Foire & Salon

L’hyperdrawing

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 26 avril 2022 - 799 mots

PARIS

Du 19 au 22 mai 2022, le salon Drawing Now dédie un accrochage à cette catégorie du dessin qui résulte d’un protocole ou d’une performance.

Collectionner -  Pour sa quinzième édition, Drawing Now Art Fair place le concept d’hyperdrawing au cœur de sa proposition en invitant les artistes à revisiter le dessin à protocole et la performance. À partir de ce néologisme, l’exposition imaginée par Joana Neves, la directrice artistique du salon, présente, aux côtés d’œuvres d’artistes actuels, des pièces historiques, notamment de Sol LeWitt et de François Morellet, empruntées au Frac Picardie (partenaire de l’événement pour la deuxième année consécutive). Ces prêts d’œuvres majeures n’ont cependant pas occasionné de frais de transport puisqu’ils tenaient dans deux enveloppes. La propriété du Wall Drawing #28 de Sol Lewitt est en effet attestée par un certificat, accompagné d’un diagramme, d’une note manuscrite d’instructions de réalisation et d’une photographie. Ces documents sont rendus nécessaires par le fait que le dessin mural, pour se matérialiser, doit être activé, c’est-à-dire réitéré. Quant à François Morellet, il a développé dès les années 1950 un programme de systèmes à partir de figures géométriques et de matériaux divers (néons, toiles, grillages…) à décliner sur différents supports. L’exposition reprend ainsi ses Projets pour adhésifs sur mur de 2m80 x 6m20 échelle 1/20, soit deux dessins sur papier millimétré, énonçant cinq hypothèses de réalisation selon les principes du basculement, des angles parallèles et du hasard. Ces œuvres ont une valeur historique qui fait à présent tout leur prix, malgré leur caractère immatériel et la nécessité pour les faire exister de disposer d’un ensemble de moyens, y compris financiers. Les institutions sont les premiers destinataires de ces œuvres, car on peut imaginer la passion qu’il faut à un particulier pour se porter acquéreur de pièces aussi exigeantes. Que dire quand celles-ci sont le fait d’artistes émergents, comme celles, issues d’un geste athlétique effectué pendant l’exposition d’Emmanuel Béranger, ou réalisées sur place, après enquête, comme celles de Juliette Green ? « Il y a peu d’artistes qui investissent le medium de la performance ou ont recours au protocole en s’adressant à des collectionneurs », observe Frédéric Goldschmidt, fondateur du lieu d’exposition Cloud Seven, à Bruxelles. Cela rend d’autant plus intéressants ceux qui en font la démarche.

Entre 1 000 et 1 500 €

1_isabelle Ferreira -  L’artiste a réalisé pendant le confinement cette série où elle a mis en place un épuisement de la couleur, à travers l’usure des feutres qu’elle a utilisés, tout en travaillant sur la notion de déchirure. « Elle va chercher le dessin qui est derrière le dessin, en procédant par soustraction de matière, à la façon d’un sculpteur, explique le galeriste Florent Maubert. En intégrant ce geste dans sa pratique, l’artiste se situe en lisière de medium. » Jusqu’à laisser parfois le propriétaire de l’œuvre prendre part à sa création, comme avec sa série Pétales, morceaux de papiers déchirés laissés libres dans le cadre, offrant de le remuer pour en recomposer les couleurs et les volumes.


4 000 €

2_juliette Green -  L’exposition « Hyperdrawing » met en avant une œuvre de cette jeune diplômée des Beaux-Arts en 2021, emblématique de son mode opératoire. Juliette Green réalise un diagramme – inspiré par le plan du salon – dont elle remplit progressivement les cases à partir de paroles de visiteurs entendues sur place, qu’elle vient reproduire en caractères d’imprimerie noir et rouge. La Galerie Isabelle Gounod, quant à elle, présente sur son stand sa toute nouvelle série des Mondes renversés. Juliette Green expose en ce moment un ensemble de neuf dessins au Crédac, qui lui consacre sa première exposition personnelle jusqu’au 10 juillet 2022.


1 100 €

3_alice Anderson -  L’œuvre d’Alice Anderson, représentée par La Patinoire royale, à Bruxelles, conjugue la pratique performative à une expression graphique qui en est issue. Souvent accompagnée de plusieurs danseurs, tenant des objets préalablement imprégnés de couleurs ou, comme dans la série Lost Gestures, des crayons, Alice Anderson se livre à une danse dont le dessin constitue la trace. L’œuvre est ainsi le relevé d’un phénomène qui a eu lieu. Qu’il soit individuel ou collectif, le dessin matérialise, selon elle, « des croyances ». Alice Anderson est l’une des six artistes nommés pour le prix Drawing Now.


3 800 €

4_gilles Barbier -  On connaît la passion de l’artiste pour les protocoles, qu’il élabore à l’attention de ses assistants – de la typographie aux techniques de gouache… – ou qu’il met en place pour lui-même afin de guider son travail en le laissant ouvert à tous les possibles, sans en exclure aucun. Moins que le fait de faire – sa virtuosité de dessinateur est sans limite –, c’est la reproductibilité de l’œuvre qui l’intéresse. Pour la série des Winter Drawing, il expose au soleil ou à la lampe à bronzer des silhouettes habillées de caches qu’il retire ensuite (Galerie Georges-Philipe & Nathalie Vallois).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : L’hyperdrawing

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