Bataille judiciaire entre le Qatar et les Wildenstein

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 26 janvier 2015 - 437 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [26.01.15] – La famille Wildenstein a assigné en justice le Qatar pour s’être subitement rétracté de la vente du siège new-yorkais de Wildenstein & Company en 2014. Ils réclament 9 millions de dommages et intérêts.

La vente du siège social de Wildenstein & Company aux Qataris avait été conclue en janvier 2014 . La célèbre galerie, située au niveau de la 64e rue et de l’avenue Madison à New York, devait devenir le Consulat du Qatar. Mais la transaction a finalement été annulée quand les Qataris se sont rétractés quelques jours après avoir signé le contrat de 90 millions de dollars.

Les Wildenstein (ou plutôt une de leurs nombreuses branches), qui ne voient dans cette rétractation que la peur de Doha de se voir une fois de plus accusés de dépenses extravagantes, ont intenté une action en justice en août 2014. Ils réclament des dommages et intérêts pour rupture de contrat s’élevant à au moins 9 millions de dollars, soit un montant correspondant à l’acompte de 10 % du prix d’achat convenu placé en dépôt fiduciaire par les Qataris, aux honoraires d’avocats et aux frais de procédures.

Les autorités qataries ont demandé à la Cour fédérale de rejeter l’action en justice toujours pendante. Un de leurs avocats a notamment souligné dans une lettre adressée au juge en décembre dernier que le Consul général qatari Ahmed Yousef Al-Rumaihi qui a signé l’accord n’avait pas le pouvoir de conclure un tel accord. Mais lors d’une audition qui s’est tenue le 7 janvier dernier, un autre avocat a dû expliquer comment il avait pu procéder au versement de 9 millions de dollars sans avoir l’autorité nécessaire pour signer un contrat.

D’après les documents produits en justice, le Qatar s’est justifié en invoquant des allégations selon lesquelles Guy Wildenstein (président de la galerie) avait blanchi de l’argent. Or, le contrat, qui obéit au U.S. Patriot Act (2001), relatif à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, contenait une clause qui assurait que ni le vendeur, ni ses sociétés affiliées, avaient violé les dispositions de ce texte. La compagnie Wildenstein a reconnu dans sa plainte que Guy Wildenstein faisait l’objet d’une enquête en France depuis 2011 pour évasion fiscale et blanchiment d’argent dans le cadre de la succession de son père, Daniel Wildenstein, décédé en 2011. Mais elle ajoute que, si les Qataris avaient fait preuve de « diligence raisonnable », ils auraient eu connaissance des procédures en cours à l’encontre de Guy Wildenstein divulgués dans de nombreux journaux. Par ailleurs, ni Guy, ni aucun membre de la famille n’a été reconnu coupable de blanchiment d’argent en France.

Légende photo

La galerie Wildenstein de la 64e rue à New York - © Photo Jim Henderson - 2011 - Licence CC0 1.0 Universal 

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