Art moderne

XIXE-XXE SIÈCLES

Une histoire du paysage au Musée de Lodève

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 16 novembre 2022 - 527 mots

LODÈVE

De Corot aux derniers impressionnistes et au-delà, un ensemble de tableaux provenant du musée de Reims retrace l’histoire d’un genre emblématique du XIXe siècle.

Lodève (Hérault). Le Musée de Lodève reçoit une partie de la collection du Musée des beaux-arts de Reims fermé pour travaux jusqu’en 2025. Ivonne Papin-Drastik, directrice du musée héraultais, y a puisé plus de soixante-dix toiles. Si le titre de l’exposition est trompeur – « En route vers l’impressionnisme » –, la commissaire remplit le but qu’elle s’était fixé de faire voir « comment la peinture de paysage devient un sujet en soi » à travers des œuvres d’artistes français ou liés à la France.

Le musée de Reims compte vingt-sept peintures de Camille Corot. Le parcours, essentiellement chronologique, commence par onze d’entre elles montrant ses liens avec l’école de Barbizon, qu’il a contribué à fonder, mais aussi son goût pour l’idéalisation du paysage qui le différencie des peintres que l’on rassemble dans cette école. Théodore Rousseau, Jean-François Millet, Jules et Victor Dupré, Constant Troyon, Narcisse Diaz de la Peña et Charles François Daubigny illustrent ici la vitalité du groupe. Le grand public peut découvrir Raymond Brascassat et Louis Cabat non loin de deux petites toiles de Gustave Courbet.

Couchers de soleil et bord de mer

De beaux nocturnes jalonnent l’exposition : Le Lac, effet de nuit de Camille Corot (vers 1869), Clair de lune aux environs de Marseille d’Henri Harpignies (1869) et, plus loin, Bateaux sur le fleuve, clair de lune de Stanislas Lépine (sans date). À Coucher de soleil en Hollande d’Auguste Anastasi (1857) répond une toile au même titre de Johan Barthold Jongkind (1868). Dans Les Moulins de Rotterdam (1870), le Néerlandais préfigure Claude Monet. De celui-ci, on voit Les Rochers de Belle-Île (1886) entouré de L’Île de Kerellec (Ouessant) d’Henry Moret (1901) et de La Tempête à Quiberon de Maxime Maufra (1904). C’est au contraire une mer calme qu’admirent la femme et la fillette de La Rade de Cardiff d’Alfred Sisley (1897).

Avant ce point d’orgue du parcours, Eugène Boudin apparaît avec quatre toiles dont Le Port de Trouville le matin (1888). Auprès de son Berck, le départ des barques (1890) est accroché le puissant Grande Marée à Villerville (1881), une peinture au couteau de Georges Bertrand. Parmi toutes ces vues de mer, deux esquisses, Barques échouées de Félix Ziem (1841) et Le Port de Dieppe d’Eugène Isabey (avant 1842), évoquent la période romantique tandis qu’une petite toile d’Auguste Renoir, Marine (sans date), qui montre une étendue de sable découverte par la marée, confine à la peinture pure.

Dans la dernière salle sont présentées deux autres évocations quasi mystiques de l’immensité, Coucher de soleil et Lever de soleil au-dessus de l’Arno de Charles-Marie Dulac (1898). Auprès d’elles se trouvent deux toiles de Denise Esteban datant des années 1970. Si leur abstraction est magnifique, le décalage temporel et stylistique déroute. Il aurait mieux valu se cantonner à montrer des œuvres précédant la Première Guerre mondiale et, outre Paul Bocquet, que l’on trouve dans cet espace, puiser chez les artistes rémois de la période : Armand Guéry, Joseph Paul Meslé, François Clovis Hécart-Gaillot ou Paul Jamot. Ils contribuent aussi à l’exceptionnelle richesse du musée de Reims.

En route vers l’impressionnisme,
jusqu’au 19 mars 2023, Musée de Lodève, square Georges-Auric, 34700 Lodève.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°598 du 4 novembre 2022, avec le titre suivant : Une histoire du paysage au Musée de Lodève

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