Archéologie

EXPOLOGIE

Un nouvel Âge du bronze

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 17 juillet 2025 - 549 mots

Le Musée d’archéologie nationale présente les travaux récents de la recherche sur cette période méconnue. Le parcours reste toutefois en deçà de l’ambition scientifique.

Vue de l'exposition « Les Maitres du Feu : L’âge du Bronze en France (2300 – 800 av. J.-C.) », Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. © MAN / Baptiste Simon
Vue de l'exposition « Les Maitres du Feu : L’âge du Bronze en France (2300 – 800 av. J.-C.) », Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
© MAN / Baptiste Simon

Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Une année consacrée à l’âge du bronze, il fallait bien cette initiative de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) pour remettre au cœur du récit historique cette période encore trop méconnue par le grand public, jonction entre le Néolithique et l’âge du fer. De Nemours (Seine-et-Marne) à Moulins (Allier), les expositions consacrées à cette ère s’étendant de 2300 à 800 avant J.-C. rythment la saison de l’Inrap, mais c’est bien le Musée d’archéologie nationale (MAN) de Saint-Germain-en-Laye qui en est l’épicentre, avec « Les maîtres du feu », qui veut poser les jalons d’une nouvelle conception de l’âge de bronze.

« Le temps de conception a été long et complexe, relate Rose-Marie Mousseaux, directrice du musée. Quarante ans après la dernière exposition de synthèse sur le sujet, le moment est venu de faire rentrer les visiteurs dans un nouvel “âge du bronze”. » Portée par un commissariat scientifique à quatre têtes (Cyril Marcigny et Rebecca Peake pour l’Inrap, Rolande Simon pour le MAN et Stefan Wirth de l’Université Bourgogne-Europe), l’exposition actualise les connaissances sur la période, un savoir fortement renouvelé depuis une quinzaine d’années.

Couloirs commerciaux

Le déroulé épouse presque celui d’un parcours permanent, enchaînant quatre thématiques qui condensent l’essentiel de ce que nous savons sur les sociétés d’alors : l’innovation technologique de l’alliage bronze ; les échanges commerciaux et les contacts entre différentes régions ; l’importance du soleil et du ciel dans la conception du monde ; et l’occupation du territoire. Cette dernière partie offre une perspective assez neuve sur une vie quotidienne encore peu connue : « Il y a un filtre déformant de l’archéologie, relève Claude Mordant, président de l’Association pour la promotion des recherches sur l’âge du bronze, partenaire de l’exposition. On ne retrouve finalement que de l’exceptionnel, des objets de prestige, des dépôts. »

Dépôt de La Petite Laugère, Génelard (Saône-et-Loire), 1200-1100 avant J.-C., bronze et pierre. © Chalon-sur-Saône, Musée Vivant Denon/J. BEG.
Dépôt de La Petite Laugère, Génelard (Saône-et-Loire), 1200-1100 avant J.-C., bronze et pierre.
© Chalon-sur-Saône, Musée Vivant Denon /J. BEG.

Dès la salle d’introduction, l’objectif de renouveler le discours scientifique auprès du grand public est manifeste, avec une carte très claire présentant les grandes aires culturelles de l’âge du bronze, une chronologie superposant ces différentes aires, et la présence d’un terme : « bronzisation ». Forgé par l’archéologue danoise Helle Vandkilde il y a une dizaine d’années, ce concept décrit une ère de première mondialisation, où la nécessité de disposer d’étain et de cuivre pour obtenir du bronze trace les premiers grands couloirs commerciaux, de l’Europe au Moyen-Orient.

Les moyens alloués à cette exposition n’apparaissent en revanche pas à la hauteur de son ambition scientifique, tant la muséographie peine à valoriser les vestiges, peu loquaces, de l’âge du bronze. Car si quelques pièces captent immédiatement l’attention des visiteurs, comme l’intrigant cône en or découvert au milieu du XIXe siècle dans la Vienne, le parcours regorge d’ensembles mobiliers, de dépôts ou de vestiges de l’industrie métallurgique bien moins spectaculaires. Il est dommage que les objets en vitrine ne bénéficient pas d’un éclairage rasant et individualisé apte à les rendre éloquents.

Le parcours se poursuit à l’extérieur, avec la présentation de la réplique du bateau de Douvres, une épave retrouvée en Angleterre en 1992, et la création d’un jardin de l’âge de bronze présentant les espèces cultivées il y a 3 500 ans : deux approches expérimentales originales qui devraient séduire les visiteurs.

Les maîtres du feu. L’âge du bronze en France 2300-800 av. J.-C.,
jusqu’au 9 mars 2026, Musée d’archéologie nationale, château, place Charles-de-Gaulle, 78100 Saint-Germain-en-Laye.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°659 du 4 juillet 2025, avec le titre suivant : Un nouvel Âge du bronze

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