Histoire

La MHF joue la montre

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 21 juin 2011 - 528 mots

Le projet de « Maison de l’histoire de France » avance à petit pas. Pour mieux absorber neuf autres musées ?

PARIS - Et Frédéric Mitterrand inventa… le projet culturel participatif. Pour respecter les délais annoncés en janvier lors de la mise en place du comité d’orientation scientifique de la Maison de l’histoire de France (MHF), présidé par l’historien Jean-Pierre Rioux, le ministre de la Culture a présenté le 16 juin une esquisse du projet scientifique et culturel de la future institution. Ce document d’étape, « qui offre un chemin pour une vision », est désormais publié sur Internet. Il sera soumis à la concertation pour « que chacun se prononce ». Une manière, en somme, de s’extraire des polémiques qui se sont déchaînées autour du projet depuis son annonce, en janvier 2009, par le président de la République. La première synthèse des échanges du comité, qui réunit historiens et professionnels des musées, sera donc soumise à la critique. Son contenu, très consensuel, contribuera sûrement à dépassionner le débat. D’après le document, la MHF sera un lieu ouvert à tous les publics, y compris touristique, et destiné à apporter des clefs de compréhension à l’histoire nationale, à la croisée de la recherche et de la vulgarisation. Présente à la fois par le biais d’outils numériques et d’une grande galerie du temps, « qui ne pourra pas être inférieure à 2 500 m² » – mais dont on ne sait toujours pas précisément où elle sera logée –, l’institution sera conçue sur le modèle d’une « maison de la culture pour l’histoire de France ». Une expression audacieuse lorsqu’on connaît le triste sort de ce concept inventé par Malraux.

Mais la partie la plus décisive du projet sera administrative. Et celle-ci ne sera pas participative. Car au 1er janvier 2012, un nouvel établissement public sera créé pour sa gestion. Avec quel périmètre ? Les arbitrages n’ont toujours pas été rendus concernant le sort des neuf musées nationaux enrôlés de force dans l’aventure, et désormais qualifiés de « partenaires premiers ». Pour donner du sens à la création d’un nouvel opérateur de l’État – et donc de nouveaux emplois, ce qui risque d’être peu du goût du ministère du Budget –, les promoteurs de la MHF tentent d’obtenir l’intégration de ces musées au futur établissement public. Au risque d’une perte de sens pour cette mosaïque de musées très spécifiques. Le ministre a en revanche été ferme sur l’implantation du projet. Malgré l’hostilité syndicale (une évacuation par les forces de l’ordre des jardins a été menée courant juin), ce sera bien dans le quadrilatère historique des Archives nationales. Y cohabiteront donc, à terme, un établissement public et un service à compétence nationale, conformément au statut des Archives nationales. Au risque de voir, un jour, quelque hiérarque proposer la fusion administrative des deux institutions ? La saga de la Maison de l’histoire de France est loin d’être achevée. Le projet scientifique définitif sera remis au ministre en janvier 2012, mais la première exposition de préfiguration, intitulée avec sagacité « La France, quelle histoire ! », n’est annoncée que pour la fin 2012. Entre-temps, une nouvelle séquence électorale aura peut-être rebattu les cartes. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°350 du 24 juin 2011, avec le titre suivant : La MHF joue la montre

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque