La culture sur le site de la candidate Marine Le Pen

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Le 7 février 2012 - 642 mots

PARIS [08.02.12] - La candidate du FN met en avant la culture sur son site, une thématique vue comme essentielle pour « l’avenir de la nation ». Mais quel champ d’action recouvre-t-elle vraiment ? Si la protection du patrimoine historique ou de proximité semble être l’une des ses priorités, il n’en est pas de même pour la création contemporaine. Et chez Marine Le Pen, la culture est française ou n’est pas. PAR LÉA LOOTGIETER

« À la différence des autres candidats, Marine Le Pen ne relègue pas les affaires culturelles dans les dernières pages de son programme présidentiel » explique Paul-Marie Coûteaux, porte-parole de Marine Le Pen, dans une vidéo postée sur le site « MarineLePen2012 » créé exclusivement pour les élections. De fait, il est aisé de trouver le programme pour la culture de la candidate du FN. Son projet est divisé en cinq chapitres comportant, en tout, une trentaine de thématiques. La culture se trouve dans la section « Avenir de la nation ». Elle est elle-même divisée en deux parties : une analyse de la situation actuelle, suivie de 10 propositions concrètes.

Comme pour les autres sujets abordés sur le site (fonction publique, école, laïcité…), la culture selon Marine Le Pen est envisagée sous le prisme de la priorité nationale : priorité à la langue française renforcée par une loi protectionniste ; priorité aux spectacles vivants français grâce à la création de structures d’insertion professionnelle réservées aux nationaux ; priorité aux films et aux émissions de radios françaises avec la mise en place de quotas. Des quotas qui sont pourtant vivement critiqués par Gaël Nofri, conseiller aux Services publics de Marine Le Pen, sur le même site (voir le communiqué de presse Quotas ou république, il faudra choisir) lorsqu’il s’agit de les appliquer aux recrutements dans l’administration.

Parmi les mesures phares, on note une vaste campagne de protection et de restauration des monuments historiques dont Marine Le Pen dénonce « l’état déplorable » de conservation dû à « des décennies de copinages et de gaspillages sous prétexte de création ». Elle propose également la réalisation d’un audit sur les cessions de monuments nationaux effectuées par France Domaines ces cinq dernières années et l’arrêt immédiat de ces cessions. Le deuxième accent est mis sur le patrimoine rural, qui doit faire l’objet d’un plan d’urgence. Marine Le Pen s’est d’ailleurs rendue, le 23 novembre 2011, au Salon Expo forain, visite qui fait l’objet d’une vidéo en bonne place sur son site. Elle semble faire de la fête foraine l’un des modèles de ce patrimoine immatériel français en voie de disparition.

Si Marine Le Pen veut investir dans la protection du patrimoine, il n’en va pas de même du côté de l’aide à la création et aux institutions culturelles. La candidate à l’Élysée préconise de répartir le montant des subventions étatiques selon les recettes perçues par les établissements publics. Une manière de les inciter à devenir plus rentables. En parallèle, elle propose également de développer le mécénat privé et le marché de l’art, deux termes associés sans justification. Enfin, elle souhaite répartir davantage le budget du ministère de la Culture entre Paris et la province mais cette mesure, comme les précédentes, reste floue.

La question de l’indépendance des institutions culturelles et du service audiovisuel français est également à l’honneur. Marine Le Pen souhaite la création d’associations de public siégeant au conseil d’administration des établissements culturels, un processus de nomination des directeurs de musée plus strict et une loi interdisant à un groupe médiatique d’appartenir à une société proche de l’État. Enfin, la candidate du FN a fait de la liberté sur internet l’un des axes fort de sa campagne. Fustigeant la loi HADOPI, elle propose son abrogation immédiate ainsi que de toutes les « lois interneticides ». Elle-même a créé un réseau informel de blogs sur l’actualité de la campagne intitulé « La Toile Bleu Marine », un réseau qui doit permettre de créer « un vrai débat » mais dont l’accès est pourtant restreint !

Légende photo

Marine Le Pen lors de la présentation de son programme présidentiel le 19 novembre 2011 à Paris - © photo NdFrayssinet - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0 

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