Politique

Portrait

Françoise Nyssen, une éditrice chef d'entreprise à la rue de Valois

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 24 mai 2017 - 490 mots

PARIS

La patronne d'Actes Sud prend les commandes du ministère de la Culture.

1951
Rien ne prédestinait Françoise Nyssen à devenir un jour ministre de la Culture en France. Elle naît et grandit à Bruxelles, où elle suit des études de sciences à l’Université libre de Bruxelles, avant de poursuivre par une maîtrise d’urbanisme. Elle débarque à Paris en 1978 avec ses deux enfants pour travailler à la direction de l’architecture du ministère de la Culture.

1979
Elle rejoint son père Hubert Nyssen à Arles, qui avait décidé deux ans plus tôt de diversifier les activités d’Atelier de cartographie thématique et statistique (Actes) en créant la maison d’édition, Actes Sud. Après avoir patiemment bâti un solide catalogue en littérature, Actes Sud décroche en 2004 un premier Goncourt, publie à partir de 2006 la trilogie à succès Millénium de Stieg Larsson et culmine en 2015 avec deux Goncourt et un Nobel. Dans le même temps, la maison d’édition rachète ou installe plusieurs librairies (au MuCEM, à la Villette…), des cinémas et d’autres maisons, dont les éditions Picard et les éditions de l’Imprimerie nationale. Devenu un groupe très prospère, elle emploie plus de 300 personnes, avec des bureaux à Paris, rue Séguier (à quelques mètres des locaux de L’œil dans les années 1950). Françoise Nyssen en était la directrice générale depuis 1980, puis la présidente du directoire en 1996. Hubert Nyssen est décédé en 2011 à l’âge de 86 ans.

1984
Elle crée avec son deuxième mari, Jean-Paul Capitani, l’Association culturelle du Méjan dans le lieu éponyme à Arles en bordure du Rhône. Actes Sud y avait installé ses bureaux l’année précédente. L’association organise des concerts, des lectures, et bien sûr des expositions de photo au moment des Rencontres d’Arles, dont Françoise Nyssen est un des promoteurs. Elle fait partie du bureau de l’association des Rencontres et Actes Sud publie depuis vingt ans le catalogue des Rencontres.

2012
Son fils Antoine, dyslexique et surdoué, se suicide à l’âge de 18 ans. Elle surmonte ce drame absolu  en créant avec son mari une école alternative de la maternelle au lycée dans une ancienne ferme de 120 hectares à côté d’Arles : l’École Domaine du possible. Inspiré des principes pédagogiques de Rudolf Steiner (1861-1925), dont sont issues plusieurs écoles en France, cet établissement privé accueille une centaine d’élèves. Jusqu’à l’an dernier Françoise Nyssen était membre du Haut conseil de l’éducation artistique et culturelle au titre des personnalités désignées en raison de leur compétence. Elle a été plusieurs fois distinguée par la République : Chevalier de la Légion d’honneur en 2003, Officier en  2012, Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2008.

2017
Elle est nommée le 16 mai ministre de la Culture (à ce jour la mention communication n’apparaît pas ou plus dans le libellé du ministère). Elle est l’un des rares nouveaux ministres à venir véritablement de la « société civile », provoquant un début de polémique sur de possibles conflits d’intérêts avec ses activités d’éditrice. Son mari Jean-Paul Capitani la remplace le lendemain à la présidence du directoire d’Actes Sud.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°480 du 26 mai 2017, avec le titre suivant : Françoise Nyssen, une éditrice chef d'entreprise à la rue de Valois

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