Le Qatar serait l’acquéreur du Gauguin exposé au Kunstmuseum de Bâle

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 9 février 2015 - 571 mots

BALE (SUISSE) [09.02.15] – Le contrat de prêt des 18 œuvres de la collection Staechelin jusque-là exposées au Kunstmuseum de Bâle ne sera pas renouvelé. Une des toiles de la collection - Nafea faa ipoipo (Quand te maries-tu?) – de Gauguin aurait été cédée au Qatar pour 300 millions de dollars.

Rudolf Staechelin l’a confirmé : la toile Nafea faa ipoipo (Quand te maries-tu?) peinte par Gauguin en 1892 lors de son premier séjour à Tahiti et jusque-là exposée au Kunstmuseum de Bâle a fait l’objet d’une vente de gré à gré. Si le propriétaire suisse reconnaît avoir reçu une offre intéressante, il n’a souhaité dévoiler ni le nom de l’acquéreur, ni le montant de la transaction. Mais la somme de 300 millions de dollars a été avancée par des marchands avertis avance le New York Times et tous les regards semblent se tourner vers Doha. « Je ne le démens pas et je ne le confirme pas » a affirmé Rudolf Staechelin.

Depuis quelques années, la famille royale et les musées du Qatar (dirigés par Cheikha Al Mayassa, la sœur de l’Emir) acquièrent à tour de bras des œuvres d’art moderne et contemporain. Le Royaume disposerait d’un budget d’acquisition annuel de 1 milliard de dollars. Si l’information est exacte, ce tableau de Gauguin deviendrait le plus cher du monde, après la vente d’une toile de Cézanne (Les joueurs de carte) pour 250 millions de dollars au Qatar en 2011.

Le Kunstmuseum de Bâle perd 18 œuvres
La toile Nafea faa ipoipo de Gauguin faisait partie de la collection de la famille Staechelin, accrochée aux cimaises du musée des arts de Bâle depuis plus d’un demi-siècle. Constituée par le grand-père de Rudolf Staechelin pendant et après la Première Guerre mondiale, la collection avait été prêtée au musée après le décès de celui-ci en 1946.

Un différend entre Ruedi Staechelin et le Département chargé de la Culture est né au moment où le musée a annoncé sa fermeture pour rénovation. Le collectionneur a alors annulé le contrat existant en invoquant une clause qui prévoyait que les œuvres soient exposées au public. « Cela nous rappelle péniblement que les prêts permanents restent des prêts » a déclaré le musée. Guy Morin, le maire de Bâle a précisé que le canton avait tenté de persuader Rudolf Staechelin de prêter à nouveau sa collection lorsque le musée rouvrira ses portes en 2016. Mais le collectionneur a d’ores et déjà annoncé chercher un musée en mesure d’accueillir ses œuvres à des conditions plus avantageuses (absence de frais de prêt et promesse d’intégrer les œuvres au sein des collections permanentes).

Le musée bâlois avait déjà été privé des œuvres de la collection Staechelin entre 1997 et 2002, rappelle le quotidien suisse Le Temps. Craignant une éventuelle saisie en Suisse de certaines toiles après la signature de la convention Unidroit sur le commerce illégal des biens culturels par la Confédération, la famille les avait transférées au Texas.

Durant les derniers jours avant sa fermeture pour travaux de rénovation jusqu’en 2016, le musée de Bâle a accueilli 7 500 visiteurs venus contempler « une dernière fois » l’huile de Gauguin. L’acquéreur prendra possession de l’œuvre en janvier 2016. D’ici là il sera encore possible d’observer la toile à la fondation Beyeler, où une exposition consacrée au peintre français a été inaugurée dimanche dernier. La collection voyagera ensuite au Musée Reina Sofia à Madrid puis à la Phillips Collection à Washington.

Légende photo

Paul Gauguin, Nafea faa ipoipo (Quand te maries-tu?), 1892, huile sur toile, 101 x 77 cm - © Photo Wikimedia Commons

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque