Art moderne - Sculpture

Paris-14e

Beauvoir, Sartre et Giacometti de nouveau réunis

Institut Giacometti – Jusqu’au 12 octobre

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 1 octobre 2025 - 363 mots

XXe Siècle -  C’est au printemps 1941 que Jean-Paul Sartre (1905-1980) et Simone de Beauvoir (1908-1986) rencontrent Alberto Giacometti (1901-1966) à la Brasserie Lip, à Paris. Nathalie Sorokine, l’ancienne élève et amante de Beauvoir, a organisé le rendez-vous.

« L’amitié fut immédiate. Sartre achève “L’Être et le Néant” qui donnera son armature théorique à l’existentialisme après-guerre ; Giacometti s’interroge alors sur l’échelle juste et les limites de la figuration à donner à ses sculptures minuscules de tête ou de figure ; Beauvoir écrit “L’Invitée”, son premier livre publié en 1943 », rappelle Émilie Bouvard, commissaire de cette exposition inédite et passionnante sur leur amitié intellectuelle et artistique, mais aussi pour sa réflexion sur le vertige, « état limite provoqué par une exigence intense quant à ce que l’on crée dans sa vie », comme elle le définit. État que représente Agnès Geoffray (née en 1973), artiste invitée par la Fondation Giacometti, à travers une série de photographies dont celle de Femme qui chavire, née en réaction de l’affirmation de Giacometti : « Je ne peux faire qu’une femme immobile et un homme qui marche. »

« Giacometti est sans doute le seul artiste que Sartre ait admiré », écrit Simone de Beauvoir dans La Force de l’âge. La Recherche de l’absolu, l’essai que Sartre a écrit pour l’exposition du sculpteur à la galerie Pierre Matisse, à New York en 1948, « est un texte fondateur pour la réception de l’œuvre de Giacometti après-guerre et scelle leur amitié », précise Émilie Bouvard. Du moins jusqu’à ce que l’engagement de Sartre et de Beauvoir en politique ne les sépare au début des années 1960. Beauvoir entretient toutefois avec sa femme, Annette Arm, des relations d’amitiés bien après la disparition de Giacometti. Beauvoir est d’ailleurs particulièrement évoquée dans cette exposition tant à travers des citations sur Giacometti extraites de ses mémoires et la tête qu’en fit l’artiste en 1946 que par la reconstitution de la pièce du bureau du 11 bis, rue Victor-Schoelcher, où l’écrivaine vécut à partir de 1955, à deux pas de la Fondation Giacometti, et dont la bibliothèque interroge en filigrane les raisons pour lesquelles elle n’a jamais écrit un livre sur l’art ou sur un artiste, bien que sa sœur Hélène de Beauvoir l’ait été.

« Beauvoir, Sartre, Giacometti. Vertiges de l’absolu »,
Institut Giacometti, 5, rue Victor-Schoelcher, Paris-14e, www.fondation-giacometti.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : Beauvoir, Sartre et Giacometti de nouveau réunis

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