Moderne et contemporain

Art Paris Art Fair monte d’un cran

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 8 avril 2015 - 778 mots

Le salon parisien s’améliore sensiblement. Des stands mieux conçus, un focus sur l’Asie du Sud-Est réussi
et un commerce honorable ont marqué l’édition 2105.

PARIS - Évacuons d’emblée les choses qui fâchent. Un secteur « Promesses » dévolu aux jeunes galeries qui, s’il ne braille plus à cause du trop-plein – le nombre d’artistes ayant été limité à trois sur chaque stand, les accrochages ont heureusement gagné en clarté –, demeure atone en qualité ; ceci malgré le joli accrochage de la galerie Cédric Bacqueville (Lille) exposant notamment Raphaël Denis. Un ersatz de design ni fait ni à faire – on n’ose nommer « secteur » un famélique rassemblement de cinq enseignes –, où la majeure partie de ce qui était à voir piquait franchement les yeux. Et encore quelques stands pas vraiment qualifiables, pour beaucoup présents dans une même et pénible allée, où la visite s’est apparentée à une course de saut d’obstacles… visuels.

Malgré ces choses qui fâchent donc, Art Paris Art Fair, qui du 26 au 29 mars réunissait pour sa 17e édition 144 exposants sous la verrière du Grand Palais, a franchement redressé la barre du navire. En premier lieu parce que les accrochages tape-à-l’œil ont fait place à des propositions plus réfléchies. Mais cette édition a confirmé en outre que cette foire se découvre : qui prend le temps de chercher peut y faire de très belles découvertes. Ainsi de la série de toiles « Partitions commentées » d’Isidore Isou chez Patrice Trigano (Paris), d’un remarquable tableau géométrique d’Enzo Cacciola (1973) sur le stand de Luca Tommasi (Milan), de belles pièces de Georges Noël et d’un petit fusain de Jean Fautrier chez Tristan (Issy-les-Moulineaux). Mais aussi d’un somptueux Shirley Jaffe de 1972 proposé par Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles), ou encore d’un relief de César Domela daté 1968 chez Thessa Herold (Paris).

Parmi les nombreux solo shows, notables étaient ceux de l’Atelier Van Lieshout sur le stand de Carpenters Workshop (Paris), de Sam Szafran chez Claude Bernard (Paris) ou de Jean-Pierre Pincemin, presque une petite rétrospective proposée ici par Jacques Elbaz (Paris). Pour la branchitude on repassera, mais ce n’est pas le sujet.

Le sujet ce serait plutôt, ainsi que le glissait un collectionneur, qu’« il y a des galeries qu’on est content de voir car on ne les verrait pas à la Fiac [Foire internationale d’art contemporain], et qui apportent une véritable valeur. Le niveau général est plutôt à la hausse, même s’il y a encore des faiblesses. » Un avis partagé, y compris par ce galeriste s’exclamant : « On n’a pas honte d’y être ! Je n’ai pas entendu autant de critiques que l’an dernier, ou surtout qu’il y a deux ans. »

Petits prix
Si le commerce y fut honorable, les transactions, aux dires de plusieurs marchands, se sont généralement situées dans des petits prix, et sur un marché assez mou. Ce que confirmait Catherine Issert (Saint-Paul de Vence), qui relevait : « C’est ma meilleure participation à Art Paris. J’ai beaucoup vendu, mais essentiellement des artistes jeunes comme Xavier Theunis ou Mathieu Schmitt, avec quelques pièces plus importantes de François Morellet ou de John M. Armleder qui m’ont permis d’améliorer mon chiffre d’affaires. Malgré un climat général épouvantable, on a senti que les gens avaient envie de se faire plaisir. » Les gens ? Une grande affluence parmi les collectionneurs français de toute envergure, mais aussi des étrangers qui ont semblé arpenter les allées en plus grand nombre, même si le salon possède encore une importante marge de progression dans l’attrait à exercer auprès des amateurs situés hors de l’Hexagone.

Une autre source d’intérêt fut cette année le focus globalement réussi sur Singapour et la scène du Sud-Est asiatique, confié à la curatrice française Iola Lenzi, laquelle depuis vingt-cinq ans réside dans la Cité-État. Ce focus permettait de découvrir la peinture abstraite très atmosphérique du Malaisien Tay Bak Chiang sur le stand bien conçu de iPreciation (Singapour) ou, chez Yeo Workshop (Singapour), les curieuses machines un peu folles et à la fois bien équilibrées de Zul Mahmod. D’autres, qui ne sont pas de la région, avaient parfois avec bonheur mis le cap à l’est toute. Ainsi de Primo Marella (Milan) nous entraînant sur les chemins de campagne de Birmanie avec les vidéos de Aung Ko. « Les artistes en Asie du Sud-Est sont les porte-parole de la dissidence, plus que les cinéastes ou les écrivains, car leur message est moins direct, plus oblique », relevait la commissaire.
Pour filer la métaphore sportive, un essai a été marqué cette année par Art Paris Art Fair. Il conviendra de le confirmer en 2016

art paris

Nombre de visiteurs en 2015 : 55 735

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°433 du 10 avril 2015, avec le titre suivant : Art Paris Art Fair monte d’un cran

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