Art moderne

SYMBOLISME

Une collection symboliste bien particulière

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 15 juin 2018 - 523 mots

YERRES

La Propriété Caillebotte présente, quasi anonymement, une partie de la collection de la galeriste Lucile Audouy.

Fernand Khnopff, <em>Les Lèvres rouges</em>, vers 1897, collection particulière.
Fernand Khnopff, Les Lèvres rouges, vers 1897, collection particulière.
Photo Thomas Hennocque

Yerres. Lucile Audouy, qui veille aux destinées de la galerie Elstir à Paris, présente une sélection de ses chefs-d’œuvre à la Propriété Caillebotte à Yerres (Essonne). Cet ensemble voyage dans le monde et n’a pas été montré en France depuis « Les peintres de l’âme » en 2000 au Pavillon des Arts à Paris. Près de 190 peintures, sculptures, œuvres sur papier, feuilles détachées et livres y entraînent le visiteur à la découverte du symbolisme.

Après un préambule montrant des affiches de Salons de la Rose-Croix et des livres illustrés des années 1890 à 1910, l’exposition s’ouvre sur une sculpture, Mélancolie (1890) de George Minne, et une peinture, Le Printemps (1911-1913) de Romaine Brooks, donnant sa tonalité. Après une chronologie et une présentation du mouvement symboliste, de courts textes de salle introduisent les thèmes des différentes sections : « Les contes et légendes », « Les mythes et apparitions », « Les égéries symbolistes », « Le paysage idéal », « La vie silencieuse », « Charles Marie Dulac, le paysage mystique », « Le symbolisme noir et fantastique », « La descente aux enfers » et, dans l’orangerie, « Vers l’idéal ».

Dans le parcours, le rêve habite les personnages féminins de Lucien Lévy-Dhurmer, Alexandre Séon ou Alphonse Osbert, les paysages de Charles Lacoste, Charles Guilloux et Charles Marie Dulac. De ce dernier la galeriste possède une collection importante qu’elle avait en partie prêtée, il y a quelques mois, pour l’exposition « Au-delà des étoiles » au Musée d’Orsay. Les Fleurs du lac d’Edgard Maxence, tableau pour lequel le peintre obtint la médaille d’or de l’Exposition universelle de 1900, ont déjà été présentées en 2010 à Nantes et à Douai dans une exposition consacrée à l’artiste. D’autres œuvres, tels le plâtre Cantique d’amour (1896) de Victor Rousseau, deux cires d’Henry Cros et une version de la Princesse à la licorne (vers 1896) d’Armand Point, un cuivre émaillé accompagné d’un dessin sur le même thème, n’ont jamais été montrées au public.

Des cadres remarquables

Non seulement tout est de « qualité musée », selon l’expression consacrée, mais même les cadres sont souvent remarquables. Le catalogue en reproduit certains. D’autres méritent d’être regardés, comme ceux de l’Ophélie (1889-1892) d’Henri Gervex, de La Pensée (vers 1899) de Séon ou de La Muse (vers 1892) d’Edmond Aman-Jean. De simples dessins sont présentés dans des écrins magnifiques, à l’exemple de L’Ange de la Mort (1893) de Carlos Schwabe ou Les Lèvres rouges (1897) de Fernand Khnopff, une photographie rehaussée au crayon et pastel.

Il est cependant dommage que le catalogue, qui comporte des reproductions soignées, offre des notices minimales et très peu d’essais alors que le public, encore peu familiarisé avec le symbolisme, est en demande d’informations. Par ailleurs, pourquoi la collectionneuse est-elle présentée comme anonyme et mystérieuse quand celle-ci conserve son trésor non loin de Yerres et a pignon sur rue à Paris, ou quand son nom est imprimé dans les catalogues des expositions pour lesquelles elle prête des œuvres ? Les visiteurs qui le savent ont l’impression, bien involontaire, d’être dépositaires d’un secret.

La Porte des rêves. Un regard symboliste
jusqu’au 29 juillet, Ferme ornée, Propriété Caillebotte, 8, rue de Concy, 91330 Yerres.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Une collection symboliste bien particulière

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