Foire & Salon

DESSIN ANCIEN, MODERNE ET CONTEMPORAIN

Le Salon du dessin célèbre sa 30e édition

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 mai 2022 - 863 mots

PARIS

En trois décennies, ce salon spécialisé s’est bâti une réputation en or, avec une sélection d’exposants particulièrement étudiée. Il rassemble les plus grands marchands du monde entier.

Johann Heinrich Lips, Ulysse visitant les Enfers, 1785, plume, encre brune et lavis d’encre, 45 x 66 cm. © Talabardon & Gautier
Johann Heinrich Lips, Ulysse visitant les Enfers, 1785, plume, encre brune et lavis d’encre,
45 x 66 cm.
© Talabardon & Gautier

Paris. S’il a fêté ses 30 ans l’an passé, puisqu’il a été fondé en 1991 par quelques marchands parisiens, c’est cette année que le Salon du dessin organise sa 30e édition, en raison de son annulation en 2020. L’an dernier, il s’était tenu à la toute fin du mois de juin – « un peu trop tard, car certains collectionneurs étaient déjà partis en vacances », de l’avis de plusieurs professionnels du marché. Mais cette année, les organisateurs ont pu trouver un créneau en mai, du 18 au 23, toujours au palais Brongniart.

Partenariat et temps forts

Afin d’attirer un maximum de collectionneurs et amateurs férus de belles feuilles, anciennes ou modernes, et faire événement, un partenariat inédit a été conclu avec Drawing Now, le Salon du dessin contemporain qui se tient au Carreau du Temple au même moment, [lire p. 31]. « Nous avons souhaité nous associer pour que Paris soit la capitale du dessin à ce moment-là et pour montrer qu’il y a une dynamique commune », explique Louis de Bayser, président du Salon du dessin. « Pendant ce laps de temps, à Paris, il y a une offre unique au monde », renchérit Christine Phal, fondatrice et directrice de Drawing Now. Des éléments de communication et un billet d’entrée ont été prévus en commun (15 € pour le Salon du dessin, 16 € pour Drawing Now et 25 € pour les deux). Le visiteur pourra facilement se rendre d’un salon à l’autre, à seulement trois stations de métro de distance. Ces deux manifestations s’inscrivent dans le cadre de la 22e édition de la Semaine du dessin, au cours de laquelle une vingtaine d’institutions ouvrent leurs cabinets de dessins au public.

Plusieurs temps forts vont rythmer le Salon du dessin, parmi lesquels le déjeuner des conservateurs de musée, la remise du 15e Prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel & Florence Guerlain, mais aussi les XVes Rencontres internationales, un colloque intitulé « De l’art des jardins de papier, concevoir, projeter, représenter » qui avait été reporté l’an dernier.

Comme à l’accoutumée, une exposition muséale prend place au sein de la manifestation. Elle est cette année consacrée aux collections du futur « musée du Grand Siècle » de Saint-Cloud, actuellement en travaux et qui accueillera la donation du conservateur et historien Pierre Rosenberg, soit l’ensemble de sa collection. Figurent dans ce fonds 3 502 dessins, dont 40 sont mis à l’honneur durant le Salon, de Simon Vouet jusqu’à la fin du XXe siècle – des œuvres jamais exposées.

Des dessins tant anciens que modernes

Cette année, 39 marchands ont été sélectionnés (comme en 2019, avant la pandémie), dont une part importante de galeries étrangères (19). Cinq nouveaux marchands intègrent la manifestation : les français Ambroise Duchemin et Louis & Sack ainsi que trois galeries italiennes : Romano Fine Art (Florence), Apolloni Laocoon (Rome) et Enrico Frascione (Florence).

Dans ce salon intimiste, le visiteur peut cependant découvrir plus de 1 000 dessins (dont 40 % anciens, 40 % modernes et 20 % contemporains), des portraits, paysages, scènes animalières, marines…, réalisés à l’aquarelle ou au pastel en passant par le fusain, la gouache ou la plume, pour des prix variés : de 5 000 euros à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Pour les passionnés de feuilles anciennes, la Galerie de Bayser (Paris) montre un dessin de l’artiste bolonais Lorenzo Sabbatini, Priam assis sur son trône, XVIe siècle, étude préparatoire pour les fresques du palais Leoni à Bologne (autour de 80 000 €). Chez Jean-Luc Baroni & Marty de Cambiaire (Paris), c’est une Étude de crocodile entre les roseaux, sanguine de François Boucher préparatoire à La Chasse du crocodile (Musée de Picardie, Amiens). Ce tableau commandé en 1738 fait partie d’une série de peintures sur le thème de la chasse aux animaux exotiques destinée à orner la petite galerie des appartements de Louis XV. Chez Talabardon & Gautier (Paris), une plume, encre et lavis de l’artiste suisse Johann Heinrich Lips, Ulysse visitant les Enfers, 1785, est à saisir quand Ambroise Duchemin dévoile un dessin de Gustave Doré s’inspirant de sa célèbre toile L’Alsace meurtrie, présentée au Salon de 1872.

Pour les afficionados des œuvres sur papier modernes et contemporaines, la Galerie Jacques Elbaz (Paris) expose Jean-Michel Atlan, Jean-Baptiste Sécheret mais aussi Sam Szafran, dont un pastel de 1972 intitulé Imprimerie Bellini (entre 300 000 et 350 000 €). Chez Louis & Sack, une encre et acrylique sur papier de Toshimitsu Imaï, vers 1970, provenant d’une ancienne collection japonaise, est affichée entre 25 000 et 35 000 euros tandis que Pandora Old Masters Inc. (New York) a accroché Ideas for Sculpture, 1980, de Henry Moore.

La Galerie Berès (Paris) réserve ses cimaises à Victor Koulbak (né en 1946), réputé pour avoir réintroduit dans l’art contemporain l’esprit et les techniques des maîtres de la Renaissance, notamment la pointe d’argent. Prix d’un dessin en moyenne : 15 000 euros. Rosenberg & Co., venu de New York, présente quant à lui pour la première fois des œuvres d’Aude Herlédan (née à Paris en 1966), des études sur papier dont les prix sont compris entre 8 000 et 10 000 euros.

Salon du dessin,
du 18 au 23 mai, palais Brongniart, place de la Bourse, 75002 Paris, www.salondudessin.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°589 du 13 mai 2022, avec le titre suivant : Le Salon du dessin célèbre sa 30e édition

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