Patrimoine

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L’Italie n’en finit pas de trembler

À la suite du nouveau séisme, le bilan des dégâts sur le patrimoine s’alourdit

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2012 - 525 mots

ITALIE

ITALIE DU NORD - Le séisme du mardi 29 mai qui a touché l’Émilie-Romagne, la haute Lombardie et la Vénétie a été bien plus dévastateur que celui enregistré neuf jours plus tôt dans la région de Ferrare – à ce jour sont recensées 24 victimes.

Le 22 mai, alors que le Premier ministre, Mario Monti, visitait les centres d’accueil de Ferrare et de Modène, le ministère de la Culture, le service géologique de la Région Émilie-Romagne, et les sapeurs-pompiers de Bologne se réunissaient pour définir les modalités d’intervention sur le patrimoine. Depuis, deux centres de coordination, à Bologne et à Marzaglia (Modène), délèguent chaque jour une équipe de spécialistes. Leur mission est d’évaluer les dommages causés sur les édifices et leur habitabilité.

Soutenus par la gendarmerie, architectes, historiens de l’art, archéologues ou encore restaurateurs s’efforcent de prévenir de nouveaux effondrements. Il faut parfois se résoudre au pire. Un premier ordre de démolition a été donné le 23 mai : le campanile de la petite église de Saint-Martin (Ferrare) était irrécupérable. Seule consolation, les éléments récoltés sont entreposés dans l’éventualité d’une reconstruction. Le Palais ducal de Sassuolo (Modène) a été désigné comme centre de restauration. Les restaurateurs et les techniciens de l’Institut supérieur de restauration de Rome et de l’Opificio delle Pietre Dure de Florence y sont attendus. C’est là qu’ont été envoyés un chef-d’œuvre de Bernardino Loschi, sauvé des décombres du dôme de San Felice (Modène), et L’Assunta in cielo du Guercin (1622), menacée par le plafond de l’église del Santissimo Rosario à Cento (Ferrare).

Le bilan ville par ville
À l’heure où le risque d’un nouveau séisme n’est pas écarté, voici, ville par ville, le bilan des dégâts que l’on pouvait dresser au 1er juin. À Padoue, la chapelle des Reliques, dans la basilique Saint-Antoine, reste fermée depuis la chute de pans de murs. Les lésions déjà présentes dans deux des coupoles se sont aggravées. Les fresques inestimables de Giotto dans la chapelle des Scrovegni restent intactes. Dans le centre historique de Mantoue, le Palais ducal a été évacué. Son église s’est en partie effondrée, mais La Chambre des époux de Mantegna semble épargnée. Au palais du Te, des pans de murs se sont écroulés dans la loggia des Muses et dans le salon de Psyché. À Modène, le principe de précaution a été appliqué avec la fermeture prématurée de l’exposition « The Collector’s Choice » au palais Saint-Augustin, qui n’a, a priori, subi aucun dommage. De même, la Ghirlandina, l’emblématique tour médiévale restaurée en 2003, attend une étude approfondie avant de rouvrir au public. À Carpi, la tour des Espagnols du Castello dei Pio a beaucoup souffert, tandis que le dôme menace de céder. À Mirandola, le Dôme de l’église gothique tardif Santa Maria Maggiore est en ruine. À San Possidonio, le campanile et l’ancienne église se sont effondrés. À Ferrare, l’exposition « Sorolla. Jardins de lumière » ne rouvrira qu’après que le palais des diamants aura subi un contrôle technique. Et à Venise, le chapiteau d’une sculpture en pierre a chuté dans les jardins Papadopoli. Si une estimation juste des dégâts est encore difficile, l’état des lieux se révèle d’une extrême gravité.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°371 du 8 juin 2012, avec le titre suivant : L’Italie n’en finit pas de trembler

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