Galerie - Photographie

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Agnès Geoffray jusqu’au vertige

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2022 - 323 mots

PARIS

L’artiste représente l’attraction du vide dans des mises en scène et des images d’archives au bord du gouffre.

Paris. Agnès Geoffray est passée maître en réactivation de récits d’images d’archives. « Les Chutes », sa toute dernière série de photos inédite, poursuit ce travail. À partir de la préface du roman Les Chutes, de l’Américaine Joyce Carol Oates sur les effets de l’hydracropsychisme (l’attraction du vide), l’artiste étudie la force d’attraction que l’abîme des chutes du Niagara peut provoquer sur un individu, au point de se jeter dans leurs eaux furieuses. À partir de mises en scène photographiées et d’archives d’origines diverses, elle construit une fiction en treize tirages à l’effet dramatique efficace. Chaque image attire irrésistiblement le visiteur par le récit, le suspens ou la vision romantique, inquiétante ou mystérieuse qu’elle génère.

Gravure anonyme d’un homme sauvant une jeune femme d’un rapide, couverture du livre de l’historien américain Paul E. Johnson sur Sam Patch qui paya de sa vie son deuxième saut dans les chutes du Niagara ou vue stéréoscopique du XIXe siècle d’un funambule au-dessus du gouffre : Agnès Geoffray joue avec l’iconographie et le pouvoir de suggestion des archives anciennes qu’elle a glanées, rephotographiées, puis agrandies sur un fond de couleur sombre. À chacune son format selon la matérialité de l’image recherchée.

Les cinq photographies dont elle est l’auteure suggèrent, quant à elles, un événement à advenir – tel ce focus sur l’œil d’un homme exprimant son inquiétude ou son angoisse – ou advenu – telle cette jeune femme en robe blanche assise au fond de l’eau. On y retrouve certains motifs récurrents, comme la main ici posée à plat avec l’index enroulé d’un fil rouge et flottant à son extrémité sans l’étiquette où, autrefois, on annotait l’identité du corps du noyé.

Le prix de ces tirages pigmentaires, édités en quatre exemplaires, varient entre 3 600 et 7 800 euros, la première édition étant réservée à l’achat du jeu complet du récit.

Les chutes. Agnès Geoffray,
jusqu’au 23 octobre, galerie Maubert, 20, rue Saint-Gilles, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Agnès Geoffray jusqu’au vertige

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