, de facture classique, revendique ainsi une inspiration en lien avec l’œuvre de Cézanne. Emma Larsson (Galerie DYS, Bruxelles) joue dans ses compositions des textures et des couleurs du pastel, du marqueur et de l’aquarelle ; Karine Rougier (Espace à vendre, Nice) travaille le lavis. Mais l’on pourrait citer aussi l’iconographie pop de Léo Dorfner (galerie Claire Gastaud, Clermont-Ferrand), les images du froid extrême exploré par Nathalie Talec (Galerie Maubert, Paris), certaines œuvres de Philippe Cognée (galerie Oniris.art, Rennes), voire les réinterprétations d’estampes de Ruth Marten (galerie Van der Grinten, Cologne). Et encore les pièces de Marie Bourget, dont la Galerie Houg (Paris) représente l’estate ; ici les couleurs diluées à l’eau sont circonscrites par un trait à l’encre de Chine.

Dimension performative, vidéo d’animation…

Au cœur du salon, l’exposition thématique « Hyperdrawing » met l’accent sur la dimension performative et/ou protocolaire du dessin. Pour cela, elle réactive notamment un dessin mural de Sol LeWitt et un Espace exposable basculé à 5° (1977) de François Morellet. En regard de ces œuvres-clefs, empruntées à la collection du Frac (Fonds régional d’art contemporain) Picardie dans le cadre d’un partenariat avec Drawing Now Art Fair, le travail prospectif de jeunes artistes quasi inconnus, comme Emmanuel Béranger qui croise pratique sportive et performance artistique, vient postuler la permanence d’un dessin réalisé in situ (mais dont les galeries font cependant peu la promotion).

C’est au niveau inférieur que le versant le plus contemporain du dessin est supposé culminer, sur les secteurs « Process » et « Insight ». Parmi les neuf exposants que réunit le premier, la toute nouvelle galerie parisienne Miyu, ouverte mi-avril, s’intéresse exclusivement à la production de vidéos d’animation contemporaine : on retrouvera notamment sur son stand les œuvres de Vergine Keaton. Quant à « Insight », qui compte trois nouvelles venues, il entend faire connaître des artistes peu exposés et par conséquent peu connus du public, dont une équipe de médiation se propose d’éclairer la curiosité.

Drawing Now Art Fair,
du 19 au 22 mai, Le Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris, www.drawingnowartfair.com

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°589 du 13 mai 2022, avec le titre suivant : Drawing Now revient au Carreau du Temple

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque