Décès du galeriste Claude Bernard

Figure emblématique de Saint-Germain-des-Prés, le galeriste Claude Bernard est décédé mardi dans la nuit à l’âge de 93 ans, des suites d’une longue maladie. Établi rue des Beaux-Arts depuis 1957, il a accompagné les plus grands artistes de son époque, sculpteurs ou peintres : Bacon, Rebeyrolle, Lucian Freud, Giacometti, Balthus, Giorgio Morandi, César, Zoran Mušič, Louise Nevelson ou Sam Szafran. Il était le dernier représentant du monde des galeries de l’après-guerre.

Claude Bernard était à la fois fidèle aux artistes – Sam Szafran est exposé dans sa galerie depuis près de soixante ans – et précurseur – il est le premier à avoir montré le travail d’Eugène Leroy à Paris, en 1961. S’il se consacrait surtout à la figuration des années 1960 et 1970, il mettait également en avant la jeune génération comme Ronan Barrot dont il accueille la peinture expressionniste depuis 2007. Depuis 1999, sa galerie représentait aussi de grands noms de la photographie comme Cartier-Bresson, Doisneau, Jean-Michel Fauquet et Martine Franck. 

À l'occasion de l'exposition « Francis Bacon en toutes lettres » du Centre Pompidou en 2019, l’homme qui se confiait peu, avait accepté de livrer quelques-uns de ses souvenirs, de son premier achat d'un tableau du peintre irlando-britannique à Londres – dont il fut le découvreur en France avant d’en devenir l’ami – à un dîner qui avait réuni Bacon, Lucian Freud, Andy Warhol et David Hockney. Il avait également accepté de prêter son portrait peint par Bacon lors de la rétrospective du Centre Pompidou. 

Passionné de musique, lui-même claveciniste, il organisait dans les années 1980, au sein de sa propriété de Touraine, de nombreux concerts de musique classique dans le cadre du festival de la Grange de Meslay, et conservait un orgue ancien du XVIIIe siècle qu'il avait ramené d’Espagne. Esthète et mélomane, Claude Bernard savait alterner les plaisirs, connaissait les grands restaurants et fréquentait la jet-set. 

La ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a salué dans un communiqué un homme « élégant » à l’humour espiègle, dont la disparition laisse Saint-Germain-des-Prés « orphelin de l’un de ses plus beaux représentants ».