Foire & Salon

Art Paris 2020 mettra le cap au sud

Par Alexia Lanta Maestrati · Le Journal des Arts

Le 30 janvier 2020 - 692 mots

PARIS

La 22e édition de la foire d’art moderne et contemporain explorera en avril prochain les scènes artistiques espagnoles et portugaises.

Paris. Après l’Amérique latine, l’Afrique et la Suisse, Art Paris proposera, du 2 au 5 avril prochain, un focus sur l’Espagne et le Portugal, avec des artistes, pour la plupart historiques, mais encore (trop peu) connus en France. « La péninsule ibérique est encore dans un passage fragile. Le gouvernement a supprimé les budgets de promotion qui, autrefois, aidaient les galeries à exposer à l’étranger. D’où cette disparition de l’Espagne et du Portugal sur la scène internationale », explique Guillaume Piens, directeur d’Art Paris depuis 2012.

Parler de dénominateur commun concernant une scène d’une telle ampleur relève du défi ; cependant, sous le commissariat de Carolina Grau, ce parcours, intitulé « Étoiles du Sud : une exploration de la péninsule ibérique », sera disséminé dans la foire – au lieu d’être sectorisé – et offrira un bel aperçu de la création. Sur le parvis du Grand Palais, le visiteur sera accueilli par l’installation monumentale Lost Future, de la Portugaise Marisa Ferreira. Directement inspirée du Corbusier, l’artiste dénonce les constructions immobilières de la ville de Porto qui tendent à dénaturer la ville. L’urbanisme est d’ailleurs une thématique que l’on retrouvera le long des allées du Grand Palais, notamment dans les œuvres de l’architecte Nadir Afonso (1920-2013) qui travailla, entre autres, avec Le Corbusier et Oscar Niemeyer.

Au total, une douzaine de galeries espagnoles et portugaises feront le déplacement. On y retrouvera des artistes historiques tels que Maria Helena Vieira da Silva ou les Barcelonais associés au surréalisme Joan Miró et Julio González, mais aussi des plasticiens plus contemporains comme Cristina Lucas, ou Darío Villalba, dont l’œuvre, récemment montré à la Biennale de Lyon, est en pleine redécouverte. Et s’ajouteront des signatures bien identifiées du marché de l’art, tels que Joana Vasconcelos à la Patinoire Royale – Galerie Valérie Bach (Bruxelles). À l’instar de cette dernière, une dizaine de galeries non espagnoles ou non portugaises répondront néanmoins à la thématique. C’est le cas de la Galerie Nathalie Obadia (Paris) avec les œuvres sur papier du Lisboète Jorge Queiroz, oscillant entre abstraction et figuration.

Longtemps critiquée pour son positionnement flou, Art Paris affirme avec ces focus géographiques sa ligne directrice de foire « à la fois régionale et cosmopolite », comme le répète son directeur. La manifestation printanière est, après la Fiac (en octobre), le deuxième temps fort pour l’art contemporain à Paris.

 

 

Une majorité de galeries françaises

Comme l’an passé, elle accueillera cent cinquante galeries, sous la verrière du Grand Palais, pour la dernière fois avant les travaux. À l’inverse de la Fiac (qui recense seulement 26 % de galeries nationales), le nombre de galeries françaises présentes à Art Paris sera élevé : cent une galeries, soit 67 %, dont quinze régionales. Si ce ratio est en hausse (57 % en 2019), la balance demeure déséquilibrée. Malgré quelques grands noms de la scène hexagonale comme Templon, Obadia ou Thomas Bernard, fidèles de l’événement et des nouveaux arrivants (Galerie Sator ou Galerie Karsten Greve), la manifestation a du mal à attirer d’autres grands marchands. Ainsi Ceysson & Bénétière, Art : Concept ou Loevenbruck pourtant présents l’an passé, ne reviennent pas.

Son taux de renouvellement de 35 % – soit 5 % de moins que l’an dernier – est plutôt élevé en comparaison avec les autres foires d’art contemporain. Il est de 17 % à la Fiac, de 4 % à Art Basel et de 24 % à Art Brussels. Pour les organisateurs, il s’agit cependant « d’oxygéner la foire et d’éviter la sensation de déjà-vu. Nous sommes sur un ratio intéressant. »

Le nombre d’expositions personnelles, offrant pourtant un confort de visite, est en baisse. Depuis 2015, Art Paris attache un soin particulier à proposer ce type de stand en accordant un tarif réduit pour les marchands qui osent les solo shows. Cette année, la foire en recense une dizaine de moins qu’en 2019, soulignant les difficultés qu’elle rencontre pour attirer soit des collectionneurs intéressés, soit des galeries en mesure d’offrir de telles propositions. S’ajoute également le contexte, « suite aux crises économiques, les galeries sont frileuses, les solo showsétant une prise de risque supplémentaire », explique Guillaume Piens.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°538 du 31 janvier 2020, avec le titre suivant : Art Paris 2020 mettra le cap au sud

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